L'ambassadeur des Etats-Unis,Gordon Gray: je suis optimiste pour la Tunisie
Commencée en septembre 2009, la mission de l’ambassadeur des Etats-Unis à Tunis, Gordon Gray, lui a permis de vivre en plein le déclenchement de la révolution qui s’est soldée par la chute du régime déchu et l’amorce des premières phases de transition. Depuis sa première affectation au Maroc en tant que volontaire du Corps de la Paix, puis en tant que diplomate dans nombre de capitales (Le Caire, Islamabad, Amman, Ottawa et Bagdad), et au Département d’Etat à Washington, il a particulièrement suivi avec attention l’évolution de la situation politique dans le monde arabe. Se retrouvant au coeur de la révolution tunisienne, il était bien outillé pour l’analyser. Sa lecture qu’il a bien voulu partager avec Leaders, est intéressante :
« La révolution tunisienne est l’oeuvre du peuple qui, en la déclenchant, a inspiré le monde entier et le peuple américain, dit-il. Aujourd’hui, nous voyons tous comment cette révolution s’est propagée dans d’autres pays, l’Egypte, la Libye, la Syrie et ailleurs. Les Etats-Unis d’Amérique réaffirment leur soutien à la révolution tunisienne — le Président Barack Obama s’y implique personnellement – et y apportent l’appui requis, notamment pour le développement économique et la promotion du secteur privé ».
«Ce qui est important à relever, ajoute-t-il, c’est le progrès réalisé. La Tunisie renvoie un message clair d’un gouvernement responsable et transparent et s’achemine avec succès sur la voie de la transition démocratique. Le pays a réussi à passer par deux étapes décisives : la stabilisation et l’organisation des élections de la Constituante, le 23 octobre, puis, dès lors, la mise en place de l’Assemblée nationale constituante».
Comment entrevoit-il les perspectives d’avenir ?« Je suis optimiste, répond-il, et j’ai des raisons objectives pour l’être. D’abord, les progrès significatifs accomplis par la Tunisie depuis la révolution. Malgré les 23 ans de despotisme, la société civile fait montre d’un rôle important dans le cadre de la transition démocratique, comme l’a également accompli la Haute Instance pour la réalisation des objectifs de la révolution présidée par le Pr Ben Achour. Les Tunisiens montrent leur capacité à identifier les vrais problèmes et parvenir au consensus quant à leur solution. Maintenant, il faut se concentrer sur la situation économique. L’année 2012 sera très importante, surtout avec les effets de la crise économique internationale qui se répercute inéluctablement sur le pays et il va falloir faire face à de nombreux défis, notamment celui de l’emploi ».
« Ce que je relève, déclare-t-il, c’est qu’il y a une détermination des partis politiques à travailler ensemble, que ce soit au sein de la coalition ou de l’opposition, dans un même élan sincère pour servir le pays. Certes les nouveaux dirigeants n’ont pas une grande expérience de gouvernement, ce que personne ne peut leur reprocher, tant ils étaient exclus de toute participation, mais ils sont capables de faire preuve de leur compétence. La priorité étant de relever les défis économiques, même si nombre de facteurs, issus de la crise internationale, ne sont pas sous leur contrôle direct.»
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