Tunisiens juifs
Ceci n’est pas un jeu, dans l’histoire suivante il faut chercher l’erreur : depuis l’indépendance de la Tunisie, mais plus encore depuis que la révolution de 2011 a libéré toutes les paroles, les meilleures comme les pires, chaque acte antijuif commis par les islamistes radicaux est suivi d’un concert de mises au point de la part des responsables du pays et des principaux partis politiques : de tels comportements seraient le fait d’une minorité et les juifs, qu’ils se rassurent, sont des citoyens à part entière, jurent-ils tous la main sur le coeur.
Dont acte. Cela montre, et tant mieux, qu’en Tunisie on ne peut lancer d’appel à la haine sans provoquer de réactions. Mais, d’un autre côté, les mêmes hommes publics répètent, chaque fois que la question identitaire est évoquée, que tous les Tunisiens sont une fois pour toutes musulmans et qu’il n’y a pas lieu de revenir sur cette évidence indiscutable. Or de deux choses l’une : ou les juifs tunisiens sont des Tunisiens juifs (l’ordre des mots a ici son importance) et, dans ce cas, tous les Tunisiens ne sont pas musulmans, ou tous les Tunisiens sont musulmans et les juifs ne sont pas vraiment tunisiens. Ni d’ailleurs les chrétiens ou les bahaï, ou les bouddhistes si l’on découvre un Tunisien adepte de cette religion.
Pas «vraiment». Dans cet adverbe se situe toute l’ambiguïté du rapport que la Tunisie entretient avec ce fait minoritaire qui a, durant des millénaires et jusqu’aux années 60 du XXe siècle, été constitutif de sa société. Autochtones judaïsés par les premiers juifs venus avec les Phéniciens commercer sur les côtes de Berbérie, migrants issus des diasporas successives ayant dispersé le peuple de Judée, sépharades chassés de la très catholique Espagne à la fin du XVe siècle, ayant cherché directement refuge dans un Maghreb plus accueillant ou arrivés après un long détour par les villes italiennes de Livourne et de Pise, telles sont les strates successives qui ont composé au fil des millénaires la population juive de Tunisie.
Mais peu importe de savoir depuis combien de temps les juifs sont présents sur le sol tunisien. Un millénaire de plus ou de moins n’a pas grande importance. A cette aune, les Berbères d’origine seraient à coup sûr plus tunisiens que les Arabes, arrivés pour la plupart avec les invasions hilaliennes du XIIe siècle. Il s’agit plutôt de déterminer ce qui fait le Tunisien et s’il peut exister des hiérarchies dans la tunisianité. Si oui, sur quels critères reposeraient-elles ?
Il faut bien en convenir, la majorité des Tunisiens est intimement convaincue qu’on ne peut être totalement tunisien si l’on n’est pas musulman. Certes, on n’est pas dans ce cas tout à fait un étranger, mais on ne saurait avoir les mêmes prérogatives que la majorité. L’histoire est têtue car, sous cette conviction, c’est toute l’architecture de la dhimma - le statut des minorités du Livre - qui refait ici surface sous d’autres formes. Les Ahl El Kitab, juifs ou chrétiens, avaient jadis - sous les pouvoirs musulmans - le droit de pratiquer leur culte et d’être régis sur le plan communautaire par leurs propres lois, à condition de payer un impôt spécifique et de faire soumission à l’autorité protectrice. Quand celle-ci était éclairée, les juifs vécurent en paix et certains d’entre eux accédèrent dans l’histoire à de hautes fonctions. Mais, dans les périodes d’interrègne ou de conflits, ils servirent - comme sous d’autres cieux - de bouc émissaire aux malheurs du temps.
Le «pas tout à fait comme les autres» n’est pas seulement affaire de religion ou de coutumes. Il induit de la discrimination. On peut avancer que les notions d’égalité et de citoyenneté sont récentes et qu’avant l’époque contemporaine, l’inégalité était la règle. C’est vrai, et le statut des juifs tunisiens a changé avec la promulgation du Pacte fondamental de 1857 qui supprima le statut de dhimmi et leur accorda des droits. Durant la période coloniale, ceux qui n’acquirent pas la nationalité française ou qui n’étaient pas italiens, c’est-à-dire l’immense majorité, étaient sujets du Bey comme les musulmans, et devinrent à l’indépendance citoyens tunisiens.
