Vingt-deux ans après, Sophie Bessis et Souhayr Belhassen rééditent leur Bourguiba
Sans en avoir modifié ou ajouté une ligne, l'historienne Sophie Bessis et la journaliste et militante des droits de l'homme, Souhayr Belhassen rééditent chez Elyzard la biographie qu’elles avaient consacrée à Habib Bourguiba, il y a 22 ans sous le titre « Un si long règne 1957-1989 ». Dans la préface de cette deuxième édition, écrite en juillet dernier, Sophie Bessis explique pourquoi elles ont préféré ne pas l’actualiser : « en effet, Bourguiba a vécu onze ans encore après que notre ouvrage ait paru. Il s’est éteint un jour d’avril 2000, plus de dix ans après le terme de son règne. Nous aurions pu décrire en un ultime chapitre ces longues et ternes années d’enfermement au cours desquelles il a lentement fini de se consumer. Sans avoir de réel intérêt historique puisque l’ancien président ne jouait plus de rôle public, il eût pu être l’épilogue logique d’une biographie enfin complète, puisque allant jusqu’au décès de la personne dont on raconte la vie ».
« Plus important, la quantité d’informations sur Bourguiba a décuplé au cours des années qui ont suivi sa chute. Tout danger de représailles désormais écarté, le vieux lion devenu inoffensif, les langues et les plumes se sont déliées. Nombre de ses compagnons, de ses fidèles, de ses disciples, de ses adversaires et de ses ennemis ont écrit des ouvrages sur le personnage, sur tel épisode de sa lutte ou de sa carrière, sur la nature des relations qu’il entretenait avec lui. Plusieurs colloques ont eu lieu au cours des années 1990 et 2000, en Tunisie et à l’étranger. Aux nombreux compléments d’informations sont venues s’ajouter des analyses sur un homme d’État qui a sans nul doute marqué son pays, sa région et son siècle. La masse disponible est aujourd’hui considérable, qui va du témoignage le plus subjectif au travail distancié du politologue ou de l’historien.
C’est justement cette masse qui nous a convaincues de ne rien changer à ce que nous avions écrit, et pour deux raisons. La première est que l’utilisation d’une grande quantité de nouveaux matériaux nous eût obligées, non à compléter simplement notre ouvrage mais, de fil en aiguille, à le réécrire en partie, ce que nous n’avons pas voulu. Un personnage de cette envergure mérite assurément qu’on lui consacre d’autres biographies. Certaines sont déjà parues, d’autres viendront. Le sujet Bourguiba est loin d’être épuisé, et c’est tant mieux. La seconde raison est que notre livre restitue l’atmosphère de l’époque durant laquelle il a été écrit, qu’il s’inscrit dans un contexte et un moment d’histoire, et qu’il eût été dommage de lui ôter cette dimension. En tout cas, c’est ce que nous avons pensé».
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