Elyès Jouini : Des propositions pour une sortie de crise
Plus que jamais, je suis convaincu de la nécessité de ménager toutes les parties, de permettre à chacun une sortie honorable et d'offrir à chacun des garanties quant à sa présence future sur la scène politique quels que soient les résultats des prochaines élections.
Ce point est, me semble-t-il, crucial et l'exemple égyptien a certes pour vertu de montrer qu'une volonté excessive de contrôle de l'ensemble des rouages de l'Etat est contre-productive mais a aussi pour effet de démontrer que sans règles bien pensées, l'alternance politique peut se résumer à une règle du "tout ou rien" génératrice de violence!
D'autre part, la chute du gouvernement et la nomination d'un nouveau cabinet semblent inéluctables et il est évident que la Troïka se doit d'entériner un rapport de force fondamentalement différent de celui du 23 octobre 2011.
Cependant, la nomination immédiate d'un nouveau gouvernement dans la situation actuelle risque d'être inopérante. En effet, la seule mission crédible pour un gouvernement de compétences dans la situation actuelle et avec un horizon aussi court, serait d'organiser des élection transparentes. C'est en soi un objectif majeur mais il est trop tôt et un tel gouvernement risque de s'épuiser avant même de remplir cette mission. D'autre part, un gouvernement d'union nationale serait la pire solution car ce serait un attelage bancal et incapable de faire face à la menace sécuritaire actuelle.
Pourquoi ne pas:
Demander la démission immédiate du gouvernement Larayedh avec engagement qu'il lui sera demandé de rester en poste jusqu'à une date à arrêter d'un commun accord (au plus tard le 23 octobre) en échange de son engagement à lutter efficacement contre le terrorisme et la violence y compris celle portée par les LPR. Ce serait, pour le gouvernement Larayedh, un acte fort et à haute portée, une contribution patriotique, à la sortie de crise. D'autre part, il est clair que toute solution impliquant un changement de gouvernement prendrait du temps pour sa mise en oeuvre. Autant faire en sorte que ce temps soit utilisé de manière efficace comme l'illustrent les points suivants:
1 - La constitution étant quasiment achevée et la constituante ayant réalisé un travail considérable, il ne reste plus que des problèmes techniques à régler (incohérences et contradictions entre certains articles,...). Ces derniers seraient alors traités par un comité d'experts qui pourrait notamment partir du rapport d'expertise commandé par le Président de l'ANC à des experts internationaux et qui met bien en exergue les ambiguïtés et incohérences qui restent à lever. Ce travail se ferait sous la supervision d'un comité politique constitué d'un à deux responsables par grande famille politique. Il sera bien plus facile de régler les problèmes en suspens à 10 ou 20 qu'à 217 et il est clair que si un accord est trouvé entre les principales formations politiques, il aura toutes les chances d'être endossé par l'ANC.
2 - La crise actuelle ayant démontré les dangers de la radicalisation et de la bipolarisation excessive, le comité ci-dessus aurait également pour mission de réfléchir aux moyens de maintenir l'opposition (celle d'aujourd'hui comme celle de demain) sur la scène. Quelques pistes:
- prévoir que statutairement la présidence de certaines commissions (dont celle des finances) soient présidées par un représentant de l'opposition. C'est la garantie que les deniers de l'Etat ne seront pas utilisés pour maintenir indéfiniment au pouvoir la majorité du moment,*
- prévoir, pour certaines hautes fonctions notamment pour les principaux responsables de la sécurité, une nomination aux 3/5 par l'Assemblée et après audition...
Car ce n'est que lorsque chacun saura qu'il doit composer avec les autres que l'on arrivera à stabiliser, dans la durée, un climat politique compatible avec une réelle démocratie.
3 - L'ANC resterait suspendue jusqu'à la date de remise par ce comité (assisté des experts) de propositions finalisées et ce avant la date arrêtée en commun accord au point 1 ci-dessus.
4 - L'ANC serait alors convoquée pour discuter et approuver cette mouture finale et ce de manière à ce que l'approbation coïncide avec la date définie ci-dessus, date de prise d'effet de la démission du gouvernement Larayedh.
5 - A cette date, prendrait effet la nomination d'un gouvernement de compétences très restreint avec pour mission essentielle la préparation des élections.
6 - Dans un tel schéma, il faudrait également prendre en compte l'éventualité qu'Ennahdha n'accepterait jamais de perdre la présidence du gouvernement en laissant les deux autres présidences certes à des alliés mais des alliés minoritaires. C'est donc l'ensemble des trois présidences qu'il faudrait remettre en cause.
