Mohamed El Mili

Les habitués des parcs de Zurich croisent souvent ce Sénior, enveloppé dans ce manteau, toujours élancé, digne et droit, le visage d’un sage, avec de fines lunettes, qui fait sa marche quotidienne, une canne à la main pour mieux ponctuer ses pas. Sans soupçonner qu’il s’agit d’une grande sommité des Télécoms et d’une précieuse mémoire de la technologie et de la coopération internationale dans ce domaine.

Paisiblement, Si Mohamed Ezzeddine Mili, continue à promener son regard, entre la Suisse et la Tunisie, sur l’univers des Telecoms ou il a fait toute sa carrière. En pleine seconde guerre mondiale, dans Paris sous l’occupation, il avait fait le choix en 1944, de rejoindre ce qui la prestigieuse Sup-Telecom. L’ingénieur ira loin et dirigera avec doigté, compétence et talent, l’organisation spécialisée des Nations Unies : l’Union Internationale des Télécommunications… pendant 17 ans.  Avant de prétendre a une retraite largement méritée, tout en demeurant bien connecte sur ce qui peut retenir son intérêt. Peu a été dit écrit sur cet homme discret et efficace. Nous saurons plus lorsqu’il viendra à Tunis le samedi 21 février 2009, répondre aux questions des chercheurs. Mais, en introduction, un premier rappel est instructif.

Réussir m ême en pleine guerre

M. Mohamed Ezzeddine Mili, faisait  partie des  jeunes cadres à qui échut l’honneur, au lendemain de l’indépendance de la Tunisie, de prendre la relève des fonctionnaires français avec le succès que l’on connaît. Ancien élève de la prestigieuse Ecole Normale Supérieure de Saint Cloud, dans la banlieue parisienne, et de l’Ecole Nationale Supérieure des Télécommunications, il  obtient  en 1946, le diplôme d’ingénieur civil  des télécommunications. A son retour à Tunis, sous le protectorat, il est admis comme fonctionnaire à l’Office Postal avant d’être nommé après la proclamation de l’indépendance, à de hautes responsabilités  au Secrétariat d’Etat aux PTT.

Dès 1956 à 1965, il est désigné comme délégué de la Tunisie auprès de toutes les conférences et réunions de l’UIT. Au cours de cette période, il aura l’occasion, en étudiant  en profondeur la structure et les méthodes de travail de cette organisation, de constater l’absence de programmes d’assistance technique en faveur des pays en développement. Il aura à cœur de pallier cette lacune lorsqu’il sera appelé à diriger l’UIT.

Une notice de la Fondation Temimi précise que M. Mohammed Ezzieddine Mili est né en 1917. C’est en 1939 qu’il a été admis au concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure de Saint-Cloud. Entre 1939 et 1946 il a préparé avec succès ses études supérieures en vue du Professorat de Math – Physique. Parallèlement, inscrit de 1944 à 1946 à l’école Nationale Supérieure des Télécommunications, il en a été diplômé en juin 1946.

En 1959, il a été élu comme représentant de la Tunisie au conseil d’administration de l’UIT, et, en 1964, comme président du conseil d’administration de l’UIT. C’est au cours de cette présidence qu’il s’est présenté aux élections des dirigeants de l’UIT. En 1965 il a été élu comme vice secrétaire général de l’UIT, et après le décès du Secrétaire Général de cette organisation, à la suite d’une opération chirurgicale, il prend la place de celui-ci  et doit garder cette fonction jusqu’au 1982. 

Connaissant parfaitement tous les rouages de l’Organisation il a pu assurer sa gouvernance avec beaucoup d’efficacité. Son premier souci a été la création d’un département de coopération technique pour venir en aide aux pays en développement. Très rapidement le département de la coopération technique s’est étoffé jusqu'à comprendre quatre sections : une pour l’Afrique, une pour l’Amérique, une pour l’Asie et la quatrième pour les pays Arabeset et l’Europe de l’Est.

Pour connaître les vrais besoins de ces pays il a dû effectuer de nombreux voyages (dans 120 pays en Afrique, en Amérique latine et en Asie). Constatant que beaucoup d’entre eux n’avaient que peu de connaissance des promesses des télécommunications, il a amené le conseil d’administration à décider la célébration annuelle d’une Journée Mondiale des Télécommunications; journée au cours de la quelle un thème spécifique est traité ce pour que le plus grand nombre d’observateurs puissent comprendre l’importance de ce secteur.

En 1971 et sur sa proposition, le conseil d’administration a décidé  l’institution  d’une Exposition Internationale dénommée TEELCOM; celle-ci se tenant à Genève tous les 04 ans. La première, appelée TELECOM 71, a remporté un grand succès. La conférence des plénipotentiaires de 1973 a confirmé la maintient de ces expositions en adoptant une résolution à cet effet.

Ses contacts directs avec des pays membres lui ont permis de leur faire sentir à tous les proches la corrélation entre les télécoms et le développement, de sorte que lorsque il avait quitté l’UIT en 1982,  le budget de la coopération technique, pratiquement inexistant au départ, avait atteint 40 millions de dollars, financés entièrement par le PNUD.
 

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1 Commentaire
Les Commentaires
EL AOUD Mohamed - 20-07-2013 16:18

En tant qu'ancien représentant du Maroc à l'UIT , j'ai pu côtoyer Si Mohamed Mili et apprécier ses grandes qualités personnelles et professionnelles. Je saisis cette occasion pour le saluer .

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