Banque centrale de Tunisie: maîtriser les sources des pressions
Sur fond d’affermissement d’indicateurs de reprise graduelle du rythme de la croissance, mais cependant de dégradation de la demande extérieure, du tourisme, des avoirs nets en devises, de l’accroissement de l’inflation, des besoins des banques en liquidités, de décélération de l’encours des dépôts et de la stagnation des concours à l’économie, la Banque centrale de Tunisie a décidé de maintenir inchangé le taux d’intérêt directeur de la Banque Centrale. Réuni mardi sous la présidence du gouverneur Chedly Ayari, le conseil d’administration a également souligné la nécessité d’un engagement ferme de toutes les parties prenantes afin de maîtriser les sources des pressions qui s’exercent sur les différents indicateurs, qu’elles soient d’origine monétaire ou non monétaire, dans le but de garantir la stabilité des prix qui demeure une condition nécessaire pour assurer une croissance économique saine, durable et juste tout en préservant les équilibres financiers globaux.
Dans le registre des éléments positifs, le conseil a relevé les points suivants :
- affermissement des indicateurs positifs de la reprise graduelle du rythme de la croissance dans la plupart des secteurs d’activité surtout ceux de l’énergie et des services, ce qui a permis la réalisation d’un taux de croissance de 3,6% en 2012 selon les récentes estimations de l’INS contre 3,5% prévu dans le Budget Economique et un repli de 1,9% en 2011.
- baisse du taux de chômage global de 2,2 points de pourcentage en comparaison avec la fin de l’année 2011, pour revenir à 16,7% tout en demeurant à des niveaux élevés pour les diplômés de l’enseignement supérieur.
- des échanges commerciaux avec l’extérieur au mois de janvier 2013, dont le déficit commercial a enregistré un repli de 24% sous l’effet conjugué de l’accroissement des exportations à un rythme nettement plus rapide que celui des importations, soit 23,6% contre 6,4%.
Quant aux aspects négatifs, il a relevé les points suivants :
- affaiblissement de la demande extérieure qui a affecté les secteurs exportateurs et plus particulièrement le secteur des industries mécaniques et électriques et celui des industries du textile et habillement qui ont accusé un net repli de leurs exportations au cours du mois de janvier 2013.
- baisse des indicateurs du secteur touristique notamment au niveau des entrées de touristes et des nuitées globales (-10,1% et -3,4% en glissement annuel, respectivement, au mois de janvier 2013) alors que les recettes à ce titre ont connu une légère progression de 1%.
- baisse des avoirs nets en devises ont enregistré une baisse suite principalement au remboursement d’une tranche de la dette extérieure de l’ordre de 728 millions de dinars, pour revenir à 11.385 millions de dinars, soit l’équivalent de 107 jours d’importations en date du 25 février 2013 contre 12.756 millions de dinars et 119 jours à fin 2012.
- accroissement du taux d’inflation qui a atteint 6% en glissement annuel au mois de janvier 2013 contre 5,1% au cours du même mois de 2012, en rapport surtout avec l’accélération de la hausse des prix des produits alimentaires, notamment les produits frais dont les prix ont augmenté de 11,1%.
- augmentation de nouveau des besoins de liquidité des banques durant le mois courant comparativement aux derniers mois et ce, en relation surtout avec l’accroissement notable du solde du compte courant du trésor qui a atteint 1.769 millions de dinars en moyenne durant le même mois, ce qui a amené la Banque Centrale à accroître ses interventions sur le marché monétaire à hauteur de 4.089 millions de dinars en moyenne quotidienne jusqu’au 24 février 2013 contre 3.653 millions de dinars en janvier dernier. Parallèlement, le taux d’intérêt moyen sur ce marché a atteint 4,24%, au cours de la même période du mois de février 2013, contre 4,11% pour le mois de janvier.
- décélération de l’encours des dépôts (soit 0,2% en janvier 2013 contre 4,9% en décembre passé) qui a touché essentiellement l’encours des dépôts à vue et celui des comptes à terme.
- stagnation des concours à l’économie qui ont connu également la même tendance en enregistrant une quasi- stagnation (0,2% contre 0,7%) en rapport surtout avec la baisse des crédits à court terme et la stagnation des crédits à moyen et long termes.
Deux grands impératifs, ont été relevés à savoir :
- nécessité d’un engagement ferme de toutes les parties prenantes afin de maîtriser les sources de ces pressions, qu’elles soient d’origine monétaire ou non monétaire, dans le but de garantir la stabilité des prix qui demeure une condition nécessaire pour assurer une croissance économique saine, durable et juste tout en préservant les équilibres financiers globaux.
- nécessité de conférer une plus grande marge de fluctuation au taux d’intérêt sur le marché monétaire
Décision prise :
Maintenir inchangé le taux d’intérêt directeur de la Banque Centrale.
Communiqué intégral
Lors de ses délibérations, Le Conseil d’Administration a passé en revu les perspectives d’évolution de l’économie mondiale qui, selon les dernières prévisions des principales institutions financières internationales, demeurent marquées par un faible rythme de croissance économique durant l’année en cours, en rapport avec l’atonie de l’activité économiques des économies des pays avancés, en particulier celles de la Zone Euro qui subit encore les effets de l’austérité budgétaire et de la hausse du taux de chômage engendrant un ralentissement sensible de la demande, aussi bien, intérieure qu’extérieure.
