Opinions - 25.05.2013

Tous Amina !

Mais où sont les défenseurs des droits de l'Homme; ont-ils avalé leur langue? Où sont passés les militants de la liberté d'expression, ont-ils renié leurs valeurs?

Aujourd'hui, en Tunisie, on poursuit une jeune fille dont le seul tort est d'avoir eu le courage d'afficher ses idées. Amina, j'écris ton nom, car nous sommes tous Amina !Et si les femmes et hommes politiques se taisent, c'est qu'ils ont honte de leur pusillanimité devant ton courage et ta bravoure.

Voilà les autorités se prétendant révolutionnaires en cette Tunisie qu'on veut donner pour modèle qui ont recours à un arsenal dont a usé et abusé la dictature déchue pour tuer dans l'œuf les manifestations de la jeunesse tunisienne à vivre librement sa vie, sans Dieu ni maître, sinon sa souveraine volonté.

Non seulement ils n'osent pas abolir des lois liberticides qui n'ont plus de légitimité, sinon de légalité depuis l'abolition de la norme supérieure qu'est la Constitution, mais ils se ridiculisent en poursuivant une jeune pacifiste qui n'a fait que s'exprimer avec des moyens dérisoires. 

A-t-elle menacé l'ordre public ? A-t-elle attaqué quiconque, attenté à la liberté d'autrui ? Elle n'a fait que taguer un mur comme les jeunes l'ont fait durant les journées mémorables de la Révolution. La poursuivre aujourd'hui, c'est insulter tous ces jeunes; et c'est cracher sur leur révolution !

Et elle n'a tagué qu'un mur de cimetière, non point un bâtiment public, un ministère de souveraineté; pourtant, nos responsables irresponsables y trouvent une atteinte au prestige de l'État. Ainsi ne font-ils que se couper encore plus du peuple pour incarner l'autorité fantoche qui habitait cet État.

Le véritable prestige de l'État est dans le prestige du peuple, qui réside dans une dignité magnifiée par le droit à la liberté et à l'impertinence. Il n'est, en effet, nulle démocratie sans le droit garanti à l'impertinence.

Reprocher en plus à Amina de porter un instrument d'autodéfense, c'est se rendre coupable de complicité des violences commises par les fanatiques que l'État ne peut ou ne veut empêcher d'empiéter sur la liberté sacrée d'autrui.

Et comment le ferait-il lorsqu'on entend certains de ses représentants prétendre que le militantisme purement pacifique d'Amina et ses consœurs serait bien pire que les turpitudes des groupes fanatisés de l'ordre moral qui n'est que de la pure moraline ?

Nos autorités ajoutent le ridicule à l'hypocrisie en prétendant ne faire qu'appliquer des lois dont elles avaient pourtant eu à souffrir quand elles étaient persécutées; que leur mémoire est donc si courte! Et que le silence du ministre des droits de l'Homme est bien lourd, tellement sinistre, quand on foule au pied les droits de ses concitoyens sans qu'il réagisse, n'osant niy mettre le holà ni se démettre.

Si nous autorités sont aussi sincères qu'elles le prétendent, que ne s'empressent-elles de décider, pour le moins, un moratoire à l'application des lois de l'ancien régime, ces lois scélérates avec lesquelles on continue d'opprimer le peuple tunisien, lui voler ses libertés, violer sa dignité !

Se coulant cyniquement dans le moule juridique de l'ancienne dictature, ils ne font qu'accélérer le risque de plus en plus évident de refaire sortir le peuple dans les rues pour réactiver une révolution en train d'être récupérée par ceux qui n'ont en tête que le pouvoir et ses délices.

Aujourd'hui aux arrêts, Amina est demain une nouvelle victime d'opinion dans les prisons d'une République qui peine à se libérer de la dictature des mauvaises habitudes. C'est qu'elleest de nouveau là, la dictature, dans cette banalité du mal si incrustée dans les têtes. Et cela appelle inéluctablement une révolution mentale que le peuple, désormais en avance sur ses élites, finira pas la leur imposer par la force après l'avoir en vain réclamée à cor et à cri.

Amina en prison et c'est toute la jeunesse qui dansait hier dans la rue qui écrira sur sa poitrine dénudée : nous sommes tous Amina! La pudibonderie de nos faux saints aminera alors, car les seins nus, comme ils mettent le feu aux sens de nos tartufes, embrasent aussi les foules, incendiant les têtes éprises de dignité. Or, la liberté est la première des dignités.

Attention, donc, gens au pouvoir, la patience du pays est en train d'aminer au spectacle de la curée faite à la gente demoiselle; une condamnation injuste de l'enfant innocente ne la fera que définitivement s'évaporer pour laisser place à cette effervescence incontrôlable de l'ère des foules postmodernes dont est saisi notre pays !

