Ah! comme ils nous manquent, nos aînés sadikiens qui savaient voyager entre les langues
De nombreux voyageurs étrangers en ont témoigné au cours des siècles passés. Le Tunisien, est très porté sur les études. Ce trait doit constituer un des éléments de la personnalité de base du Tunisien puisque depuis Carthage et malgré les vicissitudes de l'histoire, notre pays n'a cessé d'être un centre de rayonnement culturel. Et ce n'est pas un hasard si cette terre a vu naître ou attiré depuis la nuit des temps, un nombre impressionnant de savants, de lettrés ou de poètes ayant marqué leur époque ou même l'histoire de l'humanité comme le grand Ibn Khaldoun; ce n'est pas un hasard, non plus si la Tunisie comptait dans les années 20 et 30 autant de bacheliers que les deux autres pays maghrébins réunis (cf. Jacques Berque, "Le Maghreb entre les deux guerres"); ni si le jeune Etat tunisien a consacré le tiers de son premier budget à l'enseignement (record mondial jamais battu ni égalé), malgré le cliquetis des armes sur sa frontière occidentale et la présence d'une armée étrangère sur son territoire. Il n'est donc pas étonnant que le système éducatif tunisien, même s'il est parfois décrié à l'intérieur, soit considéré par les instances internationales comme l'un des meilleurs au niveau du Tiers monde. D'ailleurs, pour s'en convaincre, il suffit de voir le nombre d'étudiants issus de l'enseignement public tunisien qui réussissent dans les meilleures écoles et universités étrangères.
Une stratégie cohérente pour maîtriser les langues vivantes
Cependant, il est un secteur qui est resté à la traîne malgré les réformes qui se sont succédé depuis l'indépendance: l'apprentissage des langues: c'est vrai que le Tunisien a le loisir d'apprendre plusieurs langues dès son jeune âge, malheureusement, il n'en maîtrise aucune, aujourd'hui a qui la faute? aux enseignants du primaire? du secondaire? ou de supérieur? ou aux élèves? La tendance à favoriser, pour cause d'employabilité, les matières scientifiques au détriment des matières littéraires? A t-on oublié que la maîtrise d'une langue est nécessaire pour transmettre les connaissances acquises qu'elles soient littéraires ou scientifiques ou même pour la vie sociale. Ce qui se conçoit bien doit s'énoncer clairement aux plans de la forme et du fond. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Il suffit de lire un rapport de fin d'études, un mémoire ou une thèse pour s'en convaincre. Que de fois, des jeunes frais émoulus d'une université ou d'une école supérieure tunisienne ont vu leur demande d'emploi jetée aux oubliettes parce que mal rédigée? Pourquoi, nos débats télévisés ont, parfois, "une vertu dormitive" comme dirait Molière? Parce que certains des invités dont, pourtant, les compétences sont avérées, y apparaîssent empruntés, timorés, se tortillant à trouver les mots justes, ponctuant leurs phrases d'interjections comme EUH...ou de MA3NAHA sans oublier l'inévitable FHIMTCHI WALLA LA et j'en passe et des meilleurs. A quoi servent donc nos connaissances si on n'arrive pas à les communiquer aux autres?
C'est dire qu'il était grand temps de se débarrasser de ce boulet qui inhibait nos jeunes depuis belle lurette. Car depuis quelques années, on a pris ce problème, récurrent depuis un demi siècle, à bras le corps dans le cadre d'une stratégie cohérente. D'ici au début de l'année 2010, tous nos collèges et lycées se seront dotés de laboratoires où on apprendra à écrire, à lire et surtout à parler les langues de son choix suivant les méthodes les plus modernes. En parallèle, l'accent sera mis sur la formation des formateurs.
Ah! comme on a hâte de retrouver cet arabe chatié, ce français exquis de nos aînés sadikiens qui voyageaient du français à l'arabe et vice-versa, avec une aisance déconcertante, munis de leur brevet d'arabe en guise de passeport; comme on voudrait que nos jeunes maîtrisent, aussi, d'autres langues comme l'anglais, l'allemand, l'espagnol, le portugais ou même le chinois qui leur seront, demain, d'un grand apport s'ils veulent se lancer dans une carrière à l'international ou se donner une chance supplémentaire pour décrocher un poste en Tunisie.
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Je voudrai tout d'abord vous remercier pour votre article, ensuite je voudrai si vous le permettez, évoquer deux points sur lesquels je ne suis pas d'accord: 1) Le tiers monde n'existe plus depuis la chute du mur de Berlin dont nous avons fêté les 20 ans il y a moins d'un mois. Il faut donc arrêter de s'y comparer. Et même si celui-ci existait et si nous en étions les meilleurs comme vous le dites, il est temps de commencer à regarder devant nous, et à nous comparer aux systèmes qui sont sont en avance sur nous afin que nous-m^éme puissions nous avancer. 2)La réussite des étudiants d'un pays donné dans les meilleures écoles et universités étrangères, n'est en un aucun cas un paramètre fiable d'évaluation de l'efficacité du système scolaire de ce pays, ouisque tous les pays du monde quelque soit leur système d'éducation envoie chaque année des étudiants dans les meilleurs écoles et universités de la planète. Je vous invite donc à jeter un coup d'oeil sur les statistiques d'Harvard vous verrez que tous les pays du mondes ou presque sont représentez et que sur 4300 étudiants étranger il y a un 1 étudiant Tunisien. http://www.hio.harvard.edu/abouthio/statistics/studentstatistics/academicyear2009-2010/
Lors de la première lecture de cette intervention, il m'a semblé tellement évident de partager l'avis de l'auteur que je ne voulais pas intervenir pour marquer simplement une présence. Aujourd'hui et eu égard à certains commentaires, je me sens dans l'obligation morale de soutenir les propos avancés en terme d'inquiètude quant au véhicule de transmission du savoir. C'est tout simplement un constat quotidien qui commence sérieusement à nous freiner dans l'accomplissement de notre mission d'enseignement.