Que restera-t-il de la BAD en Tunisie ?
«Ne l’oubliez pas, souligne Donald Kaberuka, notre antenne à Tunis sera maintenue. Nous y garderons toujours notre agence temporaire de relocalisation. Je ne sais pas encore au juste quel département sera maintenu, même si la Tunisie reste l’un des pays les moins chers en termes de coût de la vie et peut offrir un centre important d’offshoring (comprenez un centre d’externalisation et de délocalisation d’un certain nombre de services)».
En président de banque soucieux de compétitivité et de compression des charges, il accorde une grande importance à cette question purement financière. «Comparativement à la Côte d’Ivoire qui fait partie de la zone Euro et où le coût de la vie est élevé, la Tunisie est moins chère de près de 30%. C’est un élément important à prendre en considération dans les décisions qui seront prises quant aux équipes de la BAD à y maintenir», dit-il . Un argument qui prend encore plus de poids lorsqu’on sait que certaines études estiment qu’Abidjan est 80% plus chère que Tunis.
Le départ massif de plus de 2 000 employés de la Banque et de leurs familles ne manquera pas cependant d’affecter le microsystème qui s’est développé autour de cette communauté internationale, avec une bonne présence africaine, notamment subsaharienne. Dans la proximité immédiate des bureaux, restaurants servant des plats africains, cafétérias, mini-drugstores, agences de voyages et autres commerces risquent d’en faire les frais. Leur seule consolation est de voir ces bureaux occupés par de nouveaux locataires, de préférence internationaux, qui feront leur bonheur. Il y a aussi les places qui risquent de rester inoccupées dans les écoles françaises, américaines et autres.
Et tous ces logements, surtout villas de luxe et appartements de standing dans la banlieue Nord et autres quartiers huppés de la capitale, menacés de rester longtemps vacants. Du coup, les Tunisiens découvrent l’importance économique de cette communauté de la BAD formée essentiellement de hauts fonctionnaires qui font partie de la fine fleur de l’élite africaine mais aussi de grandes compétences nord-américaines, européennes et asiatiques. Avec des salaires conséquents et un niveau de consommation élevé, ils contribuaient à la dynamique du commerce local et des loisirs de luxe.
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