Sida : le rêve réalisé du Pr Ridha Kammoun
Il doit se pincer pour réaliser qu’il ne rêve pas. Ce 1er décembre, la célébration de la journée mondiale de la lutte contre le Sida prend pour le Pr Mohamed Ridha Kammoun un goût très particulier. Il étrenne, enfin, le siège de l’Association Tunisienne de Lutte contre les MST et Sida (ATL MST Sida), une superbe bâtisse à El Menzah 8, construite grâce à un don américain de 500 000 dollars. Plus qu’un siège, il s’agit, en fait, de tout un centre de formation et de ressources pour le renforcement des capacités de la société civile. Entouré de membres de l’association, de bénévoles et de porteurs de VIH, il était ravi de recevoir le ministre de la Santé, le Pr Slaheddine Sellami et l’ambassadeur des Etats-Unis, M. Gordon Gray ainsi que nombre d’invités. En signe de reconaissance, les Etats-Unis lui ont décerné une plaque commémorative à cette occasion.
On est loin aujourd’hui de la fin des années 80, lorsque, avec une poignée d’amis, notamment le Pr Abdelmajid Zahaf, était créée l’association, dans l’indifférence totale de l’opinion publique, la méfiance de certains et les découragements des officiels. A la limite, on la tolérait, au ministère de la Santé Publique, sans tolérer qu’elle puisse aller loin. A la moindre déclaration à la presse ou manifestation grand public, les admonestations pleuvaient. Oser, à l’époque, montrer des préservatifs et les distribuer gratuitement, réunir des séropositifs, lancer une ligne téléphonique Info-Sida et tenir des conférences de presse relevait d’une grande prouesse.
Fortement déterminée à se battre pour la cause, l’association n’a réagi que par l’action continue, partout en Tunisie, mais aussi dans les instances internationales, contribuant ainsi activement à la création de l’ONU-Sida, d’abord comme un simple programme, puis en agence spécialisée de l’ONU. Avec beaucoup de patience et d’assiduité, il fallait faire de la pédagogie auprès des journalistes, paramédicaux et médicaux, lutter contre les idées reçues ciblant des personnes à risque et alertant contre les comportements à risque, déployer des campagnes de sensibilisation, partout, jusqu’aux casernes et centres pénitenciers, passer à un niveau supérieur en mettant en place des structures d’accueil et d’assistance, faciliter l’accès aux traitements et militer en continu pour restreindre la pandémie. Un effort de longue haleine, jamais en relâche.
Le mérite de l’association est surtout d’avoir rallié à ses rangs un grand nombre de jeunes qui se mobilisent et prennent le relais avec enthousiasme et abnégation. Un véritable modèle de l’engagement citoyen de la société civile, même si beaucoup reste à faire dans ce domaine.
- Ecrire un commentaire
- Commenter
Un grand merci au professeur Mohamed Ridha Kamoun pour son militantisme et sa persévérence durant toute une carrière. Inchallah il pourra réaliser d'autres rêves.
Bravo et bon courage car la tache maintenant devient immense avec les changements épidémiologiques attendus