Adoption de la feuille de route devant conduire aux élections, investiture du nouveau gouvernement et célébration du 40ème jour de l’assassinat de Chokri Belaid : trois points d’orgue qui jalonneront la semaine qui commence. En dernière ligne droite pour les familles avant les vacances du printemps, chacun de ces rendez-vous prend sa signification. Le débat de confiance sur le gouvernement est programmé pour ce mardi, si l’Assemblée nationale constituante parvient à boucler l’adoption de l’amendement de son règlement intérieur ainsi que la feuille de route.
L'agenda politique
L’adoption par l’Assemblée nationale constituante d’un agenda clair et précis fixant les échéances pour la finalisation de la Constitution et son adoption ainsi que la date des élections répond à une exigence profonde des Tunisiens, lassés par tant d’atermoiements et de prolongations. Elle contribuera sans doute à désamorcer la tension dans le pays et à rassurer nos partenaires étrangers qui ne cesse de s’interroger sur la visibilité du processus de transition en Tunisie. L’agenda qui porte également sur l’adoption des textes relatifs aux hautes instances des élections, des médias et de la justice, ainsi que la loi sur les partis et la loi électorale, sera mis en débat dès ce lundi après-midi ou au plus tard, mardi. En effet, l’ANC devait terminer samedi l’examen de la révision de son règlement intérieur, mais, faute d’accord, elle continuera à en débattre lundi, espérant aboutir à un compromis sur certains articles restés entre crochets, notamment l’article 91 bis portant sur les prérogatives du rapporteur général de la Constitution.
Le nouveau gouvernement
L’investiture du gouvernement d’Ali Larayedh sera, sans doute, un moment fort de la semaine, de par les débats qu’elle suscitera sous la coupole du Bardo. Si peu de doutes subsistent quant au vote, la tonalité des voix qui s’exprimeront à cette occasion, tant sur la composition du cabinet, que sur le programme du gouvernement, seront significatifs. La Troïka se présentera cependant devant les élus, forte d’un mémorandum d’engagement politique scellé par Ennahdha, Ettakatol et le CPR, conçu en pacte de partenaires pour un nouveau contrat politique. Il repose sur quatre grands chapitres à savoir les fondements et principes, les axes du programme et les priorités, les mécanismes et engagements mutuels et le dialogue national. Au prix d’âpres négociations, les signataires y ont consigné beaucoup de bonnes intentions et quelques actions pratiques, notamment pour les nominations, l’obligation pour les membres du gouvernement de s’interdire tout favoritisme personnel ou partisan. Quant au dialogue national, amorcé par l’UGTT, il a été confié à l’ANC. Un pacte arraché aux forceps pour certains de ses auteurs, en déca des espérances, pour les autres, un premier jalon, sans doute.
Chokri Belaid
La célébration du 40ème jour de l’assassinat de Chokri Belaïd, samedi 16 mars, à El Menzah, sera à nouveau un moment de grande mobilisation des forces démocratiques et de forte dénonciation de la violence. La vive condamnation internationale qui résonne encore et la profonde indignation en Tunisie ne seront quelque peu apaisées que si l’assassin et ses commanditaires seront démasqués et traduits en justice. Une première lueur d’espoir vient de l’annonce par notre confrère Echourouk, dimanche, de l’arrestation du présumé coupable par les autorités algériennes et sa remise à leurs homologues en Tunisie. Mais le ministère de l'intérieur s'est empressé de démentir l'information. En tout cas, le nouveau ministre de l’intérieur, Lotfi Ben Jeddou, lui-même ancien juge d’instruction et procureur de la République qui s’est particulièrement distingué dans les procès des martyrs de Kasserine et Thala, fait de cette affaire sa priorité. Y réussir rapidement lui vaudra une haute appréciation des Tunisiens et de l’opinion internationale. Si possible, avant samedi, ce qui donnera alors une toute nouvelle dimension à la célébration du 40ème jour.
Une semaine cruciale commence donc ce lundi en Tunisie. Le pays n’attend plus que la clarification de l’agenda politique, l’attellement du nouveau gouvernement au travail, la restauration de la sécurité et la relance économique.