Tunisiens à l'étranger : quelle contribution au développement
Tous les Tunisiens, sans exception, participent aujourd’hui, avec enthousiasme, à cette œuvre de renouveau alors qu’hier, le contrôle policier, la censure et la répression avaient contraint une bonne partie de la population au silence, au laisser faire et même à l’indifférence.
L’un des apports inestimables de la Révolution du 14 janvier est d’avoir uni les Tunisiens, ceux qui vivent sur le territoire national et ceux qui vivent à l’étranger, dans leur attachement à la Tunisie et dans la volonté de servir son renouveau et son développement. C’est là que réside à mon sens un des facteurs essentiels de notre réussite dans l’affrontement des défis d’aujourd’hui et de demain.
Les Tunisiens résidant à l’étranger, qui représentent 10 % de la population tunisienne, ont été parmi les premiers à participer à la Révolution de la dignité et de la liberté. Ils ne cessent de manifester, depuis, individuellement et collectivement, leur volonté de se mobiliser en faveur du développement économique et social de la Tunisie, et l’intérêt de ce colloque international est d’avoir donné l’occasion à certains de leurs représentants et à plusieurs experts tunisiens et étrangers, d’avancer des idées nouvelles et des propositions ainsi la pertinentes.
L’émigration des Tunisiens a contribué, indéniablement, au développement du pays.
Les transferts globaux des Tunisiens à l’étranger représentent en 2010, 2904 millions de dinars selon la Banque Centrale, ce qui correspond à 4.5 % du Produit National et à 20.5% de l’épargne nationale. Ces transferts se situent à la quatrième place des ressources du pays en devises.
Selon une enquête de l’OTE, les transferts ont été affectés pour 87,8% aux dépenses courantes, et seulement 2,13% ont été investis. C’est ainsi qu’en 2010, 900 projets ont été agréés avec un volume global d’investissement de 42.2 m.d et ont permis de créer 2448 emplois.
Certes, le profil de la communauté tunisienne à l’étranger et son évolution sur les plans démographique, socio- professionnel ou même comportemental sont des facteurs qui influent directement et indirectement sur l’importance, la nature et l’impact de la contribution de cette Communauté à l’effort de développement national.
La question qui se pose est de savoir si cette contribution obéit à des règles. Et dans ce cas quelles sont- elles ? Sont-elles stables ? Irréversibles ?
Autant de questions dont la réponse nécessite d’autres investigations.
En attendant, nous pensons que l’émergence d’une classe d’investisseurs et de cadres supérieurs tunisiens à l’étranger devrait conduire normalement à renforcer leur contribution à l’épargne, à l’investissement à la recherche scientifique et au transfert de la technologie et du savoir- faire.
Les différentes manifestations organisées, tant en Tunisie qu’à l’étranger et les entretiens que j’ai pu avoir personnellement avec des personnalités de l’émigration tunisienne, augurent d’une dynamique nouvelle que nous espérons renforcer par un certain nombre de mesures qui répondent aux aspirations des Tunisiens à l’Etranger et que nous comptons affiner, très prochainement, avec leurs représentants.
Il s’agit notamment :
- De la mise en place d’un cadre institutionnel consultatif des Tunisiens à l’Etranger
- Du renforcement des structures d’assistance aux Tunisiens à l’Etranger pour l’accompagnement et le suivi de leurs projets économiques
- Du renforcement et de la mise à jour des incitations à l’épargne et à l’investissement des Tunisiens à l’Etranger
- De l’étude des mesures susceptibles de développer, à travers le système bancaire, la mobilisation de l’épargne des Tunisiens à l’Etranger. Et dans ce contexte, pourquoi pas une banque des Tunisiens à l’Etranger, à l’instar de celle créée par le Maroc il y a quelques années ?
Une autre idée à mettre en œuvre concerne la mise en place de structures et de procédures susceptibles de faciliter la contribution des Tunisiens à l’Etranger au développement local et régional. Les Tunisiens restent attachés à leurs villages, à leurs villes, à leurs régions d’origine. Pourquoi ne pas mettre ce lien affectif au service du développement régional ou local ?
Le gouvernement transitoire étudiera prochainement ces propositions ainsi que celles qui résulteront de votre colloque et des différentes assises de l’émigration tunisienne dans les pays d’accueil que nous comptons collecter dans les prochains jours.
Mais, si nous appelons à une forte implication des Tunisiens à l’étranger dans l’effort de développement économique et social de leur pays, leur contribution à l’édification d’un Etat démocratique sera aussi importante puisqu’ils seront représentés au sein de l’Assemblée Constituante et, plus tard, au Parlement.
Dans un colloque international comme le vôtre, nous ne pouvons omettre de parler des événements récents liés à l’émigration spontanée. La gestion sécuritaire de l’émigration et les quelques formules d’aide au retour et à l’installation au pays d’origine, ne sauraient remplacer la coopération en faveur d’une émigration concertée et choisie qui s’inscrit dans un cadre global de développement solidaire.
La réduction de la pression migratoire ne peut se réaliser qu’à travers une coopération renforcée entre pays d’origine et pays d’accueil. Sur ce chapitre, nous attendons beaucoup de la nouvelle politique de voisinage avec l’Europe et l’octroi à la Tunisie du Statut Avancé, pour que l’émigration, soit un facteur de rapprochement et d’enrichissement mutuel.
Au terme de mon allocution, permettez-moi de souligner encore l’intérêt que représente votre colloque, et le haut degré de compétence des spécialistes qui y participent et que je remercie pour leurs contributions. Les conclusions auxquelles vous aboutirez ne manqueront pas d’enrichir les projets de restructuration et de rénovation de notre politique migratoire de manière à les faire coïncider avec les acquis et les espoirs de la Révolution du 14 Janvier.
Mohamed Ennaceur
Ministre des Affaires Sociales
Allocution prononcée à l’ouverture du Colloque International sur « La contribution des Tunisiens Résidant à l’étranger au développement économique et social de la Tunisie post – révolutionnaire », Gammarth, 22 Juin 2011-06-21
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"Tunisiens à l’étranger : quelle contribution au développement" justement rien sauf critiquer et critiquer et encore critiquer ,déjà on remarque une baisse de transfert d argent vers la Tunisie ,
Mr.le ministre estime que les tunisiens de l étranger sont 10% de la population totale. Auront ils 10% des sièges dans le parlement futur ? L interdiction aux tunisiens ayant la double nationalité de creer des partis politiques ou de se faire élire au parlement sera t elle levée. ? Commncez s il vous plait cher Mr le ministre par reviser toutes les lois discriminatoires contre les tunisiens à l étranger et d assurer une representativité équitable dans plusieurs domaines pour ces meme tunisiens et aprés ce sera plus facile de motiver les tunisiens à l étranger à parler économie et investissements...
si seulement 1 sur 10 des Tunisien à l’étranger investi en Tunisie vous imaginez le nombre de création d'emploi ?on veut juste de la clarté et d’être accompagner dans nos démarche merci Najib
si un dixième des immigrés Tunisiens parrainent un seul projet on comptera des milliers de création d'emploie dans le pays et un bond en avant, sa rapporte plus que le tourisme peut être ???