Après le Général Ammar?
Le Général Ammar a choisi une émission, une chaine et une heure de grande audience pour faire passer un message direct au peuple tunisien.
Il a préféré transgressé les lois de la hiérarchie et annoncé lui-même son retrait de l’armée ce qui est hautement significatif.
Il nous a laissé entendre, je crois, que les mauvais coups se sont multipliés et qu’on ne veut plus de lui, d’où son refus de rester encore davantage au-delà de ses droits à la retraite.
Le peuple est maintenant bien averti directement par le Chef des trois armées qu’un danger réel et bien actuel de renversement de l’Etat, par la force des armes, existe et ne désarmera pas de sitôt et qu’il va falloir combattre.
C’est « el Quaida » qui serait derrière ces putschistes ? De quelle protection ces terroristes jouissent-ils, dans le pays et à l’étranger ?
A notre avis, pour combattre ce mouvement qui semble bien enraciné dans le pays et comportant des cellules dormantes travaillant, selon un plan et un calendrier bien définis, la mobilisation générale est de mise.
La société civile doit donc faire pression sur l’Etat pour qu’enfin le peuple sache qui est véritablement derrière ces groupuscules rampants, qui les finance et les couvrent de son manteau protecteur, pour s’en prémunir efficacement.
Si l’Etat n’est pour rien, dans ce terrorisme rampant, il devra démontrer sa bonne foi, pour rétablir la confiance d’une grande partie du peuple dans ses structures. A cet effet, six mesures, au moins, doivent être prises, à mon sens :
La première, est d’amener tous les partis politiques et toutes les associations à se prononcer, sans ambiguïté, sur la non-violence sous toutes ses formes. La Loi doit être appliquée en cas de violation par les contrevenants, sans aucune distinction.
La seconde, est de revenir sur les désignations faites par le Pouvoir, au sein de l’Administration, particulièrement au niveau régional. Nous venons d’apprendre le rôle combien efficace réalisé par les « omda » pour repérer les « brebis galeuses ». Les nouveaux omda ne semblent pas s’être acquittés de ce rôle puisque la zone protégée d’Echaanbi a été investi par les terroristes au vu et au su de tout le monde.
La troisième mesure est de réactiver la cellule de renseignements destiné à collecter et à étudier les informations sur l’identité, la structure, les circuits de financement et la stratégie de ces groupuscules qui minent insidieusement notre société. A cet égard, les agents de la sécurité, exclus par Rajhi, doivent reprendre leurs fonctions après avis des syndicats de police.
La quatrième mesure à prendre est de mettre la main sur tout terroriste reconnu comme tel par la justice tunisienne ou internationale et dont la libération n’aurait dû pas se réaliser. A cet effet, l’ANC doit amender sans tarder la loi d’amnistie qui doit exclure de son champ d’application ces individus.
La cinquième mesure est de s’attaquer, selon un plan efficace, à toutes les formes de trafics et de contrebande d’armes et de produits.
La sixième mesure est que les médias commencent à faire leur autocritique et arrêtent leur propre code de déontologie. L’excès de liberté nuit à la liberté en commençant par ne pas publier les fausses informations et par le choix de ce qu’on doit publier.
Si le Général Ammar va enfin partir à la retraite, suivant ainsi, de quelques mois, la démission de Monsieur Zbidi, le Ministre de la Défense, c’est le signe qu’il a rencontré de sérieuses résistances dans son combat, et des attaques injustifiées qui ne l’encouragent pas à poursuivre son sacrifice. Cet homme avait l’air de nous dire, le cœur serré, qu’il a en a marre, devant notre ingratitude !
Son successeur, aura-t-il l’étoffe, le souffle nécessaire et l’appui clair de la société civile, des médias et des partis politiques pour faire aussi bien, voire mieux, tout en restant à cheval sur les principes d’une armée républicaine ? L’avenir nous le dira.
Mokhtar El Khlifi
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