L'Habitation Tunisienne: pour une architecture authentique
En 1928, Victor Valensi, un architecte de renom publiait son livre « l’Habitation Tunisienne ».
Un ouvrage qui, au même titre que le livre de Jacques Revault, " Palais et demeures de Tunis " restera pendant longtemps le livre de référence sur l’architecture tunisienne. C'est pourquoi, on sait gré aux éditions Alif d'avoir pensé à le rééditer en reproduisant à l'identique l'édition originale.
L'auteur appartenait à une grande famille juive livournaise ( les Grana ), établie dans notre pays depuis plusieurs générations. Il était le concepteur de la plupart des demeures choisies pour illustrer son propos et cherchait à concilier dans ses oeuvres la tradition et la modernité. A ce titre, il était le premier à regretter que « les Tunisiens oubliaient peu à peu le charme de leur art lui préférant les styles d’Europe ».
Son ouvrage est constitué de planches représentant les intérieurs et les façades d’un certain nombre de demeures patriciennes situées à Tunis et ses environs avec une courte mais fort instructive introduction sur les principales caractéristiques de l'architecture tunisienne.
On peut regretter qu'il ait fait l'impasse sur les autres régions et notamment Kairouan et le sud même si l'architecture tunisoise peut être considérée comme la forme la mieux achevée de l'architecture tunisienne dans la mesure où elle constitue la synthèse de toutes les influences et les apports extérieurs (phénicien, romain, byzantin, arabe, andalou, italien, turc et français), tout en intégrant la plupart des cachets propres à chaque région.
Néanmoins, Valensi est le premier à reconnaître cette omission précisant que « si l’art hispano-mauresque ne ressemble pas à celui du Caire ou de Damas, il n’est pas inutile de préciser que ( le cachet ) d’une région, d’un pays diffère de celui de la région voisine par de nombreux détails, c’est ainsi que les encadrements des portes sont différents à Tunis et à Sfax, que les minarets et les coupoles du Sud tunisien ont un autre caractère que ceux de Kairouan ".
Il reste que le livre est un document de la plus haute importance. Sa réédition arrive à point nommé dans la mesure " où il est au coeur d'une actualité architecturale d'où la poésie tend à disparaître, où la tradition est réifiée, la modernité importée, la pensée tronquée, la pratique mécanisée" (1).
(1) Olfa Méziou, préface à " l'Habitation Tunisienne ", éditions Alif 2008.
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