Oui mais. Dans les faits, on leur fit voir de mille manières qu’ils ne l’étaient pas pleinement. De l’article 1 de la Constitution de 1959 à sa disposition obligeant le président de la République à être musulman et à l’exclusion de certaines fonctions, on institua une sorte de citoyenneté de seconde zone, aggravée par nombre d’humiliations petites et grandes dont ils furent l’objet. Malgré l’ancienneté de leur présence sur la terre tunisienne, les juifs sont, dès 1956, gommés de son histoire et de sa mémoire officielles, effacés même de la topographie, comme à Jerba où l’on changea dans les années 70 les noms séculaires des deux villages de Hara Kbira et Hara Sghira pour les rebaptiser... Soueni et Riyadh. Les juifs existent en somme sans exister. En fait, la posture majoritaire chez les hommes politiques et les intellectuels tunisiens est celle qui ne nie pas l’ancienneté de la présence juive, mais la cantonne dans une position d’extériorité par rapport à la société: celle-ci est arabo-musulmane mais a des branches héritées du passé, pas tout à fait étrangères sans être vraiment nationales. C’est ainsi que, privés d’avenir et de reconnaissance sur leur terre natale, les juifs furent poussés au départ. Et de quelque 100.000 à l’indépendance, ils ne sont plus aujourd’hui qu’un gros millier.
Certes, les causes de cet exode sont complexes, quoique l’hégémonie du nationalisme arabo-musulman en ait été la principale. Une petite partie de cette population, ayant vu dans la colonisation un agent d’émancipation et craignant une indépendance aux conséquences incertaines pour elle, serait de toute façon partie avec la France. Une autre minorité, gagnée au sionisme, migra dès les années 50 vers Israël.
L’existence même de cet Etat a en outre transformé en fracture la différence communautaire. Dès sa création, en effet, débuta l’ère de la confusion entre sionistes et juifs, ces derniers étant vus par beaucoup comme la cinquième colonne potentielle de l’ennemi.
Ainsi, le 5 juin 1967, les échoppes des commerçants juifs de Tunis furent saccagées par des manifestants... qui protestaient contre le déclenchement de la guerre des Six-Jours. Pourtant, le monde arabe n’a pas encore mesuré à quel point il a aidé Israël à se construire en se débarrassant de ses juifs. Le fantasme arabe d’une construction nationale ethniquement et - au Maghreb - religieusement homogène a répondu à l’ardent souhait de l’Etat hébreu d’accroître sa population juive, créant une convergence objective d’intérêts entre des adversaires par ailleurs irréductibles.
En ce qui concerne les juifs tunisiens, les plus pauvres partirent vers l’Orient tandis que les élites et les classes moyennes de la communauté choisirent la rive nord de la Méditerranée. L’histoire des relations entre juifs et musulmans en Tunisie se résumerait-elle donc à une longue mésentente, plus ou moins cordiale selon les époques ? Non heureusement. On ne comprendrait pas comment, sinon, la présence juive a résisté, bien que très amoindrie, à toutes les avanies. Car les juifs se sentent et se vivent comme tunisiens. L’histoire tunisienne, sa culture, sa musique, sa cuisine, sa vie politique et sociale sont tissées de cette longue intimité. Il n’y avait pas une ville, pas une bourgade du pays qui n’abritât sa communauté. Des juifs furent à bien des époques conseillers des souverains. Plus près de nous, nombre d’entre eux luttèrent pour l’indépendance de leur pays.
Les mariages «mixtes» n’étaient pas exceptionnels, malgré l’endogamie qui régit les sociétés fortement communautarisées. Contrairement à l’Algérie voisine, la nationalité tunisienne est régie par le sol et déconnectée de l’appartenance religieuse. La richesse de cette histoire explique qu’un chef d’Etat puisse se rendre dans une synagogue, comme l’a fait Moncef Marzouki le 11 avril dernier en allant à la Ghriba de Jerba, pour déclarer que la violation des droits des juifs «constitue une agression contre tous les Tunisiens». Et, aujourd’hui, ces derniers ne sont pas rares à estimer que le pays a perdu une part de lui-même en perdant cette minorité.
