Compétences tunisiennes à l'étranger: comment capitaliser sur ce gisement?
Combien sont-ils ? Que font-ils et quelles sont leurs intentions quant à la poursuite de leur expérience à l’étranger et leur retour en Tunisie ? Sami Zaoui, président de l’ATUGE présente une analyse détaillée, nourrie par les résultats d’une enquête instructive et enrichie par une série de propositions utiles, ouvertes au débat.
Ils sont pas moins de 110 000 cadres, hommes d’affaires, ingénieurs, enseignants et chercheurs tunisiens établis à l’étranger, estime Sami Zaoui et très attachés à leurs origines et à leur identité. La communauté tunisienne émigrée, au nombre de 1 060 000 personnes, se concentre essentiellement en France (55%) et dans les autres pays européens (28%), avec une montée progressive significative dans les pays arabes (15%).
Des réseaux structurés à développer davantage
Au sein de cette communauté, la part des hauts cadres ne cesse d’évoluer et des réseaux associatifs spécialisés se multiplient à l’instar de l’ATUGE. Fondée en 1990, très structurée et très intégrée, elle revendique 3500 membres et s’appuie sur trois grandes implantations : la France, le Royaume Uni et la Tunisie. L’ATUGE entretient « une activité riche et diversifiée » marquée notamment par le grand forum annuel qui se déroule chaque été à Tunis pendant 3 jours.
D’autres associations, moins nombreuses en adhérents mais actives, déploient des efforts méritoires. Il s’agit notamment de l’Association des Chercheurs et Enseignants Tunisiens en France (ACETEF), fondée en 1992, et groupant une centaine de membres, la British Tunisian Society, en Grande Bretagne, la Tunisian Scientifc Society (TSS), aux Etats-Unis et la TAG/TWG en Allemagne.
Déjà en poste, dans des secteurs clefs mais aussi très diversifiés
Cherchant à mieux cerner le profil et les intentions professionnelles des compétences tunisiennes à l’étranger, l’ATUGE avait mené l’année dernière une enquête qui a porté sur 700 répondants. Selon les résultats présentés, 61% des enquêtés exercent une activité professionnelle (contre 11% de doctorants et 26% d’étudiants), 70% de cette population est masculine. La répartition géographique est très diversifiée, avec une forte concentration en France (61%) et une présence significative en Allemagne (7%) et au Royaume Uni (4%). Les Etats-Unis sont à 2%, le Canada et l’Asie à 1% chacun.
L’enquête a également révélé que 60% de ces compétences alignent une expérience professionnelle de plus de 2 ans, avec une forte proportion pour le Conseil (9%), la Finance et la gestion (9%), la R&D (9%) et l’informatique (14%), avec cependant une large diversifications dans les autres métiers (59%).
Rester ou rentrer ?
Interrogés sur leurs intentions de poursuivre leur installation à l’étranger ou de retourner en Tunisie, plus de 60% des sondés « accordent un intérêt particulier à leur expérience internationale en cours » et « perçoivent un manque d’opportunités et une insuffisance des conditions de travail en Tunisie ». Les raisons de non-retour s’expliquent également par les conditions financières (49,2%) et la qualité de vie (32,9%).
Quant aux motivations pour le retour, seuls 28% des sondés citent l’évolution de carrière et l’environnement de travail stimulant. Par ailleurs, les facteurs familiaux sont à 53,3%, la rémunération intéressante à 39,7% et un poste de responsabilité à 38%.
Un apport précieux
Quel apport de ces compétences pour la Tunisie ? D’abord en qualité de vecteurs de transfert inverse de technologies, mais aussi de porteurs de projets innovants. Sami Zaoui, tout en signalant des success stories significatives (Telnet de Mohamed Frikha, etc.), relève cependant que les flux sont discontinus. Il déplore également le manque d’incitations spécifiques et la prédominance d’une image biaisée du climat d’affaires.
Poussant son analyse, il signale un nombre très faibles de relais organisés à l’étranger, avec peu de structures jouant ce rôle explicitement et une pratique réduite à un One on One Networking, au lieu de brasser plus largement.
Structurer, entretenir, solliciter
Les recommandations de Sami Zaoui sont claires : structurer les réseaux à travers des initiatives privées. L’Etat y apportera, sans s’y immiscer, son soutien, notamment financier, en jouant surtout un rôle d’amorçage.
Il convient également d’entretenir la relation à travers de multiples initiatives telles que les forums, Networking events et autres, tout en continuant sans cesse à solliciter les différents réseaux et les mettre en synergie.
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arrêtez cette distinction, il n'y a pas que des atugéens qui font partie de l'élite , il y' a même des autodidactes ..... aujourd'hui la Tunisie a besoin de tous aussi bien des atugéens que des maçons et des plombiers ...arrêtez nous ce tralala ...
Je suis Ingénieur en Info en France. J'ai fait l'Ipest puis j'ai intégré une grande école d'ingénieur en France. De ma part je suis reconnaissant à ma patrie qui, après Dieu, m'a bien aidé dans mes études. Les facteurs qui m'incitent à revenir ne se sont pas rares (rien que pour rester avec ma famille, ca vaut tout l'argent du monde... Ici, c'est la compétence qui compte. Business is business
Il est vrai que la Tunisie peut considérer qu'il existe une "élite 100% locale" formée (et "déformée") d'une façon adaptée à la Tunisie. Cependant, avec un très petit marché de consommateurs et des sur-capacités de production, l'export et l'offshore deviennent le ballon d'air qui permet de maintenir et de créer des emplois. Les tunisiens formés à l'étranger sont mieux positionnés pour dialoguer et faciliter cette ouverture sur le monde. Ils ont l'avantage de la langue (sans accents, svp), la compréhension de la culture d'entreprise européenne et l'habitude des méthodes de travail. Les autodidactes qui réussissent sont de plus en plus rares en Tunisie. Peut-être étaient-ils importants après l'indépendance. Aujourd'hui, quoique l'on dise, ce n'est plus vraiment le cas.. Je suis d'accord que beaucoup de maîtrisards dans des disciplines "bloquantes" (philo, psycho, arabe, etc.) devraient peut-être se recycler dans des métiers professionnels jadis délaissés, pour ne pas grossir les rangs des amateurs de chicha dans les cafés...
je pense qu'il faut encourager l'esprit d'entreprenariat,faire de la publicité pour les cas de success story est encourageant pour les jeunes,surtout à la manière du site "leaders" qui montre qu'il y'a des gens autre que les atugiens qui peuvent trés bien réussir dans la vie. L'article parle de réseaux spécifiques,or les tunisiens doivent s'entraider partout,on est dans un contexte mondialisé,un réseau plus général regroupant les compétences tunisiennes se basant sur les Compétences réelles sera le bienvenu.