On peut alors imaginer que, pendant cette période pré-électorale, il y ait dissolution de l'ANC, la présidence de la république serait donnée à Ennahdha et le gouvernement (indépendant) légifèrerait par décret éventuellement sous la houlette d'une instance politique resserrée (éventuellement la même que celle du point 2 ci-dessus). Ce qui permettrait à tous les partis de se concentrer sur la préparation des élections.
Elyès Jouini
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on appelle cela une Chakchouka à la tunisienne, c'est trop compliqué et peu réaliste, le peuple est sorti pour demander la chute du Gt et la dissolution de l'ANC qui a dépassé sa date limite de validité! c'est la voix de la rue qui va dorénavant s'exprimer, tous ces bricolages ne mènent à rien et la légitimité ne veut plus rien dire!Z23PR5
La bonne fois existe, certes, mais les propositions sont trop complexes et trop morcelées! Créer un gouvernement de compétences nationales jouissant de la confiance de l'opposition et de la Troïka serait le seul moyen de sortir de la crise actuelle! Parallèlement, l'ANC doit se fixer solennellement une date définitive (23 octobre 2013 !) pour la finalisation du texte de la constitution et l’achèvement de la composition du comité d’organisation des élections (ISIE) ! Par ailleurs, l’ANC et le gouvernement de compétences nationales doivent s’auto-dissoudre juste après la tenue des prochaines élections législatives et présidentielles (de préférence le 14 janvier 2014 !). Par contre, dissoudre l’ANC avant la tenue des prochaines élections entrainerait un vide politique dangereux qui enfoncerait le pays dans une guerre civile meurtrière et destructrice ! La Tunisie a besoin d’une trêve de paix, de dialogue et de concorde et ceux qui appellent aujourd’hui à la dissolution de l’ANC, aux sit-in, à la colère et à la violence seront les principaux responsables d’une éventuelle guerre civile en Tunisie !!
La solution n’est ni économique, ni sociale mais dans tout dire sans violence Si on essaie de comprendre ce qui se passe dans la tête et dans le cœur des gens qui sont en conflits, et comment ils vont droit dans le mur, pas seulement le gouvernement. Naturellement on a toutes les raisons de croire que se sont les mêmes réflexes, les mêmes erreurs qui minent la gestion des conflits non conjugaux, qu’il s’agisse de nos enfants, de nos parents, de notre belle-famille, de nos supérieurs et de nos collègues de bureau et surtout des manifestants et sit-inneurs du Bardo. Mais quels sont donc les principes de la communication efficace, celle qui fait passer le message sans aliéner son destinataire, celle qui, au contraire, lui inspire du respect et lui donne envie de nous aider ? Partout dans le monde, Qu’il s’agisse d’écoles de quartiers défavorisés, de grandes entreprises en cours de restructuration, de couple, d’opposants au régime politique. Le premier principe de communication non violente est de remplacer tout jugement – c'est-à-dire toute critique – par une observation objective. Au lieu de dire « un gouvernement incompétent » ce qui met immédiatement la personne à qui l’opposition parle sur la défensive. Il vaut mieux tout simplement être objectif et précis : « nous sentons l’effort de la sureté nationale pour établir la paix mais nous sommes frustrés de ne pas réaliser les objectifs de la révolution et nous vous proposons notre aide » plus on est précis et objectif, plus ce que l’on dit est interprété par l’autre comme une tentative de communication plutôt que comme une critique potentielle. Une étude qui s’est penchée sur la relation entre la littérature d’un pays, ses infos, son élite politique et son humour –caméra cachée- et la violence de ses habitants : selon celle-ci, plus les œuvres contiennent des termes qui classent les gens – qui les jugent comme « bon » ou « mauvais » - , plus la violence s’exprime librement dans les rues du pays. Il suffit d’écouter Hamma Hammami ou quelques membres de l’ANC sur les plateaux de Tv pour s’en apercevoir. Le deuxième principe est d’éviter tout jugement sur l’autre pour se concentrer entièrement sur ce que l’on ressent. C’est la clé absolue pour non seulement passer son message mais surtout communiquer. Car si je parle de ce que je ressens, personne ne peut en débattre avec moi, si je dis « je suis frustré, délaissé, oublié et humilié malgré la liberté d’expression que je ressens » aucun ne pourra a remettre en cause mes sentiments. Toute l’effort consiste à décrire la situation avec des phrases qui commencent par « je » plutôt que par « tu, vous ». En parlant de moi je ne critique plus mon interlocuteur. Je ne l’attaque pas, je suis dans l’ouverture. C’est justement cette candeur qui fa désarmer l’adversaire et lui donner envie de coopérer. Veiller donc à ce que son interlocuteur soit à l’aise dés les premiers mots, lui ouvrir les oreilles plutôt que de les fermer. Je sais parfaitement que cette démarche a quelque chose de surréaliste, surtout quand il existe si peu de modèles dans notre entourage dont nous inspirer
Comment peut on faire confiance à ce gouvernement actuel...personnellement je ne peux plus lui faire confiance. Il soutien par son aisser aller le terrorisme en Tunisie et cela est une chose inadmissible quelque soit le prix à payer...