Dans quelques années, les juifs auront probablement disparu du paysage tunisien. La majorité les aura oubliés, car on n’a rien dit aux jeunes de leur millénaire enracinement. A la réalité du juif local s’est substitué chez la plupart d’entre eux le fantasme du sioniste international. Certes, on pourra difficilement aller à rebours de cette dérive tant que le peuple palestinien n’aura pas été restauré dans son droit à disposer de sa patrie. Mais au-delà de cette question principielle, les Tunisiens devront un jour endosser leur part de responsabilité dans la disparition d’une des plus vieilles composantes de leur société. Tout peuple, pour avoir un avenir, doit assumer tout son passé. Il y va de la solidité de la démocratie qu’ils veulent commencer de construire.
S.B.
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Enfin quelqu'un qui touche au coeur de ce problème de principe: peut-on être 100% tunisien et ne pas être musulman? A cette question, notre constitution(existante et à venir), dans son article 1, répond clairement non. Alors, à partir de là,vers quel destin notre pays va t-il ? Vers la stricte répétition de ce que fait Israël, qui discrimine ses citoyens musulmans. Alors doit-on vociférer en permanence contre "l'entité sioniste" et lui reprocher ce que l'on devrait se reprocher à soi-même? Peut être que les deux problèmes sont intimement liés.....Et pour qui connait Sophie Bessis, nul ne pourrait dire d'elle que c'est une sioniste ou une anti-nationale, elle qui cherche tant à porter haut et fort l'image de la Tunisie.
Avant un juif tunisien arabe s appelle par des prenons noms arabe tunisien:salah amar srrah...slama zitoun bou jenah....Aujourd hui ils s appellent daniel michel....ces eux qu ils veulent pas ettre des juifs arabes tunisiens comme leur ancetres ils ont choisient autre pays plus riches... par contre moi et tous les tunisiens aiment leur compatriotes juifs et S V P cesser de se considerer lese ou martyre
Jeudi dernier, je suis allé à Caen pour acheter du boeuf "cacher". J'ai préparé une "Mlou5ia" comme me l'a appris ma soeur Zakia pour mon ami Jacob, Tunisien d'origine comme moi. Cela fait très longtemps que Jacob n'a pas goûté à ce plat; il était aux anges et en a repris plusieurs fois. Sa femme, Ashkénaze, sa fille et ses trois petits enfants en ont repris aussi de cet étrange plat noir avec comme du pétrole dessus, mais délicieux, disent-ils. Jacob me regarde et me lance: c'est normal, ils ont le sang Tunisien. Au mois de juin, ma femme, Françoise, et moi sommes invités à déguster une "B9ïla" que Vivianne va nous mijoter. (Mohamed).
Merci Chère Sophie, pour ces rappels historiques malgré le vent d'intégrisme qui souffle sur la Tunisie. Je te félicite pour ta clarté d'esprit et surtout pour ton intégrité et ton honnêteté intellectuelle. Il s'agit effectivement d'un article de presse et de ce fait les analyse sont un peu "écourtées", mais je suis d'accord, à cent pour cent en accord avec ton analyse.
ennahda a pour modele la Turquie ....pays laic donc il faut supprimer de la constitution que le pays est musulmans car tous ses citoyens ne seraient pas egaux on aurait une discrimination de fait entre tunisiens.la Tunisie est multiethnique pheniciens; romains,byzantins ,vandales; arabes; turcs ; mamelouks avec un socle berbere.l 'histoire est là et puis la diversité comme dans la nature est source de richesse et la monoculture dangereuse
Les humains ont besoin d'un pacte au delà des religions.
Bonjour, permettez moi de vous poser juste une petite question. de quelle Tunisie parlons-nous d'avant les accords Seyes-Picot ou d'après. les frontières se sont imposées depuis, sinon c'est à propos de la terre d'Islam qu'on parle, ce n'est pas la territorialité (de la terre) mais désormais de la croyance majoritaire. Il faut respecter la majorité, c'est vrai que la majorité doit respecter les droits de la minorité, mais c'est à la minorité de respecter aussi la majorité (effectif, nombre, territoire etc).
les juifs sont une partie intégrante de la communauté nationale. Il faut que tous les Tunisiens sachent à quel point le sentiment patriotique tunisien est ancré chez les juifs tunisiens à l'étranger. nous sommes bien conscients que le départ des juifs tunisiens de leur pays constitue une sorte de mutilation pour la société tunisienne.
