Le cri d'alarme de Hedi Djilani
L’ancien président de l’UTICA, Hedi Djilani fait partie de ces hommes d'affaires qui ont été interdits de voyage et vu leurs biens immobiliers bloqués. Pour M. Djilani, si aucune solution n'a été trouvée, c'est parce que «le problème a été politisé».Pour lui, les hommes d’affaires sont les victimes de la rivalité entre les islamistes et l’extrême-gauche.
Il explique : «Aucun des deux camps ne veut céder sur ce point de peur d’être taxé par l’autre, d’ennemi de la révolution. Ni nos démarches, ni l'adoption de la justice transitionnelle n'ont permis de faire bouger, ne serait-ce que d'un iota ce dossier que les politiques se refilent comme une patate chaude sans pour autant se résoudre à trancher dans le vif», ajoutant que «l’opération a été très mal engagée dès le départ. On cherchait avant tout à régler ses comptes avec les dirigeants de l'ancien régime». Résultat :«Il sera difficile, observe l'ancien président de l'UTICA, à un homme d’affaires d’avoir confiance dans un Etat, un régime ou un gouvernement qui confisquent ses biens sans jugement et en violation de la constitution», avant de lancer cette mise en garde :«Si cette situation perdure, c’est toute l’économie du pays qui en subira le contrecoup. Car, après tout ce qui s’est passé, les investisseurs tunisiens et étrangers ne seront plus disposés à investir en Tunisie. Il faut être inconscient ou masochiste pour le faire dans un tel climat où l'honneur des hommes d'affaires est livré en pâture à la meute, où l'administration a été vidée de ses cadres les plus compétents, sous prétexte qu'ils font partie de l'ancien régime. Si on y ajoute l'insécurité, les sit ins, les actes de vandalisme et les pillages, on comprend aisément le repli des investissements et la montée du chômage». «La révolution est venue pour développer les régions pauvres, observe-t-il. Or celles-ci n'ont rien vu venir. La démocratie n'a de sens que si elle est appuyée par une justice indépendante et sereine et des créations d'emploi. Je connais les problèmes de ces régions et suis le premier à les déplorer, d'autant plus que ma mère est originaire de Thala, la ville qui a payé un lourd tribut à la révolution».
Il s'est félicité de la prise de conscience par l'UTICA de ces problèmes et de l'attitude de Mme Bouchammaoui qui a déclaré dernièrement que l'interdiction de voyage prise à l'encontre des hommes d'affaires est inconstitutionnelle. Il relève également que le journal El Bayane dans sa dernière livraison a, pour la première fois, réservé sa manchette à cette affaire. «Pour l'exportateur que je suis, le passeport n'est pas seulement un droit qe la constitution me reconnaît. C'est vital pour mes activités, avoue-t-il. Ce document me permet de prospecter de nouveaux marchés, renforcer notre présence sur les marchés traditionnels et contacter mes partenaires ainsi que mes clients».
Selon l’UTICA, le nombre d’hommes d’affaires qui sont interdits de voyage ou ont vu leurs biens bloqués depuis la révolution est passé de 2000 au lendemain de la révolution à 800, puis successivement, à 400, 135 et 40 avant de rebondir à une centaine, plus de trois ans après, alors qu’aucune charge n’a été retenue contre eux.
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Les hommes d'affaires, polarisant des grandes sommes de capital, sont la colonne verticale de l'économie tunisienne. En les cassant on casse l'économie du peuple tunisien. La protection de la révolution qui vise les hommes d'affaires se détruit doucement et ouvre les portes pour l'étranger.