News - 29.05.2012

La BAD accélère-t-elle son départ de Tunis: que fait la Tunisie?

Arusha, Tanzanie, de notre envoyé spécial aux assises de la BAD -  Forte pression de plus en plus insistante de la Côte d’ivoire pour hâter le départ de la BAD de Tunis et son retour à son siège à Abidjan. Tout est en train de se jouer dans les coulisses du Centre international des congrès d’Arusha et surtout à l’hôtel Mount Meru, en marges des assemblées annuelles. Le président ivoirien, Alassane Ouattara fera lui-même le déplacement à Arusha pour marquer toute l’importance que son pays accorde à la question. Le président de la BAD, Donald Kabéruka y voit, en réponse à une question de Leaders, "une grande marque d'attachement au siège".
 
Les gouverneurs de la BAD ont eu lundi jusqu’à tard le soir un premier round exploratoire au cours duquel, apprend Leaders, la Côte d’Ivoire a multiplié les assurances quant aux travaux engagés et aux mesures de sécurité prises pour répondre aux exigences de la BAD. Selon des sources confirmées, elle a annoncé qu’elle allonge à cet effet pas moins de 48 millions de dollars en logements, bureaux, infrastructures, renforcement des écoles internationales et formations hospitalières et autres. Sans pour autant présenter une note officielle détaillée, ni un agenda précis.
 
Les discussions doivent reprendre ce mardi après-midi surtout pour établir une feuille de route claire, acceptable par tous. A peine débarqué à Arusha, le chef de la (bien mince) délégation tunisienne, Alaya Bettaieb, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’investissement et de la Coopération internationale, s’est engouffré dans ces réunions et contacts, réitérant d’un côté, le respect par la Tunisie du principe du retour du siège de la BAD à Abidjan et de l’autre, la nécessité d’organiser ce retour dans la concertation et la bonne préparation, en tenant compte des intérêts de toutes les parties concernées. 
 
La Tunisie se laisse-t-elle faire ?
 
Une résolution adoptée lors des assises de la BAD en juin 2011 à Lisbonne, avait stipulé que la question du retour à Abidjan ne sera plus examinée annuellement, mais tous les trois ans et qu’un préavis d’un an serait donné. En outre, 6 mois avant la réunion des instances, la Côte d’Ivoire doit déposer un dossier complet répondant à toutes les exigences. Mais, au-delà de ces considérations juridiques, c’est le politique qui l’importe. 
 
Que fait la Tunisie pour faire respecter ses intérêts, retenir le plus longtemps possible, la BAD, et aboutir aux solutions les plus appropriées de près de 300 employés locaux tunisiens (en plus d’une trentaine de professionnels jouissant d’un statut de fonctionnaire international), et autres prestataires de services ? Le gouvernement a-t-il élaboré une stratégie adéquate et établi une taskforce dédiée ? Peu d’indicateurs portent à le croire, comme si, pris par d’autres urgences, la Tunisie se laisse faire… On le sent d’ailleurs auprès de nombre de hauts dirigeants de la BAD qui ne semblent pas avoir été interpellés  par les autorités tunisiennes. Plus encore, les contacts de haut niveau semblent se réduire à quelques audiences officielles, épisodiques.
 
Kabéruka, dubitatif
 
Interrogé par Leaders sur cette feuille de route, le président de la BAD, Donald Kaberuka s’est réfugié derrière une réponse de principe. Il a commencé par saluer « la présence du président Ouattara qui montre tout l’attachement de la Côte d’Ivoire au siège de la BAD », avant de préciser que la question est actuellement à l’étude au niveau des gouverneurs. Insistant sur les principes, il a rappelé qu’Abidjan restait toujours le siège officiel de la Banque et que les travaux de réhabilitation des locaux se poursuivaient. Un petit clin d’œil significatif, cependant : « Le pays, a-t-il affirmé, fait des progrès énormes et le gouvernement étudie la feuille de route ». 
 
Répondant à une question de Leaders sur le soutien de la BAD à la Tunisie dans cette phase de transition, Kaberuka a juste rappelé que son institution avait été la première à apporter sa contribution, dès mai 2011 et continuera à le faire. Le plus important, a-t-il souligné, c’est que le nouveau gouvernement, légitimement élu, puisse établir les nouvelles priorités afin qu’on puisse alors travailler en profondeur, la BAD étant le chef de file désigné dans le cadre du Partenariat de Deauville ».
 
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1 Commentaire
Les Commentaires
CONRAD - 29-05-2012 13:06

c'est dommage, je ne reconnais plus mon pays, ni ces hauts cadres, le gouvernement Tunisien (aussi bien celui de l'ère Ben ali que ceux de la post-révolution), n'a pas su profiter de la présence de la BAD pour lui convaincre de rester à l'infini. la perte sera grandiose pour mon pays (je peux vous l'affirmer parce que je travaille à la BAD). les ivoiriens ont bien joué le jeu (envoi d'émissaires aux différentes capitales européennes et Américaines, lobying auprès des différents chefs d'états africains). le malheur das tout ca c'est l'immibilisme total des Tunisiens (gouvernement actuel n'a pas bougé d'un seul cran parce qu'il pouvait renégocier l'accord pays avec la BAD; les employés Tunisiens de la BAD peinent à constituer une association les regroupant, et pourtant il s'agit de prés de 300 personnes).

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