La profession de l'expertise comptable dans les turbulences de la crise économique
Depuis 2008, nous vivons une période de crise financière qui s’est rapidement développée pour devenir une crise économique touchant toutes les économies du monde. Les plus touchés sont les pays développés mais on sent l’impact de cette crise, et de façon flagrante, chez les pays en développement ou pays émergents notamment ceux dont l’économie se fonde sur la sous-traitance industrielle avec les pays développés et/ou sur le tourisme tels que la Tunisie.
Cette crise a affecté plusieurs secteurs surtout relevant de la finance. Mais elle a créé des opportunités dans d'autres secteurs. La profession d’expertise comptable est en première ligne dans ces turbulences avec la défaillance et la liquidation de certains clients mais, on sent un réel développement des missions d’audit et de conseil surtout que la visibilité dans le monde des affaires est devenue très « court-termiste » d’où le besoin de recourir à des experts pour acquérir plus d’assurance et de confiance.
Face à cette crise sans précédent, un expert comptable est à même d’intervenir sur toute opération financière liée à une transaction :
- opération de croissance externe (acquisition ou fusion) ;
- transmission d’entreprises et cessions ;
- restructuration d’entreprises ;
- opérations immobilières et financières ;
- privatisations, évaluations.
Spécialisés dans le domaine du conseil à la restructuration financière, les experts comptables, dédiés à la prévention et au traitement des difficultés des entreprises, ont récemment élargi leur champ d’action pour cadrer avec les besoins actuels du marché en développant deux nouvelles activités : l’une, dédiée à l’optimisation du besoin en fonds de roulement des entreprises et la seconde - plus récente -, spécialisée dans le conseil en financement (debt advisory) visant à assister les entreprises dans la levée de fonds de type new money, equity ou quasi equity auprès d’investisseurs spécialisés.
Dans le domaine de la restructuration des LBO, les départements financements structurés des banques, tout comme les mezzaneurs, ont besoin aujourd’hui de visibilité et d’une approche comparable à celle qu’ils ont eue lors du montage financier de l’opération. Pour répondre à cette demande, tout en tenant compte des nouveaux paramètres inhérents à la situation (urgence, gestion de crise éventuelle, nécessité de trouver rapidement des solutions, etc.), l’expert doit développer une solution globale transverse à destination des PME, des grands groupes et des fonds de private equity. Cette offre, qui vise à les aider à résoudre leurs problématiques de trésorerie et de financement et à les accompagner dans les négociations avec leurs partenaires, met à leur disposition une équipe composée à la fois de spécialistes de l’entreprise en difficulté, de l’optimisation du BFR, du conseil en financement mais aussi de consultants plus opérationnels dans les domaines de l’amélioration de la performance et de la stratégie.
L’expert comptable intervient sur l’ensemble du territoire avec la rapidité imposée par l’urgence des situations traitées dans les domaines suivants :
- prévention des difficultés des entreprises,
- restructurations financières,
- redressements judiciaires,
- optimisation de trésorerie et/ou de la performance des entreprises,
- conseil en financement.
Au fil des différentes missions qui lui sont confiées où il peut assister des entreprises de premier plan dans leurs opérations de refinancement et de restructuration, l’expert comptable acquiert une expérience reconnue et appréciée des grands intervenants sur le marché spécifique tunisien : administrateurs judiciaires, tribunaux de commerce, affaires spéciales des banques, avocats spécialisés…
Sa bonne connaissance de l’environnement judiciaire et des principaux partenaires de l’entreprise en difficulté lui permettent de mettre au service du dirigeant, en toute indépendance, une équipe de spécialistes aux compétences pluridisciplinaires pour le conseiller dans la restructuration financière de son entreprise.