Alors, toute la Tunisie, et bien au-delà, scandera Amina et écrira ce nom comme on a écrit celui de toute libération. Que l'on arrête donc d'exacerber la colère grondante dans les masses; car à réprimer injustement Amina ainsi qu'on lefait, on n'arrive qu'à miner le courroux d'un peuple d'autant plus paisible qu'il est farouchement attaché à sa liberté. Et Amina est aujourd'hui une incarnation de cette liberté.   

Farhat OTHMAN
 

Tags : Amina   Femen   Tunisie  
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8 Commentaires
Les Commentaires
Mahmoud - 30-05-2013 13:07

Bravo à nos pseudo modernistes défenseurs des droits de l'homme et de la dénaturalisation. Ces lâches sont refoulés dans leurs pays et certains de notre élite, se trouvant en perdition, se portent défenseurs des ordures de l'homme. Les droits de l'homme c'est d'abord respecter l'homme à commencer par soi. Pleurnicher pour un soutien (surtout financier) d'une frange de la société civile européenne ne sera plus que des illusions. Ayez les pieds sur terre au lieu de défendre le diable au nom des droits de l'homme

Dr. Néjib BOURAOUI (Politologue) - 30-05-2013 13:46

Désolé ! Il y a une mauvaise compréhension ou une ignorance malsaine de la culture arabo-musulmane de 99,99% du peuple tunisien qu'il y a lieu de respecter. En plus, la législation tunisienne, tout comme la législation de plusieurs pays occidentaux et démocratiques, interdisent le nudisme sous toutes ses formes. La démocratie n'est pas l'anarchie. En plus, ce comportement qualifié d'ignoble et de maladif par bon nombre de Tunisiens est une affaire de justice et non pas une affaire d'exhibitionnisme médiatique!

Mahmoud - 30-05-2013 14:43

Tu es seul Amina Personne ne t'a demandé de parler en son nom Modernité Médiocrité Méchanceté

hatem zribi - 30-05-2013 15:17

Je rappelle vivement à l'auteur de cet article ridicule que la Tunisie a été, est et sera toujours un pays musulman, donc il n'a qu'à ravaler ses slogans athées (ni dieu ni maître). En plus, il essaie de nous faire croire que cette pauvre fille est innocente alors qu'en plus de montrer ses seins (attentat à la pudeur), celle-ci ose écrire des saloperies sur un mur de cimetière (lieu sacré) dans la capitale aghlabite, berceau de l'islam en afrique du nord tout en trimbalant une bombe à gaz paralysant. Alors si tout cela n'est pas condamnable qu'est ce qui peut bien l'être?? Par ailleurs, l'auteur essaie en parallèle de règler ses comptes avec les gouvernants alors que s'il était un vrai démocrate il devrait comprendre qu'il faut laisser la justice faire son travail en toute indépendance. Enfin, il rêve que tout le peuple tunisien va défendre cette pauvre fille alors que ce dernier l'a déjà condamnée bien avant la justice.

MoB - 30-05-2013 23:46

Mr. Farhat Othman m'étonne enocre une fois par sa sensibilité et son humanisme! je suis tout à fait d'accord avec lui. j'ajout quelque chose d'ailleurs: si on compare les excès des salafistes qui ont fait l'éloge de la violence contre les démocrates, les intellectuels et les libéraux_ si on fait cette comparaison_ avec la prétendue transgression de la pauvre Amina, qui est plus coupable, Amina qui s'insurge contre ce qu'elle juge comme une répression ou les extrémistes qui veulent prendre une société en otage?

ally - 02-06-2013 00:21

Je crains que vous vous creusez les neurones inutilement car votre article est bien écrit mais malheureusement pour un sujet ignoble qui ne mérite pas tout ça. Aux états Unis ; il y a même une loi qui interdit aux gens de se promener en monokini ou de boire bière et vin publiquement ; chère Mr. D'ailleurs ; je suis content que personne ( ni parti, ni association, ni population) n'a suivi cette malheureuse( poussée par des malins ; va voir pourquoi ?)

EL GHEZAL - 22-06-2013 13:10

En lisant certains commentaires ...beaucoup de tunisiennes et de tunisiens rêvent d'une Tunisie à la saoudienne ou afghane. Pauvre femme tunisienne et pauvre nouvelle TUNISTAN

Najeh Aymen - 20-07-2013 16:17

Toujours , nous avons des peudo modernistes en Tunisie, qui sont malheuresement sensibles de tous qui est de l'Islam,et qu'ils nies que ce peuple est fortement ancrée à sa relegion musulmane ! Alors Mr Farhat pourquoi vous etes avec amina ?? par ce qu'elle a exhibée sa poitrine nue couverte des slogans, ou parcequ'elle taguée le mot "Femen" sur un muret près d'une mosqué??? est-elle la seule fille emprisonnée pour avoir commis des gestes immoraux , ses homologues sont nombreux et elles sont sanctionnée suivant la loi ??...Je vois qu'il est inutile et meme bizarre de consacré un article pour défender l'indéfendable!

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