"Ya Man 'âch", témoignage du tumulte de la révolution
Le documentaire Ya man ’âch (C’était mieux demain) , est le fruit de l’œil aiguisé de la réalisatrice Hind Boujemaa, de cette remarquable synergie à laquelle invite la création.
« Rompre avec le modèle traditionnel de production, en associant les compétences et les talents, tant des réalisateurs que des producteurs, qui mettent au service des projets leur engagement, leur savoir-faire et leur matériel ». Telle est la devise des coproducteurs Dora Bouchoucha (Nomadis Images) et Habib Attia (CINETELEFILM). Cette impulsion constitue une expression forte de la volonté de créer un ensemble de documentaires cinématographiques, dédié à un formidable élan d’une jeunesse tunisienne post-révolutionnaire enthousiaste et éprise de liberté.
Forte de cette initiative, Hind Boujemaa crée l’événement et réalise Ya man ’âch (C’était mieux demain), son premier documentaire, en sélection officielle hors compétition, à la 69ème édition du prestigieux rendez-vous international du cinéma, la Mostra de Venise, qui se poursuivra jusqu'au 8 septembre. Le documentaire sera également présenté en compétition au Festival international du film de Dubaï qui aura lieu du 9 au 16 décembre prochain, dans la sélection des films en lice pour le prix arabe Muhr du documentaire.
Aux lendemains du 14 janvier 2011, dans le tumulte d’une révolution et l’euphorie du moment, Hind Boujemaa fut attirée par une parole. Puis un regard. Celui d’Aïda, un bout de femme au caractère bien trempé.
La réalisatrice décide de la suivre, faisant ainsi découvrir le parcours atypique et fascinant de ce personnage. «Sa vie patauge d’un quartier défavorisé à l’autre. La révolution est là. Mue d’une volonté de s’en sortir, de trouver un toit dans Tunis pour elle et ses enfants, elle fait fi des évènements historiques qui l’entourent. Son seul but est de se reconstruire et elle est convaincue que la révolution est une bénédiction ». Aïda se livre... Elle raconte des instants de vie, dévoilant au passage ses déboires et ses espoirs.
Hind Boujemaa décide alors d’installer Aïda, un personnage commun en apparence, au cœur de cette révolution qui la dépasse. Elle reconstitue l’itinéraire d’une femme qui tente de saisir le chaos social de l’après-révolution pour changer sa propre vie. L’occasion inespérée de forcer des portes jusque-là fermées.
À l’image du pays et « dans sa quête d’une vie normale, Aïda avec son obstination, ses contradictions, ses excès, est un personnage à la Ken Loach, une « Ladybird » tunisienne, et comme elle, elle lutte infatigablement pour la reconstruction de sa famille tout en étant incapable de résister à ses démons», note la réalisatrice. Autant dire, c’était mieux demain !
Najwa Sauvage
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