Ali Mezghani : Crise politique et crise du droit
C’est un art que de légiférer. Il faut du talent, de la dextérité pour rédiger des lois. La maitrise de la langue du droit et de ses techniques n’est pas donnée à tous fussent-ils des politiques. Mais peut-on requérir des politiques un tel sens de l’humilité ? Il faut, pour être juge de ses propres capacités, faire preuve d’humilité ou de modestie. Il faut avoir la lucidité et peut-être le courage de reconnaître ses insuffisances, de réprimer son orgueil. Alors que l’orgueil exhibe au plus haut point les talents vrais ou supposés de l’homme, la modestie a tendance à les dissimuler. En refusant de faire appel aux experts, nos constituants ont manifestement fait preuve d’un excès d’orgueil et de peu de modestie. C’est de prétention qu’ils ont fait preuve. La récente crise du gouvernement a fini par dévoiler l’incompétence des uns et la naïveté des autres, à moins qu’elle n’ait mis à nu leur commune volonté manipulatrice. En toutes hypothèses, il est fait peu cas du Droit. A l’unisson, les politiques, et parfois certains juristes, considèrent que la crise gouvernementale est de nature politique et non juridique. Comme si elle ne pouvait être l’une et l’autre à la fois. Disant cela ils entendent tous passer outre les contraintes de la légalité. Message aussi clair que dangereux.
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Sujet traité avec détail et talent qui montre une véritable expertise. Dommage que l’ANC ait eu ce « manque de modestie » et pas assez de clairvoyance pour « reconnaître ses insuffisances, pour réprimer son orgueil ». D’autres plus sévères parleraient de vanité ou Faire davantage appel à des spécialistes, lancer un vrai benchmarking pour chercher «the best practices» auraient pu permettre des résultats plus rapides et une rédaction plus conformes aux exigences pour faire cas du Droit. A moins que cela ait été une certaine arrogance assumée, une volonté de certain(s) de retarder les travaux ou la volonté de foncer dans le mur pour des raisons qui peuvent être multiples. Un seul regret, mais sans importance capitale. L’auteur aurait pu ajouter à sa démonstration une référence utile à Montesquieu avec « L’Esprit des Lois » qui a su formaliser très tôt la distribution et la séparation des pouvoirs entre la puissance législative, la puissance judiciaire et la puissance exécutrice. Et puis, sans oublier ses recommandations entre les exigences et les limites de la loi et l’esprit de la loi … En définitive, pour revenir à la situation actuelle du pays, la politique semble dans une certaine impasse car les questions de droit se multiplient et sur de nombreux fronts : - La constitution de ce second gouvernement avec la petite constitution semble attirer l’attention dans le court terme. Cet article décrit avec excellence la situation. - Mais la rédaction de la Constitution va apporter très prochainement son lot d’interrogations et va générer des débats tortueux, tant pour son esprit que pour son application concrète dans le futur. - Plus globalement, le pays est en droit de se demander si le vote des électeurs tunisiens n’a pas été dévié quand on a voté pour une Assemblée Constituante et que celle-ci a décidé par elle-même de nommer un Gouvernement, de voter pour un Président de la République et de gérer le pays en prenant des mesures, en signant des accords internationaux, etc. qui engagent le pays dans son futur. Alors, on peut se demander si le Gouvernement issu des prochaines élections ne pourra pas ou ne sera pas obligé à annuler toutes les décisions prises durant cette période que nous connaissons …
Cet article entend faire une leçon de droit mais il oublie l'essentiel, a savoir qu'il n' y a plus de pouvoir légitime dans le pays. Il fait comme si "la petite constitution", le Président et l'Assemblée étaient légitimes . or l'Assemblée et tout le pouvoir qui en découlait a perdu ,pour tout juriste, sa légitimité le 23 octobre dernier. Quand une assemblée est élue pour un an ce qui était le cas (voir le décret de convocation des électeurs) elle perd sa légitimité au bout de l'année. raisonner autrement conduirait a donner a cette assemblée une durée illimitée et donc a créer une dictature d'assemblée. A partir de la et c'est l'essentiel, le pays a un pouvoir illégitime et dès lors les arguments juridiques sont sans intérêt et je dirai même dérisoires.
Bien que profane, j'accorde crédit à cette analyse pertinente.Il est souhaitable que les experts interviennent à temps et sachent rallier à leurs lectures judicieuses de la loi la société civile, notamment les organisations nationales comme l'UGTT, L'UTICA et l'UNA tout en alertant les partis de l'opposition. Maintenant les jeux sont faits. Cherchons ensemble des solutions idoines aux problèmes qui se posent à la Nation.
Cet article percutant d'un Prof de droit autant il démontre là où le bât blesse, il montre jusqu'à quel point la situation est grave et que l'Etat de droit n'est pas pour demain. Pis, il est menacé de chaos. Mais peut-être que certains politiques ont-ils un intérêt dans ce chaos plus propice à leurs affaires que le droit...
A lire
elle reste une lecture, il faut rester modeste, et ne pas croire que c'est vous qui detenez la verite. reste la lecture acceptable c'est celle qui se marie avec la societe actuellement. un peu de tolerence pour les avis differents, c'est la seule maniere d'avancer.
Article très pertinent.
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analyse pertinente me permettant d'ajouter qu'en l'absence d'une juridiction constitutionnelle spécialisée , l'interprétation d'un tel texte revient à mon sens au Tribunal Administratif par aussi une interprétation extensive de l'article 20 de la même " petite constitution " qui a conféré à l'assemblée générale du TA un rôle même si c'est consultatif pour donner l'interprétation juridique officielle, émanant d'une haute institution juridictionnelle reconnue ,en matière de conflit de compétences entre le Président de la République et le Chef du Gouvernement ( ex:l'extradition /affaire baghdadi mahmoudi )...hélas la crise se trouve ainsi étendue aux institutions spécialisées indépendantes de l'Etat par la négation du rôle des Hautes juridictions en place pourtant juridiquement reconnu...... ????!!!!