Le staff du Président : Imad Daimi
A 41ans, il a purgé presque la moitié de son âge en exil. « Exactement 19 ans, 1 mois et 18 jours, précise-t-il, ce qui fait 6 989 jours, je les ai comptés un à un, tant c’était long à endurer !». Cet enfant de Médenine monté à Tunis suivre ses études universitaires à la faculté des Sciences n’avait jamais cru connaître pareille destinée. Lancé dans le militantisme étudiant, il sera arrêté en 1991, subira l’acharnement des tortionnaires et passera 5 pénibles mois de souffrances insupportables. Libéré, il s’est résolu à quitter le pays, convaincu qu’il n’échappera plus au harcèlement et à la prison et que sa place est de poursuivre le combat de l’extérieur. Grâce à des connaissances dans le Sud tunisien dont il est originaire, il parvient, un 26 novembre 1991, à se glisser en Libye, en transit, avec l’idée de pouvoir partir pour la France. Au bout de deux semaines à Tripoli, il a compris qu’il n’a aucune chance et que la seule opportunité possible était d’aller en Mauritanie et d’essayer de partir de là-bas, les conditions pouvant y être plus faciles. C’est ainsi qu’il débarque à Nouakchott et se présente à l’ambassade de France pour la demande d’un visa.
Mais son passeport devant expirer dans quatre mois, cela lui vaudra un refus de visa. Il tentera alors de renouveler ce document auprès de l’ambassade de Tunisie qui s’empresse de le lui retirer en lui proposant un laisser - passer pour retourner à Tunis. Dès lors, il a compris que les portes se sont fermées devant lui et qu’il doit changer de stratégie, se sachant désormais sous la menace d’une demande d’extradition. Imad essayera de fondre dans la société mauritanienne et se concentrera sur ses études pour rattraper le temps perdu et s’occuper, avec quelques escapades au Sénégal. Coup sur coup, il réussira deux maîtrises, la première en sciences économiques et la seconde en histoire. Etudes réussies, il se sent cependant frustré de ne pouvoir contribuer activement à partir de la Mauritanie à la dénonciation de la dictature de Ben Ali, caressant toujours le rêve de se rendre en France où il peut agir efficacement. Déterminé à y parvenir, il finira par se débrouiller pour se faire des papiers d’emprunt, obtenir passeport et visa et débarquer à Paris en 1996.
D’emblée, il s’empressa de demander l’asile politique, ce qu’il obtiendra au bout d’une année. Imad s’inscrira au DEA (Economie du développement), puis commencera ses recherches pour une thèse de doctorat avec pour sujet l’analyse économique de la corruption. Tenté davantage par l’informatique, il abandonnera l’économie pour se reconvertir dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication et deviendra spécialiste en systèmes d’information. De consultant en chef de projet, il travaillera dans des SSII jusqu’à ce qu’il parvienne à se faire recruter, en 2007, par un grand groupe international en tant qu’expert en système Oracle Applications. Mais, parallèlement à ce cursus universitaire, puis professionnel, c’est le combat politique qui l’emporte. Imad s’engagera dès son arrivée en France dans les mouvements de défense des demandeurs d’asile et au sein de l’opposition tunisienne. Il s’activera sur tous les fronts et sera parmi les cinq Tunisiens en France à fonder, autour du Dr Marzouki, le CPR, en 2001. Depuis lors, il ne l’a presque jamais quitté.
En dix ans d’action au quotidien, Imad a appris à bien le connaître, devenant son bras droit et développant avec lui une forte relation d’amitié et de confiance. Et c’est tout naturellement qu’il l’accompagne, le 18 janvier 2011, 4 jours seulement après la chute de la dictature, lors de ce retour très émouvant en Tunisie. Cette foule en liesse venue les accueillir à l’aéroport de Tunis- Carthage lui laisse un souvenir fort agréable qui le réconforte après ses 19 ans, 1 mois et 18 jours d’exil.
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