Présidence de la BAD, Jaloul Ayed : quelles chances ?

Quand on lui demande pourquoi il brigue la présidence de la Banque africaine de développement (BAD), Jaloul Ayed répond, naturellement: «To make a change»! L’ancien ministre des Finances, candidat officiel de la Tunisie, estime être capable d’introduire des changements profonds. Il croit en toutes ses chances pour succéder à Donald Kaberuka à la tête de la première institution financière du continent.

Rallier la majorité en sa faveur  ne sera pas facile, mais guère impossible, soulignent ses proches. La Tunisie est cofondatrice de la BAD. Mansour Moalla était le pilier du groupe des 9 pères fondateurs qui avaient rédigé les statuts qui ont conduit à sa création le 4 août 1963 à Khartoum (Soudan) par les 23 pays africains nouvellement indépendants. Il avait décliné la proposition de prendre sa direction. Maamoun Beheiry sera alors choisi pour un mandat de cinq ans (1964-1970), mais c’est le Tunisien Abdelwahab Labidi qui lui succèdera (1976-1979). Depuis lors, la présidence a été confiée aux candidats du Ghana, de la Zambie, du Sénégal et du Maroc. Les considérations de rotation régionale seront-elles prises en compte, tout comme le départ de Tunis ? D’après les principaux pays membres, c’est la compétence du candidat et son programme de relance qui compteront le plus.

Tout dépendra alors de la capacité de persuasion de la Tunisie auprès des Etats membres. Le capital de la BAD est en effet détenu par 78 pays membres dont 53 africains pays régionaux. Les autres, soit 25 pays membres non africains et détenant près de 40% des actions, sont européens (France, Allemagne, Royaume-Uni, Suisse, Suède, Danemark, Italie, Belgique, Autriche, Espagne…), américains (Etats-Unis, Canada, Brésil…), arabes (Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis) et asiatiques (Chine, Corée, Inde…). Ce sont leurs représentants désignés en tant que gouverneurs de la Banque qui procéderont au vote de désignation du président en avril 2015 à Abidjan pour un mandat de cinq ans 2015- 2020.