Tout en privilégiant la transparence et la confidentialité, l’expert comptable s’engage à fournir à ses clients :
- un diagnostic économique et financier de la situation réelle de l’entreprise en difficulté en identifiant les risques et les pièges liés à son environnement ;
- une appréciation de la faisabilité de son redressement ;
- une assistance à la mise en œuvre du plan de redressement ;
- enfin, un accompagnement et une proximité de tous les instants avec le chef d’entreprise et ses équipes, grâce à la présence de ses professionnels expérimentés.
En outre, il s’engage à rechercher des solutions équitables et durables pour l’ensemble des partenaires de l’entreprise en difficulté.
En période de crise, le rôle des experts-comptables et des auditeurs dans «l’économie réelle» reprend tout son sens.
Le premier effet de choc passé, nous assistons aujourd’hui à une prise de conscience générale: la crise est un mal nécessaire pour organiser une meilleure régulation des marchés, un passage obligé pour revenir aux « vraies valeurs », c’est-à-dire davantage de réalisme économique, basé sur la modération, le bon sens, la réflexion et l’intelligence des acteurs. Les experts-comptables et les commissaires aux comptes ont un rôle particulièrement primordial à jouer dans cette refondation.
La Bourse a été créée pour donner aux entreprises les moyens de financer leur développement. Cette fonction d’origine, très noble, a été en partie dévoyée, dans le sens où au lieu de rester un outil au service des entreprises, la Bourse est pour certains acteurs devenue une fin en soi, pour permettre aux investisseurs et aux actionnaires de réaliser le maximum de plus-values, de préférence à court terme. Par ailleurs, l’ensemble du système reposant sur la confiance, les appréciations souvent subjectives des courtiers et des agents ne reflètent pas la réalité de la situation des entreprises.
La récente sortie de Bourse d’un certain nombre d’entreprises illustre parfaitement le choix de leurs dirigeants de mener une stratégie de développement à long terme, raisonnée, qui ne soit plus soumise aux aléas des analystes.
On peut en conclure que les experts comptables ne doivent pas rester inactifs. Si elle conduit à des évolutions positives, une crise peut offrir des opportunités. Les experts-comptables, qui sont les partenaires traditionnels des chefs d’entreprise, ont un rôle primordial à jouer dans cette refondation de l’économie, au niveau des institutions pour influencer les choix à venir, au niveau de chaque professionnel afin de travailler autrement pour les clients, au niveau des banquiers afin d’aider les clients à crédibiliser puis fiabiliser leurs investissements ou la publication de leurs comptes.
L’information financière externe, une préoccupation permanente des directions générales et financières
Dans un environnement économique et financier mouvant dans lequel l’activité règlementaire s’est intensifiée depuis le début des années 2000, les grands groupes internationaux sont confrontés à une complexité et une exigence croissantes des besoins en matière d’information financière à destination des tiers (actionnaires, créanciers, régulateurs, autres parties prenantes): un marché des fusions-acquisitions dynamique, des règles de gouvernance en voie d’internationalisation du fait des réglementations récemment ou progressivement mises en œuvre aux Etats-Unis (Loi Sarbanes Oxley) et dans l’Union Européenne (8ème directive), des modifications majeures des normes comptables IFRS à venir du fait du programme de convergence en cours avec le FASB, le recours croissant à la juste valeur dans la préparation des états financiers, la coopération accrue des régulateurs (SEC, CESR) dans le cadre de l’application des normes comptables IFRS et US GAAP contribuent à l’augmentation de ces besoins.
Parallèlement, l’utilisation des IFRS se généralise progressivement au niveau international avec des pays toujours plus nombreux qui autorisent ou exigent l’adoption des IFRS. Dans le même temps, les utilisateurs des états financiers (investisseurs, analystes financiers, agences de notation) sont à la recherche d’une information financière toujours plus complète, fiable et transparente.
Par ailleurs, le renforcement récent des règles d’indépendance applicables aux commissaires aux comptes conduit dorénavant les groupes à s’appuyer sur des ressources hors des réseaux de leurs auditeurs externes pour la fourniture de services non compatibles avec la fonction de commissaires aux comptes.