Bravo madame pour cet excellent article. Toutefois, je regrette que vous ayez occulté le rôle de l'intelligentsia (juive) française qui ne cesse de présenter le combat antisioniste comme étant l'apanage des antisémites. Cette abjecte idée reçue, pour faire simple,donne du grain à moudre aux abrutis de l'autre coté de la méditerranée qui assimilent le judaîsme au sionisme
Boudhiba Driss nous dit, pour sa part,que les "croyances minoritaires" doivent s'incliner devant les "croyances majoritaires". S'il considère ceci comme une réalité à prendre en compte, alors ça veut dire qu'il ne souhaite en fait nullement la démocratie.Or je croyais que nous avions fait la révolution pour accéder enfin à la démocratie.Qui dit démocratie dit séparation de la religion et de l'Etat.Tant que nous n'en serons pas là, et ce n'est pas demain la veille, de grâce,cessons de considérer les fruits de notre révolution comme démocratiques.
Ce texte n'a pu être écrit que par une Tunisienne vraie et qui aime son pays
@naamaMOUSSA : totalement d'accord avec vous. Les tunisiens de confession israélite se prénommaient (de prénoms arabes tunisiens) brahim, youssef, smaïl,sarrah,moussa,zacchariya,dalila,élyès,méryèm, et que sais-je encore. Ce sont, bien entendu, des prénoms "arabes" et, par surcroit, tunisiens. Yaaaaaaaltif mél jéhl (et comme qui dirait, "l'ignorance toujours s'admire",et tel semble être votre cas, car les prénoms, ci-devant, ne sont ni arabes, ni tunisiens, mais bien juifs.....D'autre part, il y a, en Tunisie, plein de "Mohamed" et qui ne sont musulmans, ayant opté pour la "libre pensée" (athées). On peut changer son nom, mais pas son prénom. Au fait, je signe "hamadi", mais je me prénomme "Mohamed", et suis plus "saducéen" que vous ne pouvez l'imaginez....wél brima !!! hamadi khammar
Les commentaires ne servent à rien, tout à fait d'accord avec Mme Bessis qui confirme qu'elle est plus tunisienne que jamais. Je ne suis pas juif, mais j'ai la rage au coeur, elle aussi probablement.Désolant que ni les parties politiques ni même la société civile n'aborde cette question. Il faut faire campagne pour que la Tunisie redevienne ce qu'elle a toujours été; c'est de cette façon que l'on combat le sionisme. J'exhorte Mme Bessis de continuer à en parler
Sophie Bessis Il me semble que l'article 1 de la constitution parle de la religion de l'Etat et non de celle du peuple. Ce dernier, dans sa majorité musulmane, est certes rassuré par cette disposition, mais en aucun cas ledit article n'occulte les minorités, surtout la minorité juive. La liberté de croyance et de culte doit rester garantie par la loi, y compris par la constitution. La dessus, la communauté juive tunisienne a une responsabilité, en ce sens qu’elle doit se faire entendre, aidée par la société civile. Comme la plupart des minorités dans le monde, les tunisiens juifs ne veulent pas se faire remarquer et craignent probablement de réclamer des droits de manière audible et publique. Qu’ils se rassurent, les salafistes ne se prendront jamais aux juifs, car Ennahdha n’a aucun intérêt à se mettre les puissances occidentales sur le dos. Je crois que des figures d’envergure parmi les juifs tunisiens devraient se faire mieux entendre sur la scène politique, si possible au-dessus de la cacophonie. Quoique le christianisme en Tunisie puisse être relié à la longue histoire du pays, personne ou presque ne se rappelle d'avoir un ami ou un camarade tunisien chrétien (tout au moins, de souche). Par contre, nous avons presque tous des camarades de classe ou des amis "tunisiens juifs", surtout les gens de la génération de l’indépendance. Je connais, parmi mes amis, au moins quatre tunisiens juifs (oui, l’ordre des mots a son importance), vivant à l'étranger depuis plusieurs décennies et qui ont gardé la nationalité tunisienne de manière exclusive, contrairement à la majorité des tunisiens musulmans. Je ressens personnellement une