L'ANC a un an : quand Ben Jaafar avertissait les élus que « notre mandat ne doit pas dépasser une année»
22 novembre 2011 - 22 novembre 2012. Un an déjà ! Il aura fallu 11 mois depuis l’immolation de Mohamed Bouazizi, l'élément déclencheur de la révolution, et un mois après les premières élections démocratiques et réellement pluralistes que la Tunisie ait connues pour que la Constituante se mette en place. Retour sur les temps forts de cette journée historique :
Très tôt le matin, élus et invités commencent à affluer, passant un service de sécurité rigoureux mais fluide, pour aller découvrir chacun, les arcanes de la nouvelle annexe du Palais, chercher son siège, faire connaissance avec les autres. Parmi eux, un certain Brahim Gassas, élu de la circonscription de Kebili qui détonne avec sa tenue saharienne. Une entrée remarquée : celle du leader d’Ennahdha tenant par la main, la mère de Bouazizi.
A 11 heures précises, le Président Mebazaa, monte les marches par la Porte des Lions, pour la première fois, plus de 10 mois après avoir quitté la dernière fois, le Bardo, le vendredi 14 janvier 2011. Tout se déroulera rapidement :
Hymne national, Fatiha et recueillement à la mémoire des martyrs, et allocution du Président Mebazaa. Après avoir rappelé le contexte historique de cette cérémonie et adressé ses félicitations aux élus et à la Nation, il fera le bilan de l’action accomplie depuis le 14 janvier 2011: « Le destin a voulu que je me retrouve à une fonction de responsabilité pour assumer par intérim les hautes charges de l’Etat (...) Je me suis efforcé, par patriotisme et par devoir, de préserver cette mission de confiance et de m’en acquitter au mieux pour transmettre la charge à qui, fondé par la légitimité du peuple sera choisi pour l’assumer».
Debout la salle applaudit. Le Président intérimaire se retire, suivi par le gouvernement et les invités. La Constituante démarre aussitôt ses travaux. C’est au tour de Tahar Hémila, le doyen d'âge de prendre la parole. On s’attendait à un bref message comme il est d’usage. On a droit à un véritable discours d’investiture où cet élu du CPR règlera ses comptes avec ses adversaires politiques, provoquant de vives protestations, sur les travées Ce sera le premier clash de la nouvelle assemblée. Malheureusement, il sera suivi de bien d’autres.
On passe ensuite à l’élection du président de l’ANC et ses deux assesseurs. Trois candidats se manifestent : le Dr Mustapha Ben Jaafar (Ettakattol), Maya Jeribi (PDP puis El Joumhoury) et Mohamed Brahmia (Echaab. Il rejoindra par la suite le Front Populaire). Ils sont appelés à motiver leurs candidatures. Pour le Dr Ben Jaafar, il s’agit « d’œuvrer dans la fidélité à l’esprit de la révolution, à exprimer la rupture avec le passé et éradiquer les séquelles du régime déchu, d’agir pour faire face aux menaces qui persistent encore et parvenir à la réconciliation nationale qui doit commencer au sein-même de l’Assemblée ». Maya Jeribi a voulu, par sa candidature « envoyer un message qui marque clairement la fin de la pensée unique, de la candidature unique, et de la polarisation autour d’un axe unique ».Quant à Mohamed Brahmi, il estime que « la Tunisie ne saurait se limiter à une seule catégorie, un seul parti ou groupe politique donné », avant de se désister en faveur de Maya Jribi.
M. Mustapha Ben Jaafar sera élu président de l’assemblée National Constituante par 145 voix contre 68 pour Maya Jeribi, sur un total de 215 votants et deux bulletins nuls, alors que Mme Maherzia Labidi d’Ennahdha est élue première vice-présidente et M. Arbi Abid, deuxième président.
Lors de sa prestation de serment, le Dr Ben Jaafar plaide pour l’édification d’une deuxième république « qui consacre la justice sociale et protège les libertés publiques et individuelles », avant d’avertir les constituants : « la durée du mandat de la Constituante ne doit pas dépasser une année ». Un pari qui, comme chacun sait, ne sera pas tenu. La séance est aussitôt levée. Les travaux devaient reprendre le lendemain pour une autre séance historique avec l'élection du président de la république.
Devant le siège de l’ANC des centaines de représentants de la société civile se sont massés pour attirer l’attention des élus sur un ensemble de revendications.
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De belles paroles qui sonent faux un an après ! Quel temps perdu et surtout quel occasion perdue, une de plus dirons certains ...
« la durée du mandat de la Constituante ne doit pas dépasser une année » déclarait Mr M. Ben Jaafer en octobre 2011. L'ANC n'a pas tenu son engagement, c'est pour juin prochain mais on verra!!!! Dans une démocratie, l'ANC DEMISSIONNE et le GOUVERNEMENT AVEC.
Quels sont les chefs de la contre révolution? C'est simple ceux qui n'ont pas limité la durée de la constituante soit : Les trois Présidents actuels MBJ, MMM et RG. En toute logique ces trois personnages, tristes policards et hypocrites citoyens n'ont plus aucun avenir politique. L'histoire retiendra que la stratégie d'une nouvelle constituante a fait plus de mal que les deux dictatures précédentes, l'une peu éclairée et la suivante complétement absurde.
A mon avis, il faut tout balayer et recommencer à zéro, ceux qui nous gouvernent actuellement ne représentent qu'une infime majorité du peuple Tunisien.