Des services spécifiques pour faire face aux enjeux croissants d’une information financière externe sécurisée
Qu’un groupe étudie ou soit confronté à une acquisition, une cession ou réorganisation majeure, un appel public à l’épargne, la mise en œuvre de nouveaux principes comptables ou plus simplement à la recherche d’une assistance pour sa veille normative comptable, les équipes spécialisées d’experts comptables peuvent l’aider.
Bénéficiant d’une large connaissance en matière d’application des normes IFRS et US GAAP, des règles de reporting financier et d’une vaste expérience en matière de grands projets de conversion et d’accompagnement d’opérations de croissance externe, les experts comptables et auditeurs lui feront partager leur savoir-faire permettant ainsi aux clients:
- de disposer en temps opportun de l’assistance d’experts contribuant à analyser des positions comptables complexes et à développer une documentation visant à satisfaire l’information des marchés et l’exigence des commissaires aux comptes et des régulateurs ;
- de disposer d’une assistance externe rapidement mobilisable pour lui permettre de respecter les contraintes calendaires de ses opérations de structure;
- de bénéficier des expériences d’experts normatifs et sectoriels qui lui feront partager leur savoir-faire acquis en travaillant sur des groupes ayant rencontré des problématiques comparables aux siens, dans le cadre d’un strict respect des règles de confidentialité ;
- de bénéficier de l’assistance d’une équipe d’experts reconnus au sein de l’organisation mondiale et disposant de la structure pour conduire des projets assez complexes.
Forte demande d’audit
Partie intégrante de la gestion globale des risques d’une entreprise, l’audit renforce la confiance placée par le marché des capitaux et les autres stakeholders dans la société auditée et agit donc comme facteur d’augmentation de valeur pour l’entreprise. Imposé par la loi, l’audit est donc un secteur nettement plus résistant aux fluctuations conjoncturelles. Eu égard aux efforts internationaux et nationaux d’extension du mandat d’audit et d’approfondissement des négociations de révision, on escompte une poursuite de la reprise de l’activité d’audit. Nous constatons une évolution positive dans la mise en pratique de la Corporate Governanc, c’est ce qu’on appelle la société citoyenne. En instituant un comité d’audit, la plupart des grandes entreprises ont créé un interlocuteur important pour le réviseur externe. La conscience renforcée de l’importance de l’assurance qualité et le maintien des risques au minimum se traduit également dans la demande croissante en audit interne et en conseil en matière de système de contrôle interne.
L’importance inconditionnelle de la qualité est un principe fondamental de la stratégie des experts comptables. En effet, on doit préciser que nous voulons que notre métier soit synonyme de label de qualité pour l’économie. La qualité consiste à faire converger les attentes des clients avec les exigences du métier. Elle requiert d’excellentes connaissances professionnelles et sectorielles ainsi qu’une compétence sociale marquée des collaborateurs. Une gestion des risques très poussée et des processus d’information efficaces en sont les conditions techniques indispensables. Les experts comptables effectuent actuellement de gros investissements dans tous ces domaines.
Perspective d’un renforcement de la demande en projets de conseil
La demande en prestations de conseil est fortement dépendante des tendances de l’économie et réagit avec un certain retard aux évolutions conjoncturelles. On observe actuellement de nombreux changements de cap stratégiques dans les milieux économiques et, de ce fait, on attend dans les prochains mois un accroissement de la demande en soutien lors de la mise en place de nouveaux projets – compétence-clé du conseil. Les prescriptions de la Corporate Governance conduisent les entreprises à se demander dans quelle mesure elles désirent recourir aux prestations de conseil de leur société d’audit.
