L’ancien ministre de l’Intérieur au lendemain de la révolution, Farhat Rajhi n’a pas perdu une seule journée depuis son départ à la retraite, après 37 ans de carrière en tant que magistrat, pour accepter une grande interview télévisée. A peine libéré de l’obligation de réserve que lui imposait son statut, le voilà répondre au feu roulant des questions de Samir El Wafi sur Hannibal TV. Pêle-mêle, il livre souvenirs, témoignages et quelques menues révélations sur son parcours et notamment les deux mois (fin janvier-fin mars 2011) qu’il a passés à l’Intérieur. Sans omettre de donner au passage des coups de griffe à ceux qu’il prend pour être derrière son départ du gouvernement, notamment Béji Caïd Essebsi.
Ce départ, en fait un limogeage, Rajhi l’impute à ses décisions irréductibles prises contre l’avis du président de la République par intérim et le Premier ministre, comme celles de dissoudre l’ex-RCD et de radier 42 hauts cadres sécuritaires. Nommé président de la Haute Autorités des Droits de l’Homme, il se fera « piéger » par une interview en vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux et regagnera alors la magistrature, en tant que président de Chambre à la Cour de Cassation.
Revenant sur son parcours de magistrat, Farhat Rajhi évoque notamment le procès des islamistes impliqués dans l’affaire des explosions perpétrées contre des établissements hôteliers à Sousse et Monastir. Son témoignage s’embrouille et le voilà affirmer que Dr Néjib Karoui, fils de l’ancien Premier ministre, avait été tiré d’affaires pour laisser « son cousin » affronter seul la justice, devant lui, précisément. Le démenti du Dr Néjib Karoui, n’a pas tardé. Dès dimanche matin, il lui rappelle sur les ondes de Mosaïque Fm que non seulement, il n’avait rien à voir avec cette affaire, mais aussi qu’aucun de ses cousins, vivant d’ailleurs en France, n’y avaient été impliqués. Rajhi avait dû en effet se tromper en confondant Amine Garoui, originaire de Kairouan, avec un cousin de Néjib, et a dû en rajouter.
Sans lâcher prise, Dr Néjib Karoui ne mâchera pas ses mots pour évoquer le comportement personnel de l’ancien magistrat et éphémère ministre, apportant des détails précis sur ses fréquentations, et mettant en doute nombre de ses déclarations.
Maintenant qu’il entend mettre à profit sa retraite pour se lancer en politique, sous la bannière de l’Alliance démocratique conduite par Mohamed Hamedi et Mohamed Goumani, Farhat Rajhi va sans doute défrayer la chronique. Les médias trouvent en lui un bon sujet qui attire audience et suscite buzz. Saura-t-il pour autant réussir en politique ? Seules les prochaines législatives nous le diront.