Arusha – Tanzanie – De notre envoyé spécial – Surprise ici à Arusha où commencent ce lundi 28 mai les assemblées annuelles 2012 des Conseils des gouverneurs du Groupe de la Banque africaine de développement : aucun ministre tunisien n’est annoncé. La Tunisie a réduit le niveau de sa représentation au rang de secrétaire d’Etat, chargeant Alaya Bettaieb, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Investissement et de la Coopération Internationale, d’y conduire une maigre délégation. Alors que 3000 officiels de haut niveau, dont pas moins de quatre chefs d’Etat, les ministres des Finances et de l’Économie de tous les pays africains et les grands argentiers du monde se pressent ici pour sceller accords et financements, cette pâle présence tunisienne, (indépendamment des hautes qualités personnelles du chef de la délégation, Alaya Bettaieb), suscite nombre d’interrogations. La présence du Gouverneur de la Banque Centrale, Mustapha Kamel Nabli, invité spécial de la BAD, permettra sans doute d’y répondre, ne serait-ce que partiellement.
Trois grandes raisons, au moins, auraient dû en effet inciter à une participation significative:
D’abord, la Tunisie qui fait partie des neuf pays fondateurs de la BAD et abrite actuellement son siège provisoire, est pleinement engagée dans une transition post-révolutionnaire qui retient l’attention de tous. Présenter son expérience, partager ses enseignements et défendre ses nouveaux choix aurait été instructif. Mais aussi, exposer les nouvraux projets soumis aux bailleurs de fonds dont les plus importants sont présents à Arusha.
Ensuite, au moment où la notation souveraine de la Tunisie vient d’être abaissée par S&P, il aurait été indiqué de mettre à profit ce grand rassemblement du gotha financier pour fournir des explications et apporter des assurances et des apaisements.
Enfin, la grande question du retour de la BAD à Abidjan. La décision semble prendre une nouvelle accélération, sans attendre nécessairement, la fin des travaux de rénovation de l’ancien siège dans la capitale ivoirienne. D’ailleurs, le président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, fera le déplacement lui-même à Arusha, pour faire avancer la demande de plus en plus pressante de son pays de récupérer la BAD.
Sans oublier toutes les tractations de coulisses, les rencontres bilatérales avec les différentes institutions et les multiples fonds d’investissements, et les nombreux ateliers et tables rondes thématisés. C’est dire toutes les opportunités qui s’offraient à la Tunisie.
Comment expliquer la décision prise de faible représentation ? La BAD avait même adressé une invitation officielle au président de la République, Moncef Marzouki, qui avait affirmé, fin janvier lors du sommet de l’Union Africaine à Addis Abeba que « la Tunisie revient en force dans les instances africaines ». On en voit aujourd’hui l’illustration. Le ministre de l’Investissement et de la Coopération internationale, Ridha Bettaieb ne se rendra pas à Arusha, son collègue des Finances, Hassine Dimassi, aussi. Quel dommage !