Les professionnels peuvent continuer d’offrir à chaque client de la révision la plus grande partie des prestations de conseil que les sociétés d’audit offrent traditionnellement. Les restrictions sont heureusement moins sévères que l’on pense souvent. Il faut toutefois préciser que la branche « Advisory » doit informer les entreprises sur le type de conseil désormais incompatible avec l’audit pour des raisons d’indépendance. Elle doit aussi leur montrer comment tirer profit des synergies générées par les prestations d’audit et celles de conseil qui demeurent possibles pour une plus grande qualité et une plus grande efficience. Ce second volet est essentiel et doit être encore étendu pour le profit des clients.
Les experts entendent encore se développer pour pouvoir offrir également aux collaborateurs des possibilités d'évolution attrayantes. Pour chaque mandat, il s'agit d'harmoniser les exigences de qualité avec celles des clients. Dans la branche de l'audit et du conseil aussi, les processus revêtent une importance toujours plus grande. Les optimiser est le principal défi entrepreneurial et une partie de la gestion des risques. On conçoit ses processus internes de façon que les lois et les normes soient à tout moment respectées au pied de la lettre de manière justifiable, que les besoins du suivi de la clientèle soient remplis et tous les potentiels d'augmentation de l'efficience utilisés.
Recentrage sur des relations clientèle excellentes
Les nouvelles technologies peuvent lancer une campagne de relations clientèle sur une base élargie. Elles regroupent un grand nombre de mesures pour axer de manière rigoureuse la conduite des collaborateurs, l'organisation et les instruments informatiques sur l'objectif de relations clientèle réussies, efficaces et durables.
Et pour conclure
Il devient donc primordial pour les entreprises, dans le climat de crise de confiance qu’elles traversent, de savoir s’entourer des meilleurs conseillers et de communiquer avec l’ensemble de leurs partenaires. Seules la transparence et la sécurisation de leur information financière leur permettront de regagner cette confiance.
Les acteurs du retournement - mandataires, avocats, conseils financiers, banquiers affaires spéciales – ainsi que les pouvoirs publics ont un rôle déterminant à jouer pour accompagner les entreprises et les fonds d’investissement dans la gestion des situations de crise et dans leurs restructurations. L’opportunité qu’offre la crise aux cabinets d’expertise comptable va engendrer un réel changement dans leurs organisations et leurs prestations. Les professionnels devront adopter les nouvelles technologies pour améliorer leurs performances et leurs travaux qui doivent être plus efficaces et plus pertinents.
Karim AMOUS
Master CCA
OEC Paris
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Bravo karim,ce tres bon papier emanant d'un jeune expert comptable me rassure. Notre profession gagne a etre mieux connue du publique, elle est fortement liee a ses interets. Notre role dans le developpement de l'Economie n'est plus a demontrer, il faut seulement que ce genre d'articles se multiplient et emanent surtout de jeunes talents comme vous. Jelil Bouraoui
Je suis ravi de voir une de mes "victimes" - ancien étudiant à la filiere française d'expertise comptable délocalisé en Tunisie ( Master CCA ) - épouser des positions aussi séduisantes et éclairées . L'expert comptable d'aujourd'hui n'est plus un simple "comptable expert" qui se laisse piloter par un management anachronique et "profondement" local . Vous les jeunes experts n'hésitez à épouser votre temps ; nous ,vieux professionnels, ne sommes pas toujours pour vous LA REFERENCE à suivre . Osez vaincre , osez gagner Bravo Karim
BRAVO SI KARIM JE PENSE QUE LE DIPLOME DE MASTER CCA VA COMPLETER LA FAIBLESSE DES JEUNES EXPERTS COMPTABLES (CONCOURS DE REVISION COMPTABLES ) A SAVOIR LA REDUCTION ET LA LECTURE DES PUBLICATIONS SPECIALISES MERCI SI KARIM POUR M AVOIR INFORME ET BONNE CONTINUATION MEGDICH MOHAMED
Bravo Monsieur je vous felicite. La vérité, je ne suis pas une economiste , plutôt une ingenieur Doctorante mais j'ai bien apprécié ce que vous avez ecrit Châpeau
Bravo, un joli article que j'ajoute à ma bibilographie. Bonne continuation...