La grève des journalistes: le silence embarrassé de la Troika
A l’exception des médias proches du mouvement Ennahdha (chaînes de télévision et journaux), et El Wataniya 2 qui a retransmis la séance plénière de l’Assemblée nationale constituante, la presse nationale a suivi mardi dans son écrasante majorité, le mot d’ordre de grève générale dans les médias, lancé par le Syndicat National des journalistes tunisiens pour la deuxième fois depuis la révolution. Un sit in a été observé devant le siège du syndicat à Tunis auquel ont pris part, en plus des journalistes, des dirigeants politiques et des élus dissidents de l’ANC ainsi que des avocats.
Bien que paraissant ce matin, les quotidiens ont réservé une large place à la grève générale, avec des titres barrant la première page: «Liberté pour les journalistes tunisiens» réclame Attounissia, alors que le Temps évoque une «bataille de la liberté d’expression qui fait rage». Dans les radios, la journée a été réservée aux débats sur la presse, conformément aux consignes du syndicat, alors que dans la classe politique, l’opposition est unanime dans son soutien aux journalistes. Par contre au sein de la troika, on évite de prendre position sur la grève, tout en proclamant son attachement à la liberté de la press. A l’exception toutefois de Raouf Ayadi qui n’hésite pas à qualifier la grève de politique et « qui n’a rien à voir avec la défense de la profession ».
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Le combat pour la liberté d'expression se fait actuellement à l'honneur de toute la Nation: c'est l'un des piliers de la dignité. Mais le combat pour la liberté consiste aussi à se battre pour être à la hauteur de cette liberté. En se souvenantde Rabelais,on pourrait dire :" Liberté sans conscience risque d'aboutir à la violence. Il appartient aux instances compétentes et démocratiquement élues de veiller au respect des seuils, sachant que tout a des seuils .Il faut savoir se les définiret les respecter
La Troïka a toujours dit être en faveur de la Liberté d'expression, mais en réalité, elle a invariablement été critique des analyses avancées par des journalistes et chroniqueurs (par exemple, sur les plateaux de TV, on se rappelle des accusations de M. Lotfi Zitoun à l'encontre des médias; on n'oublie pas les réactions farouches de M. Khalil Zaouia contre les journalistes lors de débats télévisés...). Et que M. Raouf Ayadi qualifie la grève des journalistes de "politique", cela n'est pas nouveau: tout acte qui ne sert pas les intérêts des parti au pouvoir et leurs alliés est qualifié de "politique"...
«Il n’est possible d’avoir sa tête dans le ciel que si l’on garde ses pieds sur terre » est-il écrit dans le Talmud. Rappeliez vous votre situation avant le 14 janvier, La non-résolution du dossier des médias, laissant le champ libre à la toute-puissance et à la toute-jouissance pulsionnelle incontrôlée et incontrôlable de ces derniers, n’aboutit qu’à la violence perverse et à l’autodestruction La culpabilité interdit donc aux médias de faire à autrui ce que vous ne voudrez pas qu’il vous fasse : demander la démission du gouvernement lors de votre manifestation, parce que ce gouvernement n’a pas su résoudre vos problèmes, et les tunisiens silencieux à ce jour, ont ras-le bol de vous voir demander encore de liberté alors que vous vous en gavez sans cadre.