Contre le « Putsch parlementaire »: Ettakatol suspend sa participation à la Constituante
La Troïka en prend un sacré coup alors que le Dialogue national est complètement bloqué. Après la suspension par Mustapha Ben Jaafar, le 6 août 2013, des travaux de l’Assemblée nationale constituante, suite à l’assassinat de Mohamed Brahmi, voilà que les élus d’Ettakatol décident mercredi tard dans la soirée de suspendre leur participation à l’ANC. Ils s’étaient bien retenus de rejoindre la soixantaine d’élus de l’opposition qui s’étaient retirés pendant plus de trois mois, mais voilà les Mouldi Riahi, Lobna Jeribi, Jalel Bouzid et les autres d’Ettakatol, en plein désenchantement, claquer la porte, n’hésitant pas à reconnaître : « trop, c’est trop » ! »
La torpille contre Mustapha Ben Jaafar et son parti est venue de la majorité au sein de l’ANC, Ennahdha et ses autres partenaires. Chahuter le Dialogue national, comme le souligne certains ou plutôt sanctionner Ben Jaafar pour avoir suspendu les travaux de l’ANC et surtout prendre le dessus sur ceux qui s’étaient retiré ? Tout à la fois, affirment des analystes. Profitant de la brèche ouverte à la faveur de la révision du règlement intérieur, les « légitimistes » s’en sont donné à cœur joie pour limiter les attributions du président de l’Assemblée et de son bureau. Au titre des amendements imposés, une majorité de 109 voix sur 217, Ennahdha détient 90 sièges, suffit pour décider de la tenue d'une plénière et de son ordre du jour, sans passer par le Bureau de l'Assemblée.
« C’est un putsch parlementaire qui ne vise qu’à garantir à la Troïka son maintien au pouvoir », criera Mohamed Hamedi, avant de sonner le retrait à nouveau de ceux qui étaient en sit-in face au siège de l'Assemblée. La troïka moins Ettakatol, rectifieront immédiatement les coéquipiers de Ben Jaafar.
"Trop, c'est trop!"
Réunion houleuse du Bureau politique mercredi soir au siège du parti à Montplaisir. Jusqu’à minuit, les débats ont été âpres pour aboutir à la décision, jusque-là inédite, de « la suspension du groupe parlementaire, tant pour les séances plénières que pour les commissions », selon un communiqué publié aux aurores. Les termes sont bien choisis: « Le Bureau politique considère que ces amendements mettent en cause les équilibres politiques sur lesquels repose l’Assemblée et ses instances et portent atteinte au rôle du Bureau de l’Assemblée et de la mission qu’y assume l’opposition, ce qui est de nature d’aggraver la crise actuelle et met en danger le climat politique nécessaire pour la réussite du Dialogue national ».
Dans le même communiqué, « Ettakatol appelle le président de l’ANC à entreprendre les consultations nécessaires avec les présidents des groupes parlementaires et le Quartet pour rattraper ces amendements ».
Encore un nouveau blocage, cette fois-ci donc du processus constitutionnel, alors qu’il avait bien démarré. L’imbroglio est total.
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