Human Screen festival : Du ciné a visage humain
Les villes de Tunis et de Sbeitla ont vécu du 6 au 9 décembre au rythme du 7 ème art dans le cadre du festival international des droits de l’homme. En dépit de la pluie et du froid qui se sont abattus sur la capitale, le public de cinéphiles qui se sont engouffrés samedi soir dans la salle obscure de la Maison de culture ont suivi avec intérêt la projection des courts métrages suivants :
• « The employement », de Santiago Bou Grasso
• « Sharaf », de David Aronowitsch et Hanna Heilbor
• “Abuelas”, d’Afarin Eghbal
• “ Case départ” ,de Karim Belhaj
• “ Local copy”, d’Islam Kamel
• “Ni une ni deux” de Philippe Courtin et Akela Sari
• “Mollement un samedi matin” ,de Sofia Djama
« The employement » se présente sous forme d’un dessin animé. Le protagoniste subi une double charge : celle de la femme absente mais dominante par sa présence virtuelle et celle de l’aliénation du boulot . Broyé par une libido refoulée et la dictature de son patron d’employeur, il plie l’échine et se soumet. Il se retrouve à plat ventre, falot et impuissant.
« Sharaf » raconte un prototype du jeune maghrébin qui « grille » vers une ile espagnole dans l’océan atlantique à la recherche de l’eldorado comme des milliers d’autres traversent la méditerranée pour le même le motif. Il évoque ,en termes simples , son escapade sans être convaincu du motif « de la situation politique » prévalant au Maroc et qui l’a poussé à quitter, à l’âge de 17 ans, son pays natal.
« Abuelas » plonge dans l’intimité d’une dame habitée par le rêve de devenir grand'mère.Sa fille « politisée « et enceinte est , toutefois enlevée sous la dictature qui sévissait en Argentine de 1976 à 1983.
Elle ne reverra plus, ni sa fille ni sa petite fille. Durant cette dictature( militaire) 30.000 personnes auraient ainsi disparu. Flash back ,sur les manifestations « des mères folles » de la place de Mai, à Buenos aires et l’espoir que l’ADN des grands parents survivants puisse conduire à rétablir le fil de la consanguinité .Une tragédie aux blessures indélébiles.
« Case départ » traite de la situation d’une jeune tunisienne virée d’un centre d’appel pour injure envers un client au bout de fil ,alors qu’elle était à bout de nerfs. Partie à la recherche d’un job, elle est prise dans l’ escarcelle d’une matrone, à tendance lesbienne, qui voudrait l’initier également à la luxure et la vente de son corps à un client argenté. Elle ne se laisse pas prendre dans le piège de la traite. Emancipée mais fière de sa dignité, elle reprend son premier boulot dans un autre centre d’appel, sans rendre une chaine dorée que la matrone lui avait enfilée auparavant au cou.
« Local copy » retrace l’escapade de deux jeunes égyptiens dans la ville cosmopolite d’Alexandrie. L’ambiguïté de leur orientation sexuelle leur joue un mauvais tour. Comme dans la plupart des films égyptiens, les paroles de chansonniers viennent au secours des protagonistes pour crier la soif de l’amour physique .Idéalisé , leur désir amoureux est fantasmé sur les mannequins des vitrines ou la statuette qui remémore le temps perdu d’un éphèbe de la Grèce antique.
« Ni une ni deux « constitue un témoignage factuel sur des femmes paumées- dont une tunisienne –dans les méandres de l’administration française. Immigrées, elles subissent la double violence du mari ,la loi du proxénète ,et la précarité ainsi que celle des règlements administratifs semblant occulter la détresse des unes en favorisant « la non assistance » à d’autres. Heureusement, des organisations non gouvernementales ont encore leur mot à dire dans l’ Etat de droit.
« Mollement un samedi matin » se caractérise par un scénario structuré. Du langage cru pour une situation plus crue.Et c’est surtout la soirée du samedi qui fut « molle » pour cette jeune algéroise victime d’un viol. Elle affronte son agresseur avec une détermination inouïe.
Survient ensuite une critique subtile de petites choses qui ne fonctionnent pas sur la route en taxi, dans la rue ,avec le plombier et la préfecture de police.
Dans cette préfecture un dialogue hallucinant s’installe. La plaignante reproche aux autorités mâles de faillir à la défense de » l’honneur » des femelles alors que son interlocuteur- éméché -lui intime que l’on a élevé " nos enfants" à être de « vrais hommes ». On exige un certificat médical justifiant le « pseudo-viol » , à son tour justifié par l’oisiveté et le mal être que connaissent les jeunes. Mais qui s’occupe de son irrésitible mal psycho-physique dans la jungle de la ville où même les « les faux –dévots barbus » lorgnent les seins des passantes ?
Excédée , elle claque la porte en faisant tomber des cimaises le portrait officiel du …président de la république. Finie par retrouver son agresseur dans un bistrot buvant pour oublier ,mais n’oublie pas de boire... Elle lui offre une tablette de « viagra » pour qu’à la prochaine ,il soit un vrai homme.Viril !
Habib OFAKHRI
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