Mohamed Salah Bel Haj Kacem
La Communauté tunisienne aux USA a tenu à lui remettre l’une de ses meilleures distinctions, le Prix Ibn Khaldoun, pour saluer la carrière exceptionnelle de ce surdoué des mathématiques, Mohamed Salah Bel Haj Kacem, l’enfant de Dar Chaâbane El Fehry, qui a dû interrompre ses études pour venir en aide à sa famille mais qui, à force de persévérance et de travail, sera la voix de la Tunisie aussi bien aux USA que dans les pays du Golfe, notamment dans le domaine de la géomatique.
Les distinctions? Mohamed Salah Bel Hadj Kacem y est habitué depuis sa tendre enfance, depuis cette école Tarak Ibn Zied à Dar Chaâbane El Fehry où il a passé ses études primaires. C’est là qu’il se fait déjà remarquer en obtenant le 1er prix de tout le gouvernorat de Nabeul, un prix qui lui a été remis par le gouverneur de l’époque, M. Kacem Bousnina, en ce début des années 1970.
Au Lycée technique de Nabeul où il poursuit ses études, Mohamed Salah sera là aussi souvent major de sa promotion. Il étonnera notamment son professeur de mathématiques, M. Ahmed Rokbani, en obtenant une moyenne de 20/20 dans sa matière et celui des sciences physiques, M. Jacques Jumeau, pour les mêmes raisons. Seulement, obligé de travailler au plus vite pour venir en aide à sa famille, le jeune homme est contraint de suivre une filière supérieure courte à l’Ecole supérieure des ingénieurs de l’équipement rural pour devenir, deux ans après l’obtention de son baccalauréat, ingénieur adjoint en génie rural.
Mohamed Salah est rapidement admis comme chef de projet du bassin Zeroud en 1983 où il est responsable d’un budget annuel de trois millions de dinars tunisiens. Une année après, il est affecté au bassin versant Merguelil, ce qui lui donne l’occasion de travailler conjointement avec des experts américains qui étaient établis, à l’époque, à Haffouz. Le jeune ingénieur est impressionné par la rigueur de la gestion technique et financière de ces experts américains et cette expérience est déterminante dans sa décision de poursuivre ses études supérieures.Il adoptera, testera et implémentera, d’ailleurs, le formulaire américain « Wishmeyer » dans le domaine de la conservation des eaux et du sol. Le succès de cette initiative est tel que toutes les personnalités, nationales ou internationales, de passage dans la région, faisaient un détour pour voir ce site pilote. Mais ces réussites ne lui montent pas à la tête et Mohamed Salah reprend le chemin de l’université en intégrant, en 1987, l’Ecole nationale des ingénieurs de Tunis (ENIT) après avoir réussi au concours d’entrée avec une note en mathématiques de 20/20.
Il accomplira son cursus d’ingénieur avec brio et poursuivra sa carrière avec l’étude technique, économique et environnementale du lac Aïn Essnoussi, connu aujourd’hui sous le nom de Montazah Ennahli. En 1992, c’est tout un programme, pour le gouvernorat de l’Ariana, de construction de 40 lacs collinaires qu’il réalise, une étude pilote, réalisée par l’ENIT, et où il utilise un modèle de conception et de réalisation international.
Ambitieux, Mohamed Salah Bel Haj Kacem s’envole, en 1992, pour le Canada afin d’y poursuivre des études de mastère en génie civil à l’Université Laval où il obtient, en 1998, son doctorat en sciences géomatiques en développant un système d’aide à la gestion des eaux de surface en Tunisie.
Un travail inédit, où le jeune chercheur tunisien développe un nouvel algorithme qui intègre des données provenant des systèmes d’information géographique pour la gestion stratégique de l’eau, et qui jouit d’une large reconnaissance dans la communauté scientifique, obtenant plusieurs prix par le CRDI, le CNRSG, le FCAR, le CRG, la Chaire industrielle canadienne au Canada et par l’AUPEF-UREF en France.
Cette expérience, le jeune chercheur la mettra au profit de son pays d’origine en développant un partenariat de transfert technologique et d’investissement entre d’un côté l’université Laval, le Québec et le Canada et, de l’autre, le secteur privé tunisien et la Tunisie, un projet dont l’investissement s’élevait à 10 millions de dollars canadiens.
En 1999, Mohamed Salah Bel Haj Kacem commence une véritable carrière internationale avec un premier poste de directeur de la géomatique à Sigma Associates aux Etats-Unis d’Amérique puis à Gannett Fleming où il sera respectivement directeur régional pour plusieurs Etats américains, puis réalisera une étude stratégique des eaux en Algérie pour le compte de la Commission européenne. Entre 2005 et 2010, Mohamed Salah sera basé dans les pays du Golfe et en 2008, il occupera les fonctions de PDG et directeur exécutif de Gannett Fleming Abu Dhabi.
Il est revenu, depuis une année maintenant, aux USA en tant qu’ingénieur général à EPA et a renoué avec le monde universitaire puisqu’il est actuellement professeur à l’Old Domuinum, à l’Université de Virginia.
Une carrière exceptionnelle pour cet ingénieur-chercheur hors pair que les membres de la Tunisian Community Center ont tenu à honorer cette année en lui décernant le Prix Ibn Khaldoun.
Une récompense bien méritée et une véritable leçon de vie pour un homme qui a su mettre à profit son intelligence et son don pour les mathématiques et la physique au service de l’avancée scientifique dans un domaine ô combien stratégique et sensible pour l’humanité durant ce 21e siècle : l’eau.
A.B.H.
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