certaine amertume en pensant à la perspective de la réduction importante du nombre de juifs résidant en Tunisie qu'évoque Sophie Bessis dans son article (merci Sophie pour la qualité toujours perspicace de votre analyse). Il est utile de signaler que la proximité entre les communautés musulmane et juive est bien enracinée dans l’histoire et la vie sociale de la Tunisie. La Tunisie d’après la révolution devrait faire des efforts exceptionnels, à travers toutes ses institutions, pour récupérer ses juifs et les aider à faire la paix avec leur propre histoire et à clarifier la confusion identitaire qui a souvent handicapé l’intégration nationale des tunisiens juifs dans leur propre pays. Cela doit commencer par un élan spécifique que peut marquer la constituante en envoyant des signaux forts à tous les tunisiens, par exemple en interdisant la discrimination faite aux tunisiens juifs de servir dans l'armée et en nommant à certains postes importants des personnalités juives compétentes et il y en a dans tous les domaines. Je verrais bien un ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique juif ou un doyen de la faculté des sciences ou de médecine. Il existe en outre des centaines de journalistes et d'artistes tunisiens juifs à l'étranger ; pourquoi ne pas rallier certains d'entre eux à une opération de bons offices et en mettant au point un programme de promotion des investissements de ces tunisiens juifs dans leur pays natal, lequel pourrait devenir autrement plus efficace que les opérations de charme déployées à l'endroit des arabes du Golfe ?
merci pour ton article qui éclaire bien la situation des juifs tunisiens actuellement et en devenir. cela renforce l'urgence,d'une part de ne pas lâcher la bataille de la connaissance de l'histoire du peuple tunisien avec toutes ses composantes sans falsifications c'est à dire incluant toutes les minorités tunisienne et d'autre part de rester attacher à une conception citoyenne d'égalité des droits de tous les tunisiens par exemple le droit de tous et toutes d'accéder à la présidence de la république et toutes les fonctions électives. La discrimination légale doit disparaître et les autres discriminations aussi.la bataille contre les préjugés n'est pas facile mais elle nécessaire
"les Tunisiens devront un jour endosser leur part de responsabilité dans la disparition d’une des plus vieilles composantes de leur société".Je refuse catégoriquement la responsabilité du départ des juifs de Tunisie ils n'ont connu chez nous ni l'inquisition ni le nazisme certains d'entre eux sont partis et ils sont à l'heure actuelle les plus cruels envers les palestiniens d'autres sont partis en Europe et aux usa pour leurs affaires et alimentent les caisses de la soldatesques sioniste!Drôle de comparaison de SUR entre le sort réservé aux palestiniens par les colons sionistes et la position tunisienne à l'égard de ses citoyens juifs c'est honteux!Ok Sophie Bessis n'est pas sioniste mais est-il tabou de la contredire et de lui dire qu'elle est dans l'erreur totale.Madame si les juifs ne seront plus en Tunisie c'est leur choix et non une quelconque pérsécution!
Excellent article. Mais qui a occulté la principale raison pour l'exhode Israelite de Tunisie. je reléve "Certes, les causes de cet exode sont complexes, quoique l’hégémonie du nationalisme arabo-musulman en ait été la principale" Elle en fut une des causes certes mais la cause principale tient essentiellement à l'hégémonie de l'état SIONISTE en train de se construire et qui avait tout fait par l'entremise d'un Bourguiba à bouter les Tunisiens de confession ISRAELITES en dehors du territoire tunisien. Les autres raisons sont 1/ la nationalisation des terres 2/ L'Arabisation du barreau 3/ la collectivisation ou le régime des coopératives institué par Bourguiba, voila le résultat du soutient sans faille( victimes abusés sans doute)des Juifs tunisiens à la politique de Bourguiba..
