Tunisie-l'Union Européenne : «Retard à l'allumage» ou «amours contrariées»
Ce lundi 14 avril, l’Union Européenne fera au cours de son Conseil des Affaires étrangères à Luxembourg le point de ses relations avec la Tunisie, apprend-on selon un communiqué des services de presse de la Commission Européenne. D’après un rapport, la crise en Tunisie est qualifiée de «plus profonde que prévu» et que notre pays attend un effort particulier de l’Union Européenne son principal partenaire sur tous les plans. L’aide institutionnelle de 150 millions d’Euros ne suffit pas et une aide macro-économique «massive» est nécessaire pour permettre à la Tunisie de surmonter ses difficultés, estime-t-on.
Après avoir été parmi les premiers à avoir salué la «révolution» en Tunisie qui a été le précurseur des «printemps arabes», l’Union Européenne semble traîner les pieds.
Ce «retard à l’allumage» est-il le signe d’un «dépit» sinon d’ «amours contrariées» entre Tunis et Bruxelles. L’UE le sent bien puisqu’elle a dû envoyer à Tunis le commissaire chargé de l’élargissement et de la politique de voisinage le Tchèque, Stéfan Füle en mission de «clarification». Les Tunisiens sont perplexes face à l’Europe qui se montre «chiche» dans son soutien à leur pays. En effet, ils s’attendaient à un «soutien massif et généreux» en raison des sérieuses avancées réalisées avec l’adoption d’une Constitution consensuelle «la plus libérale» du monde arabe et la mise en place d’un gouvernement de compétences pour aller vers «des élections libres et transparentes conformes aux normes internationales».
D’ailleurs, M. Füle s’est fendu d’une «tribune» publiée par plusieurs médias tunisiens où il dit que sa visite, la cinquième depuis la révolution du 14 janvier 2011 a pour objectif de discuter «comment l'UE peut continuer a? aider la Tunisie a? transformer les attentes légitimes de son peuple en résultats concrets». Et le Tchèque d’ajouter qu’avec «la Tunisie, l'UE est en train de construire un partenariat privilégie? qui est base? sur la confiance, le respect mutuel et l'engagement a? long terme». Il a indiqué que l'Union Européenne qui a double? le montant de l'assistance financière non remboursable versée a? la Tunisie, soit au total plus de 480 millions d'euros prépare également « une nouvelle aide macro-financière de 300 millions d'euros en reconnaissance de l'avancement «inclusif» de la transition démocratique et en même temps de la qualité? du partenariat UE-Tunisie».
Au cours de la même période, La Tunisie a reçu la visite d’un autre responsable européen, l’Espagnol Bernardino León, le représentant spécial de l'UE pour la région du Sud de la Méditerranée connu pour être un fervent défenseur de «l’islamo-démocratie» qui s’est empressé de rencontrer le président d’Ennahdha Rached Ghannouchi pour le féliciter des avancées réalisées par la Tunisie.
Auparavant M. Philippe de Fontaine Vive, le vice président de la Banque Européenne d’Investissement(BEI) était à Tunis où il a annoncé que son institution est en mesure de doubler ses engagements en Tunisie de 200 à 400 millions d’Euros.
Mais à l’évidence au vu des besoins de la Tunisie qui se chiffrent à plusieurs milliards d’Euros, les montants proposés ne paraissent pas suffisants pour lui permettre de combler le déficit de ses finances publiques et pour satisfaire les attentes des Tunisiens à la dignité par le travail et un mieux-être, par un meilleur équilibre entre les régions et une amélioration des équipements collectifs.
L’Europe offre à la Tunisie le statut avancé qui est moins que l’adhésion et plus que l’association, alors que les Tunisiens estiment mériter mieux, c'est-à-dire au moins autant que les Ukrainiens pour lesquels les Européens ouvrent largement les cordons de la bourse dans leur «bras de fer» avec la Russie au sujet de la Crimée. Un partenariat de mobilité a été signé avec la Tunisie censé faciliter la délivrance des visas aux ressortissants tunisiens voulant se rendre en Europe, mais ce protocole reste flou tant cette question dépend plus de la volonté de chacun des Etats membres que d’un accord multilatéral.
En tout cas, d’ici la fin de l’année toutes les instances européennes seront en phase de renouvellement ; ce qui ne va pas faciliter les choses. En effet, le nouveau président de la Commission, qui remplacera M. José Manuel Barroso ne sera connu qu’en septembre prochain. Les autres Commissaires également. Le Parlement Européen sera élu en mai 2014 et de la majorité, qui sortira des urnes, dépendra la couleur politique des institutions collectives qui en seront issus. Deux noms sortent du lot, le conservateur allemand Martin Schulz, actuel président du Parlement européen, et le socialiste Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, ancien premier ministre du Grand Duché. Le président du Conseil Européen le belge Herman Von Rompuy achèvera son second et dernier mandat à la fin de l’année.
R.B.R.
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