News - 16.12.2011

Monde arabe, balkans, Asie mineure, l'offensive tous azimuts des Turcs

Istanbul (correspondance spéciale) 250 journalistes  venus de 22 pays arabes ont pris part à Istanbul les 30 novembre et 1er décembre au  Forum des médias turco-arabes. Le choix d'Istanbul n'est pas fortuit.Cette mégapole de 12 millions d'habitants à cheval entre deux continents, c'est le symbole du dynamisme économique de la Turquie autant que le témoin de la splendeur de la civilisation ottomane et le siège du califat pendant quatre siècles. Désormais, il ne se passe pas une semaine sans qu’une réunion arabo-turque y ait lieu très souvent dans cette ville, qu'il s'agisse d'économie, de culture, d'art ou des médias, comme si l'on essayait de rattraper le temps perdu.

Après s’être coupée de son environnement arabe  pendant près d’un siècle, la Turquie a procédé, depuis l’accession de l’AKP d’Erdogan au pouvoir, à son recentrage diplomatique en renouant avec ses anciennes colonies du Machrek. Cela s’est fait d’abord par petites touches, en renforçant les liens économiques et commerciaux avec les pays arabes, puis en se détachant d’Israël, autrefois allié stratégique. Ce processus s’est accéléré au lendemain de l’arraisonnement du bateau turc qui essayait de forcer le blocus de Ghaza. Les révolutions arabes furent pour Ankara la divine surprise. Elles ont permis à Erdogan de se poser  en protecteur des peuples arabes en révolution, en particulier les Libyens et les Syriens et comme la nature a horreur du vide, de s'emparer du leadership de la région laissé vacant par une Egypte en pleine révolution. Les griefs de part et d’autre, alimentés par les Anglais et les Français ont cédé finalement la place à une entente cordiale entre les deux parties.

On dit que les Etats n’ont pas d’amis, mais des intérêts et ceux de la Turquie aujourd’hui, c’est de se rapprocher autant des Arabes que des pays turcophones d’Asie mineure et des balkans, auxquels elle est liée par une culture, une religion ou une histoire communes, d’autant plus que l’amarrage à l’Europe qui a constitué pendant des décennies la pierre angulaire de la diplomatie turque s’est révélé problématique. Il reste que si, sur le plan officiel, il y a une volonté indéniable de rapprochement avec le monde arabe, beaucoup reste à faire sur le plan populaire. L’attitude de l’homme de la rue comme nous avons pu le constater au cours de ces deux jours était parfois empreinte de condescendance voir de mépris vis-à-vis des Arabes, même si vos interlocuteurs prennent  le soin de vous blanchir de certains travers qu’ils leur attribuent « vous les Tunisiens, vous n’êtes pas comme les autres ». Les Arabes ont aussi besoin de mieux connaître la Turquie qu'ils ont pendant longtemps considérée comme la principale responsable du déclin de leur civilisation.

Peut-être, ce forum réunissant les leaders d'opinions du monde arabe est-il destiné, au delà des questions techniques et professionnelles inscrites à l'ordre du jour à donner  aussi au monde arabe, l'image d'une Turquie proche des Arabes, attachée à son patrimoine et sa culture islamique et désireuse de renouer les liens que des décennies de kémalisme avaient distendus.

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