Carthage Cement sauvée : quid des autres entreprises confisquées ?

L’inauguration samedi de la plus grande cimenterie d’Afrique Carthage Cement (6.500 tonnes / jour), implantée dans la banlieue sud de Tunis, consacre un sauvetage réussi d’une entreprise confisquée qui a failli sombrer dans des difficultés inextricables. Insuffisance des ressources financières, troubles sociaux et pressions pour le recrutement, problèmes de management et autres : rien n'a manqué pour bloquer l’usine en cours de construction et compromettre le projet. Le transfert des actions revenant à l’Etat à Al Karama Holding, la désignation d’un nouveau directeur général (Riadh Ben Khelifa, rompu à la relance d’entreprises industrielles) et la mobilisation des banques tunisiennes pour fournir le complément financier nécessaire, ont été au cœur de tout un dispositif mis en place par les pouvoirs publics.

« Le résultat est probant, comme l’a souligné, Ridha Saïdi, ministre auprès du chef du Gouvernement en charge des affaires économiques. La forte détermination et le suivi au quotidien, ont aplani les difficultés. Aujourd’hui, la cimenterie est entrée en production ».Carthage Cement a ainsi été sauvée. Qu’en est-il des centaines d’autres entreprises confisquées et qui connaissent des sorts différents.

Les plus heureuses sont, sans doute, celles dont la part revenant à l’Etat a été vendue. C’est le cas d’Ennakl (Wolkwagen, Audi, Porsche…), City Cars (KIA), Stafim (Peugeot), etc. D’autres s’embourbent dans des difficultés surtout financières. Les exemples ne manquent pas : Dar Assabah, Radio Zitouna et Shems Fm, dans le pôle média, pour ne citer que celles-là. Pourtant, le duo Ahmed Abdelkéfi et Mohamed Ali Chekir aux commandes d’Al Karama Holding se déploient tous azimuts pour gérer un portefeuille de plus 50 entreprises qui se répartissent en  8 pôles, allant de l’industrie, à la promotion immobilière, en passant par les services financiers, l’éducation, l’agriculture le transport aérien et les télécommunications.Leur expertise s'avère fort utile.

Une autre quinzaine d’entreprises confisquées ont été confiées à la CDC Développement dirigée par Abdelhamid Boughanmi. Elles aussi exigent suivi rigoureux, mise à niveau et redéploiement à la recherche de la rentabilité et de la préservation des emplois.

Reste le cas des biens immobiliers confisqués : terrains nus, appartements, villas, magasins, dépôts et autres. Qu’en faire ? Comment assurer leur entretien, leur gardiennage, leur location ou mise en vente ? Une société spécialisée à été constituée à cet effet et elle se débat dans la gestion de ce dossier bien épineux.

La présence de quatre ministres lors de l’inauguration samedi de Carthage Cement témoigne sans doute d’une volonté de marquer une réussite. Ridha Saidi, Ministre auprès du Chef du gouvernement, chargé des affaires  économique, Mehdi Jomaa, Ministre de l’industrie, Elyes Fakhfakh, Ministre des Finances et son prédécesseur par intérim, Slim Besbès, ont chacun pour sa part contribué à l’aboutissement réussi du projet aujourd’hui entré en production. Maintenant que la mission du Gouvernement Laarayedh approche de sa fin, leurs successeurs dans le prochain gouvernement, auront la lourde tâche de sauver ce patrimoine.