Quand, nous,tunisiens musulmans ferons-nous notre examen de conscience à l'égard de nos compatriotes juifs? En reconnaissant que nous ne les avons pas assez protégés pour qu'ils ne quittent pas la terre de leurs ancêtres après les guerres israélo-arabes de 1967 et 1973... Merci Mme BESSIS, nul ne doute de votre patriotisme et de votre attachement à votre pays, la Tunisie. Il faut, malheureusement, rappeler aux tunisiens leur histoire: la religion juive est présente en Tunisie depuis le 6ème siècle avant Jésus Christ lorsque la première diaspora juive vint à Jerba, fuyant les persécutions de Nabuchodonosor II qui avait détruit le temple de Jérusalem. A ce titre la Ghriba de Jerba est un des plus anciens temples juifs du monde. Plus tard, la Tunisie fut chrétienne et juive. Lorsque la conquête musulmane toucha la Tunisie, elle trouva une reine berbère juive à la tête de l'Ifriqya La Kahéna. Comment dès lors, renier le caractère pluriel des cultes en Tunisie? Nous, tunisiens musulmans, avons certainement tous des ancêtres juifs et chrétiens; d'Abraham à une époque contemporaine... Nous sommes issus d'une population qui a connu de grands brassages dans toute la méditerranée. La religion musulmane est pleine de respect pour Ahl El Kitab mais, dans l'usage, la société musulmane n'est pas vraiment juste et sincèrement respectueuse du droit des autres à la différence... Lorsque les tunisiens juifs ont quitté leur pays au début de l'indépendance et après les guerres israélo-arabes, bradant leur patrimoine, laissant leurs amis, leurs morts, leur histoire, leur vie, c'est toute la société tunisienne qui s'est déstructurée en perdant une élite active, créative, exubérante, entreprenante et débordante de vie. Les jeunes générations d'aujourd'hui n'ont pas connu la co-existence heureuse et insouciante qui était la nôtre dans les lycées, dans la vie de tous les jours...Ils s'imaginent que les juifs sont assimilables aux sionistes, faisant une grave erreur de jugement et une injustice douloureuse à nos compatriotes juifs. Il n'est qu'à voir combien les juifs français d'origine tunisienne soutiennent leur pays d'origine et sont solidaires de la Tunisie et des tunisiens en toutes circonstances, pour mesurer la force de leur attachement et de leur fidélité à la Tunisie. Il faudra bien qu'un jour les manuels d'histoire des écoles tunisiennes rétablissent les droits de chacun et montrent à nos enfants le caractère pluriel de notre civilisation et notre attachement au respect des autres religions. Ce sentiment ne doit pas rester l'apanage des élites urbaines "occidentalisées" mais devrait se diffuser dans toute notre société selon une pédagogie de rétablissement du droit et du respect de la liberté du culte, dans l'esprit et l'idéal de la révolution tunisienne.
Si j'ai bien compris, certaines personnes confondent le religieux avec la nationnalité. Je propose que nous divisions la Terre en quatre. Un quart pour les Mulsulmans, le deuxiéme pour les juifs, le troisiéme pour les Chrétiens et pour finir, le quatriéme quart pour les Athés, dont je fais partie. On peut également afin d'alléger ces nouveaux états, d'en créer un cinquiéme ou la connerie serait le passeport. Comme disait Wahrol dans un autre dommaine, même bref la connerie peut toucher tout le monde. Mais je reconnais qu'il est plus facile de couper en quatre, qu'en cinq. Blague à part, Madame je suis d'accord avec votre analyse. Cessons de se réfugier, pour expliquer l'intolérable, dans les Religions. La tolérance doit être le premier précepte de l'Humanité. Depuis peu nous voyons en Tunisie, des barbes se dévellopper, des femmes se recouvrir totalement, et plus grave encore, la haine de l'autre qui ne pense pas comme a décidé une minorité. Les Tunisiens démocrates me disent que cette tendance, n'a rien à voir avec le pays du jasmin. Le flou cultivé volontairement par certains responsables politiques, sont les premiers fautifs de cette gangrène. A ne rien dire, à ne rien faire, c'est donner son accord à cette dérive. Je profite de cette tribune pour répondre à cette question: Peut on être scientifique, compétent et reconnu, et être croyant de l'une des trois Religions Monothéistes ? That is the question !!!!
