Deuxième démission à Carthage, Ayoub Massoudi, le communicant de Marzouki jette l'éponge

Décidément, ce vendredi aura été celui de tous les rebondissements jusqu’à tard dans la soirée, au Palais de Carthage. Après l’annonce, puis l’annulation d’une allocution télévisée du président de la République Moncef Marzouki, c’est au tour de son conseiller principal en communication, Ayoub Massoudi, 31 ans, pourtant connu par son sens de la mesure, de présenter sa démission. Juste après celle de Chawki Abid, en charge des Affaires économiques. Les bonnes raisons de rendre son tablier ne manquent pas. A-t-il été dépité par  les faux pas médiatiques ? S'est-il senti personnellement désavoué suite à l’annulation de l’intervention télévisée ? A-t-il préféré quitter les ors de la République pour reprendre sa liberté, « se retirer de la scène politique », comme il l’a mentionné, mais pour se « consacrer à d'autres formes de militantisme », sans préciser s’il le fera sur place en Tunisie ou en France où il était installé ? Pour le moment, Ayoub est aux abonnés absents.

Cet enfant de Jezza, entre El Jérissa et Tajerouine, a fait de brillantes études au Lycée pilote de l’Ariana, puis, en prépa, à Saint-Louis à Paris, avant de réussir le concours d’entrée à l’Ecole nationale des télécommunication, Télécom Bretagne, à Brest, un mastère à Nice et un doctorat à l’Université Catholique de Louvain, à Louvain-la-Neuve, en Belgique, avec comme sujet le chiffrement des données appliqué au multimédia. Depuis lors, il a dirigé une équipe de recherche & développement dans une grande entreprise à Paris avant de rejoindre Marzouki au CPR, puis à Carthage.

S’il n’avait jamais pratiqué auparavant la mise sur pied et la gestion d’un service de presse et de communication, il a rapidement appris les rudiments du métier et s’y est mis avec son sens de l’organisation et son esprit de synthèse. Mais, s’agissant de la présidence de la République, du président Marzouki et d’un contexte en pleine transition, sa mission ne pouvait être que difficile. Voire impossible.

A force d’encaisser tant de coups et d’avaler tant de couleuvres, lui a qui a sacrifié une bonne position en France maisaussi femme et enfant laissés là bas, a du céder à l’écoeurement, même s’il n’en a jamais laissé transparaître le moindre signe. Tout ce qu’il s’était autorisé à dire, c’est de célébrer son affranchissement et sa liberté retrouvée. Sous le titre de : « Je suis en fin libre », il écrit sur son blog :
 

Ma liberté, je l'exerce, je ne la demande plus.

Il est des moments dans la vie où il nous faut assumer nos responsabilités.

J'annonce ma démission de mon poste de Conseiller Principal auprès du Président de la République chargé de l'Information.

C'est en toute liberté et sans aucune contrainte ou pression que j'annonce cette démission, motivée par le respect immense que je voue à la Révolution tunisienne, aux martyrs, à l'Etat, aux tunisiens et à tous les contribuables qui payent mon salaire pour un métier que je n'exerce pas dans les faits. Pourtant, dieu sait combien j'ai essayé.

C'est sans regret pour tous les sacrifices que j'ai fait pour servir mon pays, que j'ai fait ce choix.

Le moment viendra où je parlerai, pour l'intérêt du pays, de toutes les raisons de cette démission, je ne peux dans la situation politique et sociale actuelle que respecter le devoir de réserve par amour de la patrie et par respect des institutions.

Je me retire de la vie politique pour me consacrer à d'autres formes de militantisme pour servir notre chère Tunisie. »
 

Marzouki et son staff réussiront-ils à le dissuader de sa démission et le faire revenir à Carthage ? Rien n’est impossible.