Religion et culture, un séminaire à suivre cette semaine
Que peut dire la philosophie pour mettre en perspective et de dépasser l’opposition simpliste entre savoir et croyance, en s’efforçant de repenser les rapports entre la religion et la religiosité, la foi religieuse et la culture civique? Autant de questions que pose le Laboratoire Philab des cultures, des technologies et des approches philosophiques, à la faveur du séminaire «Religion et culture» qu’il organise du 19 au 21 juin 2014, à la Bibliothèque nationale, Bd du 9 Avril à Tunis.
«Depuis la Révolution du 17 décembre -14 janvier 2011, écrit Tahar Ben Guiza, dans la présentation de cette rencontre, des pressions et revendications d’ordre religieux se font sentir accordant de la sorte à «l’islam» une primauté dans les débats politiques et sociaux. Si au cours de cette Révolution aucun slogan religieux n’a été brandi, les défenseurs de la charia ont, peu à peu, pris le devant de la scène. Simultanément, les agressions contre les artistes et les journalistes n’ont jamais été aussi virulentes. Souvent, les défenseurs de la sécularisation et de la modernité sont présentés comme des «athées occidentalisés» (et donc dénués de patriotisme), «manquant de morale» et parfois même ils sont considérés par les plus radicaux comme des personnes «dangereuses» pouvant nuire à l’harmonie de la société d’essence islamique.
Les prêcheurs venus des pays du Golfe attirent les masses en propageant un discours qui fait de l’Occident et de ses valeurs un danger imminent pour l’identité musulmane. L’élite intellectuelle et artistique est prise pour cible par un discours populiste qui renforce l’inculture. La religion musulmane qui, durant des siècles, était en connexion étroite avec la culture, semble aujourd’hui faire de la culture un problème.
Tout se passe comme si la culture ne pouvait avoir un sens qu’à la condition d’obéir aux codes religieux, et que la pureté de la foi ne saurait être sauvée que par son opposition à la raison et à ses œuvres «païennes». C’est alors «la sainte ignorance» (Roy, 2008) qui s’établit comme un modèle de vie corroborée par une «ignorance structurelle et institutionnalisée» (Arkoun, La question éthique et juridique dans la pensée islamique, 2010,139) qui fait de l’école un lieu d’inculture et de désaveu des acquis du progrès et de l’esprit critique.
Que peut dire la philosophie dans une telle situation ? Son rôle est de mettre en perspective et de dépasser l’opposition simpliste entre savoir et croyance, en s’efforçant de repenser les rapports entre la religion et la religiosité, la religion et la laïcité, la religion et la morale, la foi religieuse et la culture civique. Plusieurs questions se posent alors: croire implique-t-il de renoncer à l’exercice de la raison? La religion aurait-elle vraiment avantage à museler tout esprit critique? L’autorité des commandements religieux doit-elle primer sur la loi civile ? Une morale sans référence théologique est-elle impossible?
L’enjeu du débat se veut à la fois épistémologique (il concerne le statut des «vérités», qu’elles soient celles de la science ou de la Révélation), politique, moral, et religieux. Il nécessite de s’interroger sur la manière dont ces différentes dimensions sont intriquées.
http://taharbenguiza.unblog.fr/2014/06/
Tahar Ben Guiza
Comité d’organisation :
-Tahar Ben Guiza : Université de Tunis
- Amin Ben Khaled : Université de Tunis
- Gerhard Weinberger : Philosophe, Ambassadeur d’Autriche
- Omezzine Ben Chikha : Université de Carthage
- Paul Rateau : Université Paris I
- Meryem Sellami : Université de Tunis
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