Imitons les, sans leur... ressembler

Nos rues ressemblent de plus en plus à celles des villes européennes. Je ne parle pas de la propreté ni de l'ingéniosité des enseignes ni même de la discipline des piétons et des aumobilistes -car à ce niveau, nous avons encore beaucoup à apprendre sans toutefois nier les progrès réalisés -mais de l'omniprésence des personnes du troisième et même du quatrième âge. C'est, d'ailleurs, ce qui sautait  aux yeux du voyageur tunisien dès qu'il visitait une ville occidentale ou même asiatique (je pense, notamment aux villes japonaises, ce pays comptant le plus grand nombre de centenaires). On peut observer, depuis quelque temps, le même phénomène chez nous, bien qu'à un degré moindre, puisqu'il en est  à ses tout débuts.

La raison en est simple: l'espérance de vie des Tunisiens est passée de 60 ans dans les années 60 à 75 ans aujourd'hui. Le phénomène est amplifié par la baisse du croît démographique qui est comparable à celui des pays développés ce qui le rend d'autant plus voyant. Dans une dizaine d'années,  les plus de 60 ans représenteront 20% de la population contre 15% aujourd'hui. Tout devra être repensé en fonction de cette nouvelle donne: notre législation sociale, nos régimes de retraite, nos structures  hospitalières et d'accueil. D'ores et déjà, une brêche vient d'être ouverte: l'âge de retraite est à 65 ans pour certaines catégories de fonctionnaires et il  n'est pas impossible qu'elles seront généralisées dans les années à venir si l'on tiend à préserver les équilibres financiers de nos Caisses de retraite. Il faut aussi rapprendre à respecter nos vieux, nos séniors pour employer un mot  moins ringard.

Il fut un temps où nos vieux jouissaient d’un statut très particulier. Dans la rue, quand ils côtoyaient des jeunes quel que soit leur niveau d’instruction, on les saluait, on baissait les yeux en signe de respect.

Dans la famille, ils avaient leur mot à dire. Ils pouvaient dire ce qu’ils voulaient, imposer leurs lois aussi insensées soient elles à toute la famille, personne n’avait l’audace de leur faire face même si on savait que la démence sénile les faisaient souvent divaguer.

Aujourd’hui, les temps ont changé. La famille nucléaire a tué ces pratiques

Quand on se marie,  le parent  devient  un poids dont on essaie de se délester faute d'espace, de moyens ou, souvent, de volonté.  Aussi, voit-on de plus en plus de mères et de pères vivre seuls dans une grande maison ou jetés dans une maison de retraîte. Un évènement m'a marqué à jamais: ces milliers de vieillards morts de chaleur lors de la canicule de 2003 en france sans que personne ne réclame leur corps. Le comble de l'ingratitude. J'admire leur culture, leurs technologies, leur civilisation. Imitons- les, inspirons-nous d'eux dans tout ce qu'ils font de bien mais de grâce, ne tombons pas dans leurs travers,  ne leur ressemblons pas. Eux- mêmes en souffrent énormément et nous envient pour notre esprit de solidarité.

C’est la faute à la mondialisation nous dit-on. C’est elle qui nous fait larguer nos joyaux, notre fierté nationale, notre culture et notre identité et nos traditions. Erreur, le Japon a montré qu'on peut  très bien marier authenticité et progrès.