Opinions - 14.12.2013

La souveraineté nationale et l'ingérence «plébiscitée»

Les principes fondamentaux guidant la conduite d’un pays soucieux de préserver sa souveraineté nationale sont invariables et indiscutables: dignité nationale et refus de toute ingérence étrangère. Ces principes ne sont évidemment pas négociables en fonction des rapports de force au plan international ou régional. S’il en était autrement, la souveraineté nationale n’aurait plus de sens. Et plus un pays est petit et démuni, plus grande doit être sa vigilance et plus intransigeante sa fermeté. Une ingérence étrangère reste parfaitement  inconciliable avec la souveraineté nationale, quelles que soient ses origines, ses formes, ses attendues ou ses visées.

A l’heure où on évoque de manière complaisante une ingérence « plébiscitée », le rappel de ces principes s’impose avec force. Aucun tunisien n’est en droit de les ignorer, encore plus s’il est investi d’une responsabilité gouvernementale, représentative ou politique. Aucun tunisien digne de ce nom n’a le droit de justifier ou de «plébisciter » une ingérence étrangère au nom du réalisme géopolitique ou de je ne sais quelle foutaise sinon il passe par pertes et profits le sang versé et les sacrifices des aînés. Il est vrai que nous Tunisiens sommes montrés parfois moins pointilleux sur la souveraineté nationale que d’autres peuples. N’est-on pas resté sans réaction, du temps de Bourguiba lui-même, quand la Libye et Yasser Arafat se sont « imposés » en médiateurs pour résoudre le conflit survenu entre le gouvernement Nouira et l’UGTT. N’a-t-on pas cautionné un peu plus tard, sous le gouvernement  Mzali, cette pitoyable bouffonnerie où on voyait des intermédiaires véreux se substituer à la diplomatie officielle pour recevoir, selon ses humeurs et ses caprices, un Khaddafi rempli de lui-même et plein de mépris pour ceux qui le recevaient. Même avec le temps et en dépit du fait que Bourguiba ait réussi en fin de compte à remettre l’outrecuidant à sa place, la honte de l’épisode reste ineffaçable. 

Jamais la réconciliation franco-allemande n’aurait été possible s’il n’y avait pas à la tête de la France et de l’Allemagne deux patriotes ombrageux, le Général de Gaulle et le Chancelier Konrad Adenauer. Jamais la construction européenne n’aurait avancé si elle avait piétiné délibérément la souveraineté de chacun des pays. Si nous voulons construire le grand Maghreb avec la sincérité qui sied, nous savons quoi faire, quel piège à éviter et d’abord veiller, coûte que coûte, à la sauvegarde de notre souveraineté nationale. Sans elle, il n’y a pas de construction supranationale qui vaille. Un pays respecté à l’extérieur est forcément  un pays qui est respectable à l’intérieur, et il ne l’est que s’il refuse toute ingérence étrangère, fût-elle amicale et désintéressée. C’est ce qu’on appelle la dignité nationale.  

L’Algérie est un pays frère, très cher à nos coeurs. Il est heureux qu’il soit aussi notre voisin et notre plus précieux allié contre le terrorisme. Nous avons partagé avec les Algériens une histoire commune et nous espérons partager avec eux un avenir commun. La construction du Maghreb s’impose en effet comme une évidence et plus encore comme une nécessité absolue, mais elle ne se fera jamais sur le dos des souverainetés nationales par des peuples qui n’arrivent même pas à cohabiter, chacun pour sa part, au sein de leur propre communauté nationale. En tout état de cause, la gravité de la crise politique tunisienne n’autorise quiconque à en chercher l’issue hors du territoire national sous la bienveillance, l’injonction ou le patronage d’amis étrangers. Il faut garder constamment à l’esprit que la recherche d’une solution exclusivement nationale prime car elle ne sera jamais payée plus chère qu’une ingérence extérieure.
 

Tags : bourguiba   Nouira   UGTT  
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1 Commentaire
Les Commentaires
berger - 14-12-2013 14:33

Je suis d´accord avec vous qu´on doive résoudre ses problèmes grands ou petits à l´interieur , avec son people, et sans ingérence étrangère. D´ailleurs c´est un signe de faiblesse qu´on envoie aux autres, surtout quand on ordonne à un voisin ou un autre de proposer une solution à ses problèmes alors qu´on est soi-même incapable de les mettre en pratique. Ordonner sans savoir gérer. En effet c´est ca que les tunisiens manquent :c´est l´application et la gestion des affaires qui manquent le plus. il va sans dire que les Européens excellent en la matière du fait d´une longue experience depuis deux ou trois siècles, depuis l´esclavage et le colonialism, et à ne pas oublier les multinationales.La société occidentale est bien huilée du fait d´une bonne gestion. C´est la gestion dans tous les domains qui manquent aux arabes. Je suis d´accord avec avec vous aussi sur la question de la construction du Maghreb; là aussi il ne faut pas croire que la mariée est trop belle.Ce qu´il faut c´est le commerce et la liberté de mouvement de capitaux , des marchandises et même des personnes ,et d´autres coopérations, mais pas plus.L´union Européenne n´est pas allé beaucoup loin au reste,ils se parlent anglais entre eux alors qu´ils se disent pays frères Je crois ce qui bloque la construction du Maghreb c´est justement la vision utopique qu´on a du Maghreb.IL faut changer cette politique et se concentrer sur les problèmes économiques et humains seulement.

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