" Archibat " ou " comment rendre la chose architecturale accessible au public "
18 numéros et déjà elle a tout d'une grande !
Une belle réussite que cette " revue maghrébine ( semestrielle ) d'aménagement de l'espace et de la construction ", " Archibat ", pour les intimes, reflet des profondes mutations qu'a connues la société tunisienne durant les dernières décennies et qui ont favorisé l'émergence de publics aux goûts - et aux lectures aussi - différenciés pour lesquels un journal ou une revue ne sert pas seulement à informer. C'est le symbole d'appartenance à une corporation ( nous souhaitons qu'Archibat le devienne pour les architectes ), ou à une catégorie sociale ( c'était le cas du Monde ou du Figaro en France ).
En France, une revue spécialisée peut compter sur 100.000 lecteurs Ce n'est pas le cas en Tunisie où une revue similaire ne peut tabler, au maximum que sur 2 à 3 mille lecteurs. Ce qui est insuffisant pour faire vivre un journal. D'où la nécessité de s'ouvrir sur d'autres publics. C'est, apparemment, l'option choisie par Archibat, d'autant plus que l'architecture n'est pas seulement l'affaire des architectes et des professionnels du bâtiment. Elle est aussi celle du grand public. " Rendre la chose architecturale accessible et proche des préoccupations quotidiennes du public. " Tel est le credo de la revue.
Un objectif largement à sa portée parce qu'elle a su, d'emblée, éviter le style abscons et cette logomachie qu'affectionne généralement ce genre de revue au risque de se couper d'une bonne partie de son public potentiel: le profane instruit. Issu de l'université ou des grandes écoles, grand lecteur devant l'éternel mais qui, devant l'indigence de la production locale, est contraint de se tourner vers les magazines étrangers. Il y a, certainement, un lectorat à capter de ce côté-là.
" Archibat " est bien partie pour y parvenir puisque ses articles répondent dans leur majorité au souci d'établir un pont entre ce profane instruit et le spécialiste. Les articles sont d'autant plus lisibles qu'ils sont rédigés dans le strict respect de la langue de Molière et agrémentés d'illustrations avec une bonne gestion de l'espace. Ce qui n'est pas étonnant de la part d'architectes.
Agréable à lire et instructive
Le contenu est riche; le choix des rubriques judicieux avec une partie actualité comprenant des informations nationales et internationales, des compte-rendus de colloques et des interviews. Suit un grand dossier sur les musées, qui occupe environ le tiers de la revue.Introduit par une interview du directeur de la division muséograpghique à l'Institut National du Patrimoine, il comprend une première partie sur l'état des lieux en Tunisie et dans le monde ( la comparaison n'est, malheureusement, pas à notre avantage même si les efforts pour mettre à niveau nos musées sont indéniables). Une deuxième partie est consacrée aux projets de construction de nouveaux musées dans les pays arabes: des projets pharaoniques qui oscillent entre " la surenchère architecturale et la valorisation du patrimoine national ". Le dossier, abondamment illustré, est complété par des articles sur " le parcours et l'éclairage dans le musée et dans l'exposition " et les " les techniques de présentation". Une rubrique est consacrée à une présentation d'un mémoire de fin d'études à l'ENAU, en l'occurrence, " un projet de centre d'interprétation du site archéologique d'Oudhna". Enfin, Une journée d'études offre l'occassion à la revue d'évoquer les principaux palais de la médina de Tunis et ses environs et de rendre hommage à l'oeuvre de Jacques Revault. Au final, une revue agréable à lire, instructive et qui est parvenue en un laps de temps assez court à se situer à un bon niveau.
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Il y a de quoi être fière. Meilleures salutations Hend MRABET