Pourquoi la Tunisie surseoit à l'exploitation du gaz de schiste

La décision, "politique souveraine", est tombée: officiellement, la Tunisie surseoit à l’exploitation du gaz de schiste. Surseoir, ne signifie pas renoncer complètement, mais ne pas l’autoriser pour le moment. A ceux qui affirment que des contrats ont été signés avec de grandes compagnies internationales, que des permis ont été accordés et des explorations engagées, le ministre de l’Industrie, Mehdi Jomaa a apporté un démenti formel. «Rien de tout cela, affirme-t-il. Il faut prendre le temps d’étudier la question sous tous ses angles, en profondeur et consulter l’ensemble des parties concernées, avant de prendre une décision».

«Lors de son démarrage, révèle le ministre, le gouvernement actuel avait trouvé un dossier bien avancé et on devait signer avec Shell ». Pourquoi Shell ? «De toute façon, dit-il, il fallait opter pour une grande compagnie capable de prendre le risque des investissements nécessaires pour la prospection. Elle a dû faire une bonne proposition et la Tunisie a dû préserver ses intérêts. Mais, la question est ailleurs. Nous nous sommes dit que pour procéder à une bonne évaluation, il convient d’analyser tous les facteurs de risque et étudier les moyens de les couvrir, mais aussi élargir les consultations. Il faut aussi évaluer  de la manière la plus précise possible nos réserves et en tenir compte dans la réflexion globale, mais surtout dépassionner les débats et les rationaliser».

«Nous sommes entrés alors dans un contexte politique qui n’est pas favorable à l’autorisation de l’exploitation du gaz de schiste, explique Mehdi Jemaa. Et la décision a été d’y surseoir. On ne peut trancher pareille question que si tous les éléments nécessaires sont réunis et dans un climat serein». Face au déficit énergétique qui s’aggrave en Tunisie, le ministre reconnaît : «A la limite le gaz de schiste peut représenter une solution, mais pas toute la solution. Pour le moment, on n’est pas encore là»,conclut-il.