La « folle » journée d'Ali Laarayedh
Ali Laarayedh n’oubliera pas de sitôt cette « folle » journée du jeudi 9 janvier 2014. Elle marque sans doute pour lui une « nouvelle délivrance ». Commencée tôt le matin sous la pression de la situation sécuritaire, elle marquera une « pause historique » vers 15h30, après la remise de sa démission au président de la République provisoire et sa déclaration à la presse, et se poursuivra, mais un sur air très détendu, jusqu’en début de soirée. Le désormais » chef du gouvernement provisoire démissionnaire » comme il se plaira à le mentionner devant les journalistes pour cacher son émotion, aura eu une journée bien chargée.
Premier moment fort, après une série d’ultimes réunions en interne avec son staff, lorsqu’il arrive à 10 heures du matin au Palais de Carthage où devait se tenir un conseil de sécurité. La situation dans le pays est préoccupante et des décisions, tant sécuritaires que politiques étaient urgentes à prendre. Sa démission était déjà dans l’air, mais la date précise de son annonce n’était pas encore fixée. La presse a été prévenue qu’il devait recevoir le Quartet vers midi à la Kasbah, à ce sujet, mais la remise officielle ne peut se faire qu’au président de la République provisoire.
Surprise : à la sortie du conseil de sécurité, et devant quelques rares journalistes de permanence à Carthage, Ali Laarayedh fait une double-annonce. La première, celle de la suspension des nouvelles redevances appliquées sur les moyens de transport agricole et des personnes, la loi de finances 2014 devant être amendée ultérieurement. La deuxième, la présentation le jour-même sa démission. Branle-bas de combat pour les journalistes.
Ali Laarayedh rentre à son bureau à la Kasbah où il est surpris par lenombre de photographes et de cameramen qui l'attendaient. Le rendez-vous avec le Quartet, fixé à midi est reporté à l'après-midi. Il s’isole avec son ministre des Finances, Elyès Fakhfakh et ses conseillers.
Peu avant 13 heures, Carthage prévient la presse pour se présenter d’urgence à 14h30 : Marzouki recevra Laarayedh qui lui remettra sa démission. Des fuites laissent entendre que le chef d’Ennahdha viendra ensuite, faire part, en sa qualité du président du parti majoritaire à l’ANC, au chef de l’Etat du choix de Mehdi Jomaa pour conduire le nouveau gouvernement. Il ne restera plus à Marzouki alors qu’à inviter Jomaa à Carthage pour le charger officiellement de cette mission. Un premier rendez-vous était pris pour 15h30, repoussé une première fois à 17h30 et finalement remis à ce vendredi après-mdi.
« Une transition Made in Tunisia »
A 14 heures 30, Laarayedh quitte la Kasbah, cap sur Carthage, seul dans la vieille Mercédès. Deux de ses proches conseillers, Oussama Bouthelja et Abdessalem Zebidi, l’y avaient précédé. A peine le manteau enlevé, il est immédiatement introduit auprès de Marzouki, pour un bref tête-àtête de quelques minutes. Marzouki sort le premier pour aller dans la salle des Ambassadeurs où devant photographes et cameramen, il recevra officiellement Laarayedh qui lui remettra sa lettre de démission en quelques pages. Poignée de mains, répétée deux fois à la demande de la presse. Puis, Laarayedh se dirigera dans une grande salle où l’attendaient les journalistes.
C’est pour lui « une transition démocratique made in Tunisia ! » soulignant ainsi le caractère exceptionnel de cette transmission de pouvoir. « L’objectif essentiel est de mettre le pays sur la voie de la clarté, avec une constitution moderne, une ISIE opérationnelle, une date espérée proche pour les élections, et un gouvernement indépendant bénéficiant du consensus, explique-t-il». «Maintenant que c’est chose quasiment faite, je tiens mon engagement de remettre ma démission, après avoir conduit le gouvernement pendant ces dix derniers mois ».
Laarayedh précisera que Marzouki lui a demandé de rester en poste avec les pleins pouvoirs qui sont les siens (la petite constitution ne prévoit pas un gouvernement d’expédition d’affaires courantes », en attendant l’entrée en fonction de son successeur.
Ce n’est pas encore fini. Laarayedh retrouvera Marzouki qui l’accompagnera jusqu’à sa voiture avec l’accolade d’usage tant recherchée par les journalistes. Retour à la Kasbah, ù l'attend le Quartet. Soulagé certes, mais pas encore totalement, tant qu'il n’a pas passé le témoin à Mehdi Jomaa.
Le texte intégral de la lettre de démission de Ali Laarayedh
- Ecrire un commentaire
- Commenter
Le quartet à raison de n'être pas très soulagé . Il est comme St Thomas qui ne croit que ce qu'il voit´´