Faut-il croire encore aux belles paroles des politiques
Notre pays vient de recevoir deux super ministres européens, ceux d’Allemagne et de France, deux ténors et défenseurs de l’idéologie social-démocrate en Europe. Nous apprenons, par ailleurs, par un texte publié par la députée socialiste européenne intitulé «prêt toxique à la Tunisie», que l’Union Européenne vient d’accorder à la Tunisie un prêt de 300 millions d’Euros assorti de conditions draconiennes, pires que celles ayant déclenché le mouvement de protestation de décembre 2010. L’article précise, entre autres, deux éléments qui ont attiré mon attention.
- Tout d’abord, la conditionnalité : on peut citer notamment la condition de mettre fin aux subventions aux produits de base, touchant ainsi de plein front les plus démunis, de flexibiliser le code de travail et partant revenir au régime du travail intérimaire des entreprises de service, de privatiser les banques publiques. Bref une recette qui continue à faire ravage même dans certains pays de la CEE.
- En second lieu, l’initiative de l’honorable députée pour tenter de transformer le prêt en don et donc de lui retirer sa conditionnalité.
Son initiative n’a pas connu d’écho. Pis encore, elle fut contrée en grande force par la mouvance socialiste et les verts, deux courants censés soutenir les nouvelles expériences démocratiques qui aspirent à devenir membres associés privilégiés et qui comptent des amis convaincus en Tunisie dont notre Président de notre ANC. Le détail des votes publié, parce que public, montre ceci: la suggestion pour transformer le prêt en don n’a recueilli que 43 votes favorables (8.6% des voix), l’amendement tendant à assouplir la conditionnalité a obtenu 95 voix favorables soit 17%, et enfin le texte final dans sa version première a obtenu un soutien massif de 488 voix favorables ou 87.8% contre 51 rejets et 17 abstentions.
Cette question suscite plusieurs interrogations : la première a trait à la présence et l’efficacité de notre diplomatie étrangère. Est-elle au fait de cette évolution, a-t-elle élaboré et déployé une stratégie en la matière, dispose-t-elle encore de suffisamment de connexions à Bruxelles et dans les principales capitales européennes pour infléchir à ces tendances les trajectoires qui nous soutiennent le plus. L’Europe parlementaire semble ne pas être en phase avec les dirigeants politiques, ou alors faut-il ne plus croire aux belles paroles qui ne sont jamais suivies d’actes.
La visite les ministres européens peut être une occasion pour mieux saisir le sens et la portée du soutien de l’Europe à notre jeune démocratie. Il ne faut pas désespérer et il demeure toujours un espace où pourront se rencontrer nos intérêts mutuels. La Tunisie ne peut se passer de son NORD, et l’Europe de son SUD. C’est aux Tunisiens que revient la charge de faire preuve de plus d’imagination et surtout de mieux repenser notre politique internationale. L’ANC, au lieu de se consacrer aux petites questions qui font plus nuisance et de mal que de bien pourrait mieux ajuster ses objectifs sur les questions du devenir de nos générations futures et coller ainsi aux vraies aspirations de notre jeunesse.
Abdelmajid Fredj
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La meilleure manière à la Tunisie de montrer qu´elle n´oublie pas non Nord est, (dans un rève), d´envoyer 100.000 touristes tunisiens dans 10 pays Europeens avec dans la poche de chacun 3000 Euros, et passer des vacances là-bas. Ca va créer une énorme sensation en Europe et le Nord se souviendra de son Sud et enverra des centaines de gens pour investír en Tuinisie. Notre diplomatie ira bien avec des rèves.