Le N°8 de Leaders en kiosque : transcender les clivages pour mobiliser les énergies
Leaders boucle l’année en fanfare avec un numéro 8 (déjà !) qui se situe dans la lignée des précédents à cette différence près que la partie factuelle est cette fois-ci plus fournie, actualité oblige. Leaders vous fait revivre les dernières heures de la première période de transition et les premiers pas de la seconde, vous introduit dans les dédales de Carthage et de la Kasbah, vous fait découvrir, la nouvelle équipe, les ministres, les conseillers. Des textes courts illustrés de photos inédites.
Suit la mise en perspective pour comprendre les changements intervenus avec des articles signés Mohamed Ali Halouani, Chédli Ayari et Salsabil Klibi. Troisième volet, les enquêtes : « Magistrats, les raisons du malaise », « le dilemme de la justice transitionnelle » analysé par Walid Belhadj Amor avec un portrait de la présidente du premier syndicat national des magistrats ; « les menaces sur l’eau » dévoilées par Mohamed Larbi Bouguerra ; un reportage d'Anissa Ben Hassine su Chypre à quelques semaines d'une réunion "décisive" sur l'avenir de l'ile à l'ONU et nos rubriques habituelles, success story, media, eco finance ; les hommages à trois grands disparus : l’ancien ministre, Sadok ben Jemaa, l’ancien gouverneur de la BCT, Abdelaziz Belkhodja et l’historien, Hassine Raouf Hamza ; Lu pour vous ; enfin, la chronique de Mohamed Jaoua et le billet de Hédi Béhi.
Le numéro est introduit par Taoufik Habaieb qui écrit sous le titre :
Un contrat de croissance partagée
Si le principe de la démocratie prônée par la révolution est la liberté, son ultime objectif, s’agissant de la Tunisie nouvelle, c’est la croissance. Une croissance soutenue, partagée par tous, bénéficiant à tous les secteurs, à toutes les régions. Stabilisation et sécurité en sont les préalables, équité et prospérité, les dividendes… C’est ce qu’ambitionnent les Tunisiens pour 2012.
Maintenant que le commandement issu des urnes du 23 octobre est aux manettes de l’Etat, à ses trois piliers, au Bardo, à Carthage et à la Kasbah, l’urgence pour le nouveau gouvernement conduit, au nom d’Ennahda et ses partenaires, par Hamadi Jebali est à la clarification de la vision, l’énoncé du programme d’action et l’engagement de sa mise en oeuvre. Quelle société voulons-nous pour la Tunisie ? Comment l’édifier ? Rupture totale avec le modèle de développement adopté un demi-siècle durant, transformation tendancielle ou nouvelle conception plus à même de répondre aux aspirations profondes des nouvelles générations.
Trois registres significatifs sont explorés dans ce numéro: le politique, l’économique et l’institutionnel.
• Le politique, pour comprendre les enjeux que peut représenter une constituante démocratique à l’ombre de l’islamisme. Mohamed Ali Halouani nous explique comment rompre avec cette dramatique et contradictoire condition vécue d’être à la fois musulman et moderne, être majoritaire en toute démocratie, sans se retourner contre les principes de liberté qui la fondent.
• L’économique, et c’est le Pr Chedly Ayari qui nous prévient que « les prévisionnistes tunisiens, pour la première fois, naviguent à vue ». Il analyse l’avers et l’envers de la médaille, met en garde contre « le risque de bâtir sur du sable » et montre les vrais enjeux du nouveau modèle de développement économique à forger.
• L’institutionnel, en prenant pour témoin, comme le fait Salsabil Klibi, l’organisation provisoire des pouvoirs publics, cette mini-constitution adoptée au forceps et qui nous sert désormais de légitimité. Dans cette phase transitionnelle où les pouvoirs ne sont pas encore différenciés, « le souci d’équilibre interne à la Constituante est salutaire pour un exercice modéré et contrôlé du pouvoir».
En bonne marche, certes, malgré les tiraillements internes au sein des forces politiques, les retards compréhensibles, même si l’impatience est forte, et des confusions, qui peuvent être excusables faute d’une longue expérience au pouvoir, la transition démocratique ne peut plus se permettre le moindre ralentissement ou cafouillage. La responsabilité d’Ennahda, chef de file de la coalition, sera déterminante. Tout comme celle des autres forces non majoritaires qui entendent s’inscrire dans une «opposition positive ».
Parier aujourd’hui sur l’échec du gouvernement Jebali, c’est parier sur l’effondrement du pays. Amener la majorité à oublier le comptage des urnes, « se défaire d’une vieille conception impériale, moniste et totalitaire du pouvoir», «remettre les pendules métaphysiques à l’heure de la modernité » et transcender les clivages pour mobiliser les énergies autour d’un même objectif, la croissance partagée: c’est le vrai pari, certes difficile, mais guère impossible.
Bonne & Heureuse Année 2012
Taoufik Habaieb
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