Que cache la découverte d'un arsenal d'armes de guerre à Médenine?
Beaucoup d’interrogations et de zones d’ombre demeurent entières après la découverte d’un énorme arsenal de guerre à Médenine et sur la destination d’autant d’armes. Très laconique, le ministère de l’Intérieur se borne à confirmer sans entrer dans les détails. A peine sait-on que quatre personnes présumées impliquées dans cette affaire ont été interpellées et que pas moins de quatre chargements de camions d’armes ont été récupérés et placés en lieu sûr. Excusez du peu…
A l’évidence, il ne pouvait pas s’agir de l’attirail d’un club de chasse aux alouettes. A chercher à quoi pouvait être destinés autant d’armement, on se perd en conjectures en l’absence de données, même fragmentaires, sur le cours des investigations. Tout indique, pour autant, que nous sommes en présence d’une grosse, d’une très grosse affaire. Il y avait, en effet, de quoi déstabiliser un pays : 100 roquettes de 68mm de fabrication russe, 70 lance-roquettes russes anti-blindages de types RPG, 75 mines terrestres de forte puissance, des caisses entières de grenades à fragmentation, de grosses quantités de munitions, notamment de fusils-mitrailleurs Kalachnikov, des barres de dynamite, des détonateurs électriques, des missiles éclairants, des lunettes de vision nocturne, des treillis, des balises GPS de géo-localisation par satellite, sans compter des centaines de mètres de mèches de mise à feu…
Visiblement, l’hypothèse d’une affaire de contrebande d’armes ne tient pas la route ou même celle d’un réseau du grand banditisme ne tiennent pas la route en raison de la présence d’un grand nombre d’équipements à usage militaire, y compris à des fins terroristes… Cette dernière éventualité est corroborée par certains indices, quoique la prudence doive rester de mise.
On sait, ainsi, que l’enquête a été prise en charge et l’intervention sur le terrain ont été prises en charge par la brigade anti-terroriste de la Garde nationale. On sait aussi que d’importants renforts sécuritaires ont été dépêchés dans la région de Médenine, ce qui donnerait à penser que d’autres rebondissements dans cette détonante affaire pourraient encore se produire dans les heures ou les jours qui viennent. Et puis il y a ce propos lourd de significations mais à interpréter, là aussi, avec prudence, tenu à l’issue de ce qu’ils faut bien appeler une « réunion de crise », tenue jeudi au Palais de Carthage et qui a groupé, une fois n’est pas coutume, les deux têtes de l’exécutif et le président de l’Assemblée constituante, mais aussi les ministres de l’Intérieur et de la Défense et le chef d’état-major des armées. Certes, il y était question de la crise malienne mais il y a été aussi souligné que « toutes les forces nationales et toutes les composantes de la société civile doivent assumer leurs responsabilités pour faire face au phénomène de la violence et du terrorisme, relayer les efforts sécuritaires, et assurer la sensibilisation culturelle et religieuse pour isoler les groupes violents »…
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