News - 03.05.2014

Après les révélations de 'Aziz Krichène : "Le roi est nu"

Ils étaient déjà treize à quitter le navire en perdition. La plupart sont partis sur la pointe des pieds. Ce ne sera pas le cas du quatorzième et le plus proche du prince. Aziz Krichène a promis de tout dire après son départ (sa démission a été acceptée le 2 mai). Dans son interview vendredi à Telvza tv, il ne nous dit pas tout, ne donne pas de  noms et, en fait de révélations, on a droit à une confirmation de toutes les rumeurs qui circulent. Mais son mérite est de nous aider à ordonner les pièces du puzzle et de nous fournir les clés pour comprendre une politique qui présente malgré les apparences, une certaine cohérence et tend vers un seul objectif.

Qu’est-ce qui a motivé sa démission et pourquoi a-t-elle tardé ? : «On n’a rien compris à Moncef Marzouki, à ses reniements, ses volte face répétées, son flirt avec Ennahdha, son laxisme envers les intégristes et tous les Ricoba, ses attaques contre l’opposition, ses tentatives de sabotage du Dialogue national, si on n’a pas saisi le soubassement de son action : rester président de la République.C'est une idée qui le taraude, l'obsède depuis... son entrée à Carthage, il y a deux ans».

«On ne peut courir deux lièvres à la fois, s’exclame Krichène, remplir ses fonctions de président, tout en étant candidat à sa propre succession. Il aurait dû être au-dessus de la mêlée, en se maintenant à égale distance de tous les partis, être le président de tous les Tunisiens au lieu d’être un chef de clan. Résultat, c'est l'institution qui en sort affaiblie, discréditée aux yeux de tous».

«Dès 2012, après la création de Nidaa Tounès, Marzouki  s’est rapproché d’Ennahdha, convaincu qu’il était que seul l’appui d’un grand parti pouvait lui permettre de remporter les élections présidentielles. En  juillet 2013, c'est l'assassinat de Mohamed Brahmi. Une grave crise à la fois institutionnelle et politique s'ensuit.  L'opposition boycotte les travaux de l'ANC, certains rêvent même d'un scénario à l'égyptienne (l'armée venait de déposer Mohamed Morsi), alors que les ultras d'Ennahdha, le CPR et ses dérivés poussent à l'affrontement avec des arrestations massives ». C'est le scénario égyptien à l'envers. On est au bord de la guerre civile. Heureusement, note Krichène, Ghannouchi a fait pencher la balance en faveur des colombes au sein de son parti, alors que Ben Jaafar a suspendu les travaux de l'ANC, histoire de calmer les esprits». De  Béji Caïed  Essebsi, Aziz Krichène ne dit mot. Pourtant, c'est  le fondateur de Nidaa Tounès qui a fait le premier pas en direction d'Ennahdha en appelant, publiquement, au cours d'une déclaration mémorable à Nessma, Rached Ghannouchi à une paix des braves.

Et  la présidence dans tout cela? «Elle était totalement absente», déplore Krichène. « Ayant choisi son camp, elle n'était pas qualifiée pour jouer les arbitres.C'est d'ailleurs, ce qui m'a incité à démissionner. J'ai dû y renoncer sur l'insistance de certains partis», ajoute-t-il. Aujourd’hui, je suis décidé à quitter mon poste. Car les dérives se sont poursuivies. C'est la fuite en avant avec toujours en point de mire les élections présidentielles, c'est une idée fixe chez lui. C'est ce qui explique son attitude plus que réservée  envers le nouveau gouvernement auquel il n’épargne pas les crocs en jambe. Il n'a pas compris que dans les circonstances actuelles, il doit être le rassembleur des Tunisiens et que depuis l'été dernier, la légitimité électorale a vécu pour céder la place à une légitimité consensuelle».

 

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5 Commentaires
Les Commentaires
Mansour Lahyani - 04-05-2014 11:16

Dommage que ce pourfendeur de Marzouqi ait retenu son bras si longtemps, malgré l'évidence que le "prince" se fourvoyait - avec l'appui et l'assistance du pourfendeur !! Que n'a-t-il réagi plus promptement, dès les premières glissades, à l'instar d'un Ayoub Massoudi ! Ses "regrets", ses accusations, surtout, ont pris beaucoup de plomb dans l'aile et n'ont désormais aucune valeur...

Habib OFAKHRI - 05-05-2014 13:05

Le roi est certainement "nu".Par contre, ses valets ont eu loisir de ramasser un bon pactole leur permettant d’être bien " sapés" pour le reste de leurs sorties...De grâce, épargnez nous vos sornettes!.La finalité de la politique étant la gestion du pouvoir qui soit dit en passant ne se partage pas; mais doit être mis au service d'un idéal démocratique et-ou d'un projet sociétal équitable ... Quant à cette histoire de " colombes",elle relève tout simplement de la fumisterie.La société civile tunisienne -celle qui fait et assume son destin a démontré qu'elle rejetait le"projet nahdhaoui"contre productif et sclérosant-M.Ghannouchi ne joue pas avec le feu mais peut facilement jouer de certains esprits, en sachant que son électorat le suivra dans son "rêve" passéiste-La politique compose en effet avec le temps qui lui renvoie généralement l'ascenseur.A bon entendeur...

citoyenne - 05-05-2014 13:35

Prière de corriger,dernier § dans l'article, on dit j'ai décidé .. Merci

ridha L - 05-05-2014 17:04

pauvre type, ce n'est qu'Aziz Krichen qui est nu. je ne partage pas les convictions du président mais il est notre premier président élu. c'est malhonnête et un irrespect total de la morale et de la profession. qu'est ce qu'il faisait pendant trois ans?

Mansour Lahyani - 05-05-2014 17:05

Krichen, ex-conseiller auprès de la présidence de la république, a attendu très longtemps avant de présenter sa démission. Au détriment de ses convictions. Au détriment de ses convictions, vraiment ? Ce type a assisté Moncef Marzouqi, l'a secondé, a assumé toutes ses positions, défendu toutes ses décisions, pendant près de trois ans, au détriment de ses convictions ?? Les murs du palais de Carthage sont très épais, et nul n'a entendu en définitive la bataille, les batailles de Si Krichen avec ses convictions, mais la lutte a sûrement été acharnée... Pauvre Tunisie, pauvres Tunisiens ! C'est un show indécent... Tout au long de sa plaidoirie, on retrouve l'auto-satisfaction que M. Krichen cultive comme un credo : nulle interrogation sur ses atermoiements, nulle remise en cause de son action, nul regret de son inaction : trois ans, ou presque, comme doublure de cet inconsistant Marzouqi, assumant les choix d'icelui, le secondant de la façon la plus aveugle... Près de trois ans plus tard, cracher dans la soupe, dénoncer les prises de position de son mentor, et rejeter sur lui tous les torts qui seront retenus contre le duo, c'est ignoble et déshonorant. A la trappe, l’un et l’autre !!

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