Imaginons un individu croyant en Dieu mais sans aucune appartenance religieuse. Par ce statut, on se rendra compte que Salah peut être plus nationaliste que Samir et que Jacob aime sa patrie plus que Nabil !! Alors pourquoi associer la Tunisianité à la religion. Les artisans et commerçants juifs qui avaient quitté la Tunisie sont une énorme perte pour la culture, l’économie et la politique Tunisienne et ceux qui sont resté malgré tout sont des vrais Tunisiens attachés à leurs racines comme tout autre Tunisien refusant d’immigrer malgré les tentations du monde occidental.
Au-delà du destin des Tunisien juifs, c'est toute la notion de liberté et d'égalité qui se pose dans notre pays. Quand on commence à confondre citoyenneté et croyance, citoyenneté et ethnie, comme le fait notre constitution, c'est qu'il y a quelque chose de pourri...
C'est triste!
Chère Sophie,je viens de découvrir cet article que j'apprécie pour ces rappels historiquesqui sont fondamentaux.Né à Alexandrie,je ne suis pas juif mais j'avais des voisins juifs que j'appréciais beaucoup. Je suis sensible à ton honnêteté intellectuelle. Je suis d'accord, à cent pour cent avec ton analyse. À la suite de la Révolution du Jasmin, Ennahda, pour être fidèle à l'islam, devrait inviter les juifs tunisiens qui ont émigré en Israël, à revenir en Tunisie. Paul Balta, 10 mai 2012
S V P cesser de se considerer lese ou martyre à dit naama moussa vous etes des tunisiens a part egal avec les autres nous somme tous ou presque venue d'ailleurs messieur dame alors je vous suplie d'arreter ce mic mac nous somme tous frere du meme sol qui est a ALLAH NOTRE CREATEUR JE DEMANDE A QUELQUN DE ME REPONDRE
L'excellent article de Mme Bessis m'a beaucoup touché et ému; il me pose même un problème... car en en fait nos concitoyens juifs on les connait à travers les livres de Bessis, Medina, Zeitoun... ou quand on visite Jerba et pour la plupart des tunisiens arabes, les juifs sont nos frères tant qu'ils restent dans leur coin (comme les indiens dans leur réserve) et surtout qu'ils ne fassent pas de bruit mais nous sommes tous fiers quand Boujenah... disent à la télé française nous sommes tunisiens et nous aimons la Tunisie. J'espère que ce pays restera terre d'accueil et de tolérance. On y arrivera si on reste vigilant pour bannir tout extremisme de droite comme de gauche. Shalom
« L’exode » des tunisiens juifs depuis 1956 n’est pas du seul fait des tunisiens musulmans. Les juifs eux-mêmes ont une grande responsabilité dans ce mouvement historique vu qu’ils ont choisi en toute liberté de partir soit vers Israël (encouragés en cela par le mouvement sioniste et le Congrès juif mondial à sa tête Nahum Goldman, qui a rendu plusieurs visites à Bourguiba dans ce sens), soit vers la France ex-puissance coloniale, suite à leur option pour la francisation pendant le protectorat à tel point qu’ils ont perdu l’usage de leur langue maternelle, le judéo-arabe. La guerre des six jours de juin 1967 et son corollaire de ressentiments et d’actes anti-juifs a fait le reste. L’indépendance de la Tunisie avec l’émergence d’un nationalisme étroit très exacerbé a aussi contribué à l’exode des autres importantes communautés italienne, française, maltaise, russe etc. qui étaient plus nombreuses que les juifs. C’est un fait historique et toutes les parties prenantes en sont responsables, pas seulement les tunisiens musulmans.
En réponse à Mohammed Najib Chabbi qui réagit à mon premier commentaire, je tiens à préciser que je ne compare rien mais que je souhaite seulement que nous ne fassions pas la même chose vis a vis des Juifs(discrimination) que les Israéliens font aux Musulmans.Or le discours tendancieux sur les achats de terrains à Djerba par des Juifs, d'une Représentante Ennahdha du Peuple Souverain, tendrait à le laisser craindre.
