IACE : Rassurer les promoteurs et fixer clairement les objectifs
La tonalité générale du discours et l’ambiance étaient quelque peu à la morosité aux 27e Journées de l'Entreprise qui viennent de s’achever à El-Kantaoui, mais un brin d'espoir a fini par l'emporter. Les thèmes débattus ramenaient tous vers les préoccupations du moment des promoteurs. Qu’il s’agisse de compétitivité de l’entreprise, d’assainissement de l’environnement des affaires, de projet de Code des investissements actuellement en gestation, de protection des investisseurs, de lutte contre la corruption ou de gouvernance budgétaire, tous ces sujets ont de quoi alimenter les inquiétudes des milieux d’affaires. Surtout dans la conjoncture d’économie sinistrée, d’opacité de l’horizon politique et d’incertitudes sociales.
Les promoteurs présents n’ont pas manqué de faire part de leurs inquiétudes et préoccupations aux hauts responsables gouvernementaux conviés aux divers panels de ces Journées. Le Chef du gouvernement était venu à la séance d’ouverture. D’autres ministres l’ont suivi: Ridha Saidi, iadh Bettaieb, Slim Besbes et Abderrahmane Ladgham. Mais le ministre de l’Intérieur Ali Larayedh qui était attendu au denier panel de la rencontre s’est décommandé en dernière minute, actualité oblige.
La présidente de l'UTICA, Wided Bouchammaoui avait mis le la dès l'ouverture de ce grand rendez-vous annuel de l’Institut arabe des chefs d’entreprises en demandant au gouvernement de proclamer l’état d’urgence économique. La rencontre a pris cette année l’allure d’états-généraux, tant l’économie de l’après-révolution et donc le monde des affaires patinent. Les termes du dilemme ont été clairement posés par l’expert égyptien Osama Mourad. En Tunisie, comme en Egypte, comme ailleurs, explique-t-il, des voix insistantes s’élèvent pour réclamer des têtes.
Au nom de la chasse aux corrompus réels ou supposés, la justice révolutionnaire, celle de la rue, prend le pas sur le droit. Les capitaux se mettent prudemment à l’abri sous l’effet de l’épée de Damoclès suspendue au dessus de toutes les têtes qui avaient fait des affaires avec le régime précédent. Or, il est élémentaire que, par vocation, tout homme d’affaires participe aux marchés publics. De là à considérer que tous ceux qui ont traité à ce titre avec l’Administration sont suspectés de corruption, il n’y a parfois qu’un pas. Il s’ensuit un fort repli de l’investissement, clé de la croissance. Le chômage persiste quand il ne s’aggrave pas. Et la traque à la corruption ne tarde pas à se muer en arme politique, contre les adversaires s’entend… A comparer entre des situations réelles ou théoriques, il n’y a pas photo.
Comme l’ont réclamé Ahmed Bouzguenda, président de l'IACE, et bien d’autres participants, il fait réunir les conditions de la reprise de l'activité économique pour relancer la machine grippée, à commencer par la relance de l’investissement, moteur de la croissance et de la création d'emplois.
Selon une étude réalisée conjointement par la Banque Mondiale et l'IACE et présentée lors de cette rencontre, la reprise est tributaire de l'amélioration du climat d'affaires et de la compétitivité des entreprises. Menée début 2012, auprès d’un échantillon de 600 entreprises tunisiennes de différents secteurs, l'étude en question évalue l'environnement des affaires en Tunisie, mesure la productivité des entreprises et propose des solutions.
Le défi de réussir cette 27ème édition, malgré un contexte bien difficile, a été levé. Ahmed Bouzguenda, qui a succédé à Chékib Nouira et toute l’équipe de l’IACE ont su maintenir l’attractivité de cette manifestation et même l’accroître, attirant plus de 1000 participants et invitant des intervenants de haut niveau. Le plus dur reste à faire maintenir : cultiver l’espoir des chefs d’entreprise.
- Ecrire un commentaire
- Commenter