Ces bonnes propositions peuvent être mises à contribution par les partenaires politique autour d'une table qui serait présidée paru l'UGTT épaulée par ses partenaires
il n'est pas possible de maintenir l'ANC car la Troika va a chaque fois faire appel au reglement interieur pour faire passer ce qu'elle voudra et il faudra a chaque fois revenir a la rue pour l'obliger a ne pas le faire. Donc si l'ANC reste ca ne peut etre qu'avec d'autres regles de fonctionnement et ceci risque de prendre plus de temps. Le principal probleme est que le temps fait defaut actuellement a La Tunisie si on veut qu'elle soit sauvee, alors que Ennahdha joue la montre....
Commentaire révisé: En suite de mon précédent commentaire sous l'article relatif à la proposition de Mr Mansour MOALLA intitulé " MOALLA ppropose à Mr BEN JAAFAR un plan très clair de sortie de crise" (leaders 16/08/2013), il faut creuser davantage les solutions politiques préconisées au concret:surmonter les obstacles juridiques émanant du dispositif actuel mis en vigueur notamment par la loi institutionnelle n°6 /12/2011(dite "petite constitution") et les réflexions ci-après rapides trés ramassées et non plus complètes en constituent des exemples: 1/la préconisation de dissoudre l'ANC: Etant donné qu'au niveau du cadre juridique et politique actuel, il est inadmissible de concevoir que l'ANC proclamerait sa propre dissolution et peu probable de se retrouver dans une situation similaire à celle suivant la révolution,une telle proposition impliquerait alors la suspension des travaux de l'ANC avec en même temps une habilitation émanant de cette dernière au profit du gouvernement de compétences nationales constitué et si accepté au niveau politique pour qu'il puisse agir et assurer le fonctionnement de l'Etat à échéance y compris la préparation des élections et ce par décret,la finalisation du projet de constitution étant projeté à confier à un groupe d'experts indépendants selon cette proposition,l'ANC sera ainsi appelé strictement à approuver le projet final de constitution. Ainsi ,la loi dite "petite constitution" serait largement écartée reste encore le Président de la République et son statut à résoudre en conséquence de la proposition visant à dissoudre ou à suspendre l'ANC ,qui pourrait être logiquement supprimé ou suspendu en cette période jusqu'aux élections. 2/Autres préconisations visant à garder l'ANC avec restriction de ses compétences et à former un nouveau gouvernement: Quelles qu'en soient les variantes de cette option ( gouvernement de technocrates, gouvernement d'unité nationale aménagé...),la loi dite "petite constitution" devra être revue et révisé en face de toute solution politique retenue garantissant sa mise en oeuvre et le respect de ses termes notamment : -au niveau des compétences de l'ANC ( restrictions projetées aussi bien dans le temps que dans l'espace que dans les règles de vote..) avec les habilitations nécessaires au gouvernement pour assurer ses fonctions telles que convenues jusqu'à échéance. -au niveau de la fixation des taches du gouvernement et ses termes dans le temps ainsi que ses moyens d'action à terme, selon la solution politique retenue. -au niveau du statut du Président de la République et ses taches éventuelles en fonction du scénario politique retenue. -au niveau des règles du vote permettant la mise en oeuvre et l'effectivité de la solution politique convenue. - au niveau de l'achèvement et l'approbation du projet de constitution et ses échéances en fonction de l'entente politique trouvée. -au niveau de la garantie de la préparation des élections en toute indépendance, impartialité et transparence. -au niveau du règlement des conflits éventuels en cette période de transition et les garanties du respect des engagements politiques convenus entre les différentes parties. Ce sont là quelques pistes de réflexions non complètes afin de pouvoir arriver à instaurer aux solutions politiques avancées leurs mécanismes juridiques appropriés àfin de garantir leur mise en oeuvre et leur respect dans la pratique.