Y a-t-il eu vraiment un accord secret entre Caïd Essebsi et Ghannouchi ?

Y a-t-il eu une transaction entre Béji  Caïd Essebsi et  Rached Ghannouchi lors de leur dernière rencontre, le 14 août de'rnier à Paris ? La rumeur, à force d’être ressassée, est devenue une vérité d’évidence. On ne discute plus de l’existence de l’accord, mais de son contenu. Pourtant, on voit mal les deux hommes conclure un marché dès leur première rencontre et en présence de tierces personnes, courant ainsi le risque de fuites qui viendraient confirmer ce qu’on avait soupçonné dès le début : un partage du pouvoir entre les deux partis au détriment de leurs alliés respectifs, en somme une sorte de Yalta à la tunisienne.

Une personnalité qui les a rencontrés dernièrement, séparément, écarte cette éventualité : « Rien dans leurs propos ne donne à penser qu’il existe une connivence entre les hommes, nous confie-t-il, puisqu’ils continuent à défendre des idées diamétralement opposées. Je crois qu’ils sont trop intelligents pour prendre un tel risque qui peut les discréditer tant auprès de leurs partenaires que de leurs troupes. La réunion de Paris a surtout  permis aux deux hommes de se jauger. Ce qui est déjà important. Par contre, passer si vite aux accords secrets aurait été le comble de la maladresse». En tout cas ce premier entretien a permis de briser la glace entre les leaders des deux principaux partis du pays. Il faudra d'autres rencontres pour la confiance soit établie  et sand doute plus si affinités.

En tout cas, la méfiance dans le camp de BCE était si grande que Hamma Hammami  a dû rencontrer le leader de Nidaa Tounès à deux ou trois reprises à son retour pour être totalement rasséréné. Comme les rumeurs persistaient et même enflaient, le secrétaire général  de l’UGTT, Houssine Abassi a certainement éprouvé le même sentiment. En prévision de la réunion de la Commission Administrative, il a tenu jeudi à être rassuré à son tour et de la bouche même de Si Béji (Mme Bouchammaoui a rencontré pour sa part Rached Ghannouchi). Les propos de Caïd Essebsi ont dû lui mettre du baume au coeur :  «l’opposition  a fait toutes les concessions possibles. C’est à la troika de faire à son tour  des gestes pour épargner au pays une grave crise économique et politique qui risque de porter un coup fatal au processus démocratique. En tout cas, Nidaa Tounès a fait sienne l’initiative de l’UGTT et continuera à l'appuyer parce qu'elle constitue un facteur de concorde entre tous les Tunisiens. C'est un engagement ferme de notre part».