Marzouki nie que la Tunisie soit "en train de basculer dans l'islamisme"
Dans un entretien au « Figaro », Mohamed Moncef Marzouki récuse avec force l’idée, de plus en plus répandue, selon laquelle la Tunisie serait « en train de basculer dans l'islamisme à outrance". Le Président provisoire de la République se dit « scandalisé » et « blessé » par l'image de la Tunisie telle que véhiculée par les médias français.
« La Tunisie n'est pas en train de basculer dans l'islamisme à outrance. Prétendre cela relève du fantasme", souligne-t-il, admettant toutefois que « la situation est difficile et complexe » en référence à la montée des revendications sociales, de la contestation politique et de la multiplication des incidents sécuritaires, notamment ceux en rapport avec les expéditions salafistes.
"Le moindre petit incident, même n’ayant aucun impact sur la société tunisienne, est grossi, comme cette malheureuse attaque d'un élu français qui a déclenché un branle-bas de combat médiatique. Je ne veux pas dire que ce n'est pas un acte condamnable, mais il y a des millions de touristes en Tunisie et ils ne sont jamais agressés", a-t-il déclaré à ce sujet, affirmant aimer la France mais « accablé, scandalisé, blessé, indigné par l'image qu'on y donne de la Tunisie, à savoir un pays qui va basculer dans l'escarcelle de l'islamisme, qui est sur le point de verser dans le salafisme".
Pour M. Marzouki, de tels « incidents sont insignifiants pour ce qui est de leur capacité à transformer la société tunisienne, mais ils sont malheureusement hypersignifiants par leur capacité de nuisance sur l'image de la Tunisie ».
Invité à dire ce qu’il pense de la « dérive autoritaire » d’Ennahda, principale composante de la coalition au pouvoir, Marzouki parle de "tentation", de « tentative de mainmise sur un certain nombre de rouages de l'État ». Cependant, nuance-t-il, « dès qu'on les met en garde, ils reculent ». « La troïka au pouvoir fonctionne. Évidemment, il y a des tensions, des crispations, mais c'est naturel. (...) Des laïques de gauche avec des islamistes conservateurs, ce n'est pas évident », a-t-il encore déclaré.
Pour le Dr Marzouki, « le projet d'une société pluraliste, tolérante, où la femme est l'égale de l'homme, une société ouverte sur le monde tout en étant attachée à ses racines n'est pas remis en cause par Ennahda, mais par sa fraction d'extrême-droite qui est très minoritaire dans le pays, c'est-à-dire les salafistes », proclamant que « jamais les libertés n'ont été autant protégées dans ce pays».
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