faut-il qu'on se souvienne ....car la memoire est importante !! les juifs tunisiens ont laisse un riche et important heritage A TRAVERS la tunisie...du nord au sud et de l'est a l'ouest...pas SEULEMENT A DJERBA!....visitez tous les cimetieres juifs en tunisie...et c'est L'HISTOIRE qui vous parlera. Le peuple tunisien d'aujourdhui a la RESPONSABILITE d'eduquer ses jeunes et de leur parler du passe. La TUNISIE EST SI BELLE..LE BLANC ET BLEU...PLEIN DE POESIE...GARDER CETTE PAIX
Habib OFAKHRI D'emblée, l'auteure cherche le coupable de " l'erreur" qui doit endosser la responsabilité du statut – sur cette terre - des juifs Tunisiens ou des Tunisiens juifs. Premier leurre servant à travestir le télescopage d'une réalité ou de réalités changeantes selon les actualités et les péripéties tout aussi mouvantes . Mais qu'est qu'un juif? Aucun ethnologue ne peut se hasarder à le définir, sans tomber dans l'écueil de l'ethnicité raciale , devenue raciste en Europe , alors que celui qu'on qualifie de juif vivait , en bonne entente – bien cordiale -depuis des millénaires en Orient. "Nous étions en vérité tissée, Arabes et Juifs, dans une même trame ".( cf les témoignages d'André Chouraqui et surtout son ouvrage " la saga des juifs en afrique du nord ).Ainsi vécurent les juifs tunisiens ou les tunisiens juifs en terre Tunisienne ,des millénaires durant -avant l'intrusion du fléau du sionisme, usurpateur et nationaliste, parce qu'enfantée par des Ashkénasim ( habitants du Rhin ) qui ne comprennent rien-culturellement- à la tolérance des sépharades et des peuples d'ORIENT. Alors , de grâce ne rajouter pas l'huile au feu, en faisant l'amalgame entre musulmans et juifs au tronc génétique, religieux et historique commun! Avanies de dhimmi , dites vous. Mais à quelle avanie fait-on allusion ?Si c'est payer un impôt ,tous les sujets de tous les princes accomplissait ce devoir, en contrepartie de la sécurité de tous , aussi longtemps que tout un chacun adorait son dieu et vaquait à ses affaires quotidiennes. Evacué aussi , l'antisémitisme du cœur et de l'esprit des juifs et des arabes. De nos jours, il sert d'arme de propagande au service du sionisme international pour masquer les véritables avanies -bien réelles - subies par les palestiniens depuis la création de l'etat d'israel en 1948, voire depuis l'ère des cananéens. Donc, bien avant l'Islam et le Judaisme. Plus prés de nous l'ouvrage " l'Etat juif " de T.Herzel n'est qu'une imposture d'un homme qui se considérait autrichien "assimilé", mais offusqué par l'affaire Dreyfus, où dans une France "républicaine " et des " droits de l'homme", on criait –déjà- " mort aux juifs "! En 1890, lorsque parut son 'ouvrage, Herzel ignorait que plus de 400.000 arabes vivaient en Palestine en parfaite harmonie avec quelques 30.000 juifs. Non le sionisme n'est pas un fantasme. C'est un déni de justice et d'humanité. Aucune commune mesure avec l'avanie dhimmi. Dans le sillage, la communauté juive était alors privée de ses droits humains, les plus élémentaires en Europe occidentale et orientale. Après pogroms et massacres et expulsions d'Espagne et du Portugal, les juifs n'ont trouvé refuge qu'en terre d'Islam, une terre de frères dans l'humanité qui croient en d'un dieu unique et auquel ils reviendront...Voiçi la véritable lumière du monothéisme que le sionisme a transformé en un cauchemar ténébreux . La Tunisie, de l'indépendance et de la révolution 14/01 demeure fidèle à ses traditions d'accueil. Elle est ouverte aux valeurs civiques de la citoyenneté, sans discrimination aucune ,y compris envers ceux attachés à un communautarisme étriqué seraient prompts à vendre leur identité au premier envahisseur en contrepartie d' intérêts bassement matériels. L'erreur, leur erreur est là. Ils n'en veulent qu'à eux-mêmes. Qu'ils soient juifs en Tunisie ou de Tunisie,c'est pareil.Ce sont nos frères dans l'humanité.( bis répetita).Ils sont du passage-voyage, quand bien même les manuels d'histoire nous apprennent qu'Hébreux vient de l'Egyptien ancien "aperion " traduire, des nomades de passage (qui devient abiroun en Arabe ).Et c'est toujours actuel.! HO