News - 27.04.2013

70% des Tunisiens sont opposés à l'abolition de la peine de mort

Interrogés sur leur position à l’égard de la peine de mort, 70% des Tunisiens se sont déclarés opposés à son abolition, dans un sondage d’opinion, le premier du genre sur la question, que publie le magazine mensuel Leaders dans sa livraison de mai 2013 (déjà en kiosques). Par contre, selon la même enquête, 27% s’expriment en faveur de son abolition, alors que 3% ne se déclarent pas.

Le dossier spécial que consacre Leaders à la question, à la veille de la tenue en juin prochain à Madrid du 5ème congrès mondial sur la peine de mort offre un large panorama de la situation en Tunisie, soutenu par des indicateurs et des données jamais révélés auparavant. C’est ainsi qu’on apprend notamment que depuis l’indépendance, 135 exécutions ont été effectuées par pendaison ou par balles, dont 129 sous Bourguiba, pour la plupart dans des affaires d’atteinte à la sûreté de l’Etat et 6 sous Ben Ai. Un moratoire de fait sur les exécutions est observé depuis plus de vingt ans, la dernière pendaison remonte en effet au 9 octobre 1991. Après la révolution, le président de la République provisoire, Moncef Marzouki a commué la peine de mort de 122 condamnés, par la prison à perpétuité. Actuellement, 11 condamnés à mort attendent l’ultime décision quant à leur sort.

Le magazine Leaders nous restitue aussi dans ce dossier le vécu dans les couloirs de la mort, à travers une interview de Samy Ghorbal qui y a passé 3 semaines et rencontré une trentaine de condamnés à mort, une interview exclusive du dernier bourreau, Am Hassen et le récit d’une exécution, celle du tueur en série, Naceur Damergi, Saffah Nabeul, le 17 novembre 1990. Outre le sondage d’opinion dont nous trouvons les indicateurs détaillés, on lit également les positions de différentes personnalités tunisiennes, notamment Moncef Marzouki, Rached Ghannouchi, Me Lazhar Karoui Chebbi, Dr Saadeddine Zmerli, le mufti Cheikh Othman Battikh, Imad Daïmi au nom du CPR, Ahlem Beljhaj, psychiatre et au nom des Femmes démocrates, etc.

Le dossier de Leaders invite surtout à ouvrir un débat national sur la peine de mort afin d’en expliquer toutes les dimensions en vue de promouvoir une position majoritaire sur la question.
 

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7 Commentaires
Les Commentaires
Noury - 28-04-2013 11:01

Un peuple qui ne sait pas trouver les moyens pour éduquer et soigner les siens et qui préfère recourir à des solutions extrêmes telle la peine de mort est un peuple qui n’est pas prêt pour la démocratie

Othman - 28-04-2013 14:53

Ce sondage ne reflète pas la réalité sociologique du pays. Le taux élevé des sondés contre l'abolition s'explique par des raisons religieuses. Il aurait suffi de leur demander ce que serait leur attitude si l'islam permettait l'abolition pour l'inverser dans l'autre sens. Or, l'islam permet l'abolition de la peine de mort comme je l'ai démontré en arabe ici : http://tunisienouvellerepublique.blogspot.fr/2012/05/nouvelle-modernite-politique-8.html#more et en français ici : http://tunisienouvellerepublique.blogspot.fr/2012/05/nouvelle-modernite-politique-9.html#more C'est ce qu'il aurait fallu dire aux sondés avant de leur poser la question pour ne pas manquer d'objectivité.

CHE - 28-04-2013 19:01

EtEnnahdha a eu une majorité relative.

ali - 28-04-2013 21:18

la peine de mort n 'a jamais nulle part fait baisser le nombre de criminels;plusieurs études le montrent.la justice n 'est pas la vengeance.celui qui assiste à une condamnation à mort approuverait i encore l'application de la peine de mort.la prison à perpétuité est moins barbare.on ne peut répondre à la barbarie du criminel par la barbarie.la loi contre la peine de mort n 'est pas productive électoralement.En France c 'est Mitterrand qui en a été l 'artisan contre la majorité de l 'opinion publique sans oublier la lutte de Badinter fervent défenseur de cette abolition.c 'est une décision difficile mais courageuse

fadhel - 29-04-2013 07:14

la peine de mort est elle-même un crime, Ben ali sous la pression des occidentaux n'a pas pu executer ses opposant.Des membres du gouvernement actuel sont des anciens condamnés à mort,le taux de la criminalité dans les pays qui ont aboli la peine de mort n'a pas augmenté.C'est un sujet trés epineux avec des points de vue morales et réligieuses.Un debat a l'echelle nationale doit s'effectuer tout en informant les citoyens des rites ancestrales de l'execution.Enfin en tenant compte des fautes judiciaires on ne peut pas faire revenir a la vie un innocent deja executé

mb - 29-04-2013 08:39

@ othman, J'ai suivi le lien que vous avez publié et j'apprécie le détail. Mais permettez moi de commentez que si DIEU a mis toutes ces conditions pour l'application de la peine de mort, c'est garantir la justice et rendre difficile toute erreur ou toute injustice volontaire du juge... S'il aurait voulu il l'auarit tout simplement interdit. Il a laissé une échappatoire qu'est la grace de la famille de la victime. Ceci est aussi une seconde chance. Mais si l'atrocité du meurtre est tellement grave et si toutes les preuves existent et si la famille de la victime refuse de pardonner le criminel, pourquoi simplement chercher à annuler cette peine. Il reste à la défense du criminel de prouver qu'il y a les excuses nécessaires et de prouver que l'une au moins des conditions qui sont difficiles à réunir n'est pas fournie pour innocenter le coupable ou alléger sa peine. Je pense que face à des crimes atroces, il faudrait appliquer la plus dure des sanctions, si toutes les preuves sont réunies.

Othman - 29-04-2013 19:15

@mb Merci de m'avoir lu. L'insigne sagesse de l'islam est de l'avoir modulée en procédant par la progressivité, qui est la forme postmoderne du progressisme; c'est en cela que notre religion a été moderne par anticipation, ce que je nomme sa rétromodernité. Si Dieu a rendu l'application de la peine capitale difficile, c'est effectivement par souci de justice, mais cette justice qui implique l'effort de la part de la victime de surmonter sa douleur par le pardon, auquel Il appelle d'ailleurs et qu'Il vante; et aussi la justice qui veut que le coupable ait à souffrir moralement de son acte jusqu’à finir par arriver à résipiscence. Voilà la grandeur de l'islam ! Car, ne l'oublions pas, la mort ne fait qu'abréger la souffrance alors que la vraie souffrance, la plus dire des sanctions, est de ne pas échapper au remords une fois la conscience éveillée. Et l'Islam fait tout pour que la conscience du croyant finisse par s'éveiller. Aussi, vouloir être conforme à l'esprit de notre religion consisterait à abolir la peine de mort et faire tout pour amener le coupable à regretter son geste en aidant à éveiller sa conscience endormie. Voilà ce que c'est qu'être un vrai musulman au lieu de choisir la solution de facilité de la mise à mort.

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