… Et le festival passe, l'ouverture d'un Carthage pas comme les autres
Le festival de Carthage, rebaptisé les nuits de Carthage cette année, a survécu. A une révolution. A la rénovation de son théâtre mythique que s’empressera d’ordonner un ministre de la Culture outré de la dégradation de ce haut lieu de notre mémoire collective. Mieux il se sera démultiplié. En effet, lors de son ouverture qui s’est tenue le mardi 5 juillet, trois espaces l’ont accueilli, El Karaka à la Goulette, le théâtre municipal et le musée de Carthage. Le premier a célébré le génie de la jeunesse tunisienne, chef d’orchestre de la révolution du 14 janvier, avec des groupes de jeunes musiciens. Quant au deuxième, il a consacré l’ouverture de la Tunisie sur les musiques venues d’ailleurs, et notamment, la musique classique avec l’orchestre symphonique tunisien. Le troisième, un spectacle de musique dirigé par le surprenant Ridha Chmek, drôle, impertinent et talentueux chef d’orchestre tunisien, a sublimé les présents par l’originalité de sa musique sur des paroles mythiques de Mohamed Derouiche, Abou El Kacem Echebbi et Nizar Kabbani.
C’est sur l’esplanade du musée de Carthage, sur les hauteurs de la colline de Byrsa, que s’est produit Ridha Chmek, heureux comme un enfant, avec son orchestre éclectique et sa troupe de jeunes musiciens talentueux. Le décor est simple et minimaliste et les deux ministres qui feront le déplacement, celui du Tourisme et du Commerce et celui de la Culture, devront se contenter des chaises en plastique blanches que les organisateurs ne prendront même pas la peine de revêtir. Les deux ministres n’auront que le privilège de la première rangée qui leur a été réservée mais ils resteront jusqu’à la fin et poseront en photo avec un public ravi de ces ministres de la révolution.
Tout de blancs vêtus, les chanteurs se succéderont pour chanter la liberté, l’amour, le soulèvement des peuples, l’altruisme et la dictature avec, notamment, cette chanson très applaudie de Kabani « Edik » (Le coq) qui dénonce les agissements des dictateurs, interprétée par un Chmek en transe dans une mise en scène loufoque.
Le vent soufflera fort ce soir-là mais ne parviendra pas à entamer l’enthousiasme des chanteurs aux voix pures et sincères qui chanteront sur une musique singulière, qui mélange les genres et fait vibrer les âmes qu’elle invite à se libérer de ses chaînes, à l’image de cette chanson écrite par Chmek où il insiste pour dire « je ne rêve pas d’une liberté offerte ». Cette dernière n’étant que la résultante d’une suite, sans cesse renouvelée, de combats et de batailles, sublimée en cette nuit d’été en songe éternel.
ABH
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