Le Conseil a examiné également les évolutions récentes de la conjoncture économique et financière nationale à la lumière des dernières données disponibles concernant l’activité économique dans les différents secteurs et l’évolution des paiements extérieurs ainsi que les équilibres financiers globaux au cours de l’année 2012 et au début de l’année en cours. Il a été relevé à cet égard l’affermissement des indicateurs positifs de la reprise graduelle du rythme de la croissance dans la plupart des secteurs d’activité surtout ceux de l’énergie et des services, ce qui a permis la réalisation d’ un taux de croissance de 3,6% en 2012 selon les récentes estimations de l’INS contre 3,5% prévu dans le Budget Economique et un repli de 1,9% en 2011. En outre, le taux de chômage global a enregistré une baisse de 2,2 points de pourcentage en comparaison avec la fin de l’année 2011, pour revenir à 16,7% tout en demeurant à des niveaux élevés pour les diplômés de l’enseignement supérieur.
De même, le Conseil a observé les résultats positifs sur le plan des échanges commerciaux avec l’extérieur au mois de janvier 2013, dont le déficit commercial a enregistré un repli de 24% sous l’effet conjugué de l’accroissement des exportations à un rythme nettement plus rapide que celui des importations, soit 23,6% contre 6,4%.
En revanche, le Conseil a remarqué que les récentes évolutions négatives observées à l’échelle nationale et qui pourraient prolonger, en cas de poursuite du manque de visibilité, la situation d’attentisme et de prudence observée chez les opérateurs économiques, pourraient affecter l’activité économique et exacerber les pressions sur les équilibres financiers internes et externes, sachant que parmi les grandes agences internationales de rating, deux ont procédé à la dégradation de la notation financière de la Tunisie alors que les deux autres en ont maintenu le grade d’investissement.
Dans ce contexte et selon les dernières données disponibles concernant l’évolution du secteur industriel au début de cette année, il a été constaté que l’affaiblissement de la demande extérieure a affecté les secteurs exportateurs et plus particulièrement le secteur des industries mécaniques et électriques et celui des industries du textile et habillement qui ont accusé un net repli de leurs exportations au cours du mois de janvier 2013. Parallèlement, les indicateurs du secteur touristique ont connu une baisse notamment au niveau des entrées de touristes et des nuitées globales (-10,1% et -3,4% en glissement annuel, respectivement, au mois de janvier 2013) alors que les recettes à ce titre ont connu une légère progression de 1%.
Quant au secteur extérieur, et nonobstant la forte contraction du déficit courant de plus de 40% qui s’est situé à 0,5% du PIB en janvier 2013 contre 0,9% une année auparavant grâce au repli du déficit commercial, les avoirs nets en devises ont enregistré une baisse suite principalement au remboursement d’une tranche de la dette extérieure de l’ordre de 728 millions de dinars, pour revenir à 11.385 millions de dinars, soit l’équivalent de 107 jours d’importations en date du 25 février 2013 contre 12.756 millions de dinars et 119 jours à fin 2012.
S’agissant de l’évolution des prix à la consommation familiale, le taux d’inflation a atteint 6% en glissement annuel au mois de janvier 2013 contre 5,1% au cours du même mois de 2012, en rapport surtout avec l’accélération de la hausse des prix des produits alimentaires, notamment les produits frais dont les prix ont augmenté de 11,1%.
Sur le plan monétaire, le Conseil a souligné l’augmentation de nouveau des besoins de liquidité des banques durant le mois courant comparativement aux derniers mois et ce, en relation surtout avec l’accroissement notable du solde du compte courant du trésor qui a atteint 1.769 millions de dinars en moyenne durant le même mois, ce qui a amené la Banque Centrale à accroître ses interventions sur le marché monétaire à hauteur de 4.089 millions de dinars en moyenne quotidienne jusqu’au 24 février 2013 contre 3.653 millions de dinars en janvier dernier. Parallèlement, le taux d’intérêt moyen sur ce marché a atteint 4,24%, au cours de la même période du mois de février 2013, contre 4,11% pour le mois de janvier.
Pour ce qui est de l’activité bancaire, il est à signaler que l’encours des dépôts a connu une décélération (soit 0,2% en janvier 2013 contre 4,9% en décembre passé) qui a touché essentiellement l’encours des dépôts à vue et celui des comptes à terme. Les concours à l’économie ont connu également la même tendance en enregistrant une quasi- stagnation (0,2% contre 0,7%) en rapport surtout avec la baisse des crédits à court terme et la stagnation des crédits à moyen et long termes.
A la lumière de ces évolutions et compte tenu de la poursuite de la hausse des prix outre l’apparition d’indices reflétant la persistance des tensions inflationnistes dans les mois à venir, le Conseil a mis l’accent sur la nécessité d’un engagement ferme de toutes les parties prenantes afin de maîtriser les sources de ces pressions, qu’elles soient d’origine monétaire ou non monétaire, dans le but de garantir la stabilité des prix qui demeure une condition nécessaire pour assurer une croissance économique saine, durable et juste tout en préservant les équilibres financiers globaux. En outre, le Conseil estime nécessaire de conférer une plus grande marge de fluctuation au taux d’intérêt sur le marché monétaire, et a décidé de maintenir inchangé le taux d’intérêt directeur de la Banque Centrale.
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