Khaled Zribi: Mon ambition pour la Bourse
...La situation économique que traverse le pays doit inciter les pouvoirs publics à permettre à tous les acteurs économiques de prendre part à la dynamique du marché financier au bénéfice du financement de l’économie...
Vingt ans après la promulgation de la loi 94-117 qui a réorganisé le marché financier, le moment est venu pour que la Bourse franchisse un palier supérieur. Le dispositif légal est aux normes internationales, les institutions de contrôle sont opérationnelles et présentes, la technicité de la Bvmt n’est plus à démontrer et la Sticodevam joue son rôle de chambre de compensation des titres avec brio.
De leur côté, les intermédiaires en Bourse ont massivement investi dans les ressources humaines et techniques. La profession s’est également dotée d’un institut de formation accrédité à l’échelle internationale. Le décor est ainsi parfaitement planté, mais il manque un acteur majeur : les institutionnels. En effet, alors que les principales places boursières sont animées par les institutionnels, celle de Tunis l’est majoritairement par les petits porteurs. Tant que les institutionnels n’entreront pas en jeu, la place de Tunis ne pourra aspirer atteindre son objectif de contribuer jusqu’à 20 % au financement des besoins de l’économie. Elle en est capable; pour preuve, 17 sociétés nouvellement introduites ont eu recours à du financement sur la place de Tunis au cours des 18 derniers mois pour plus de 196 millions de dinars (hors cessions), représentant une capitalisation boursière de 1,6 milliard de dinars. Dans un contexte d’assèchement de la liquidité, c’est une performance tout à fait honorable.
Autre acteur absent : les étrangers. Hors investissements stratégiques (type participation de la BNP Paribas dans l’UBCI ou de la Société Générale dans l’UIB), ils ne représentent qu’à peine 4 % de l’investissement en portefeuille. En cause, le plafonnement à 50 % de leur participation dans le capital des sociétés tunisiennes cotées. Enfin, certains secteurs économiques majeurs sont absents de la Bourse, à l’instar des télécoms, maintes fois annoncés mais toujours hors Bourse.
Il est temps que tous ces sujets récurrents qui obèrent le développement de la place de Tunis retiennent toute l’attention des pouvoirs publics. La situation économique que traverse le pays doit inciter ces derniers à permettre à tous les acteurs économiques de prendre part à la dynamique du marché financier au bénéfice du financement de l’économie. Tout développement d’un marché financier ne peut se faire sans une forte volonté politique.
C’est l’un des messages forts que je porterai, à l’instar de mes prédécesseurs. A côté de cela, il m’importe de travailler étroitement avec la direction générale de la Bvmt, les membres du CA et toute la profession, en vue de porter les nombreux projets de développement en cours ou programmés. Je cultive un optimisme marqué quant aux perspectives du marché boursier. Toutes les conditions sont réunies pour en faire un levier majeur du financement de l’économie tunisienne, pour peu que toutes les énergies et les forces vives puissent librement évoluer pour en assurer le succès. Nous avons besoin de sortir des sentiers battus et devons être prêts à revoir nos orientations et choix pour les adapter aux besoins en perpétuelle évolution de notre économie.
K.Z.
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