Ah ces listes qui mettent les partis sens dessus-dessous !
Démissions en chaîne, pétitions, déclarations tonitruantes sur les ondes : à mesure qu’on se rapproche de la date de dépôt des listes électorales (22 aout), les contestataires mettent les bouchées doubles pour amener les états-majors à réviser leurs choix, faute de quoi, ils menacent de rejoindre d’autres partis ou de présenter des listes dissidentes. Un petit parti a saisi l'opportunité que lui offrait cette situation. Il a ouvert ses bras à tous les dissidents dans le cadre d'un front fantomatique.
Nidaa Tounès a été la première à dévoiler les noms de ses têtes de liste dans une tentative de mettre ses adhérents devant le fait accompli. Mal lui en a pris. La polémique n’a fait qu’amplifier dans les régions, notamment à Zaghouan, Sfax et Nabeul, mais surtout à propos de la désignation de Hafedh Caïd Essebsi, fils du président du parti, tête de liste à Tunis 1. Ne mâchant pas ses mots, Faouzi Elloumi, l’un des principaux dirigeants de Nidaa et qui convoitait lui-même cette place a déclaré que HCE ne devait sa désignation qu’à sa qualité de fils du président du parti. Enfonçant le clou, il s’en est pris à ce dernier lui reprochant d’avoir pris cette décision contre l’avis de la direction du parti.
Mais les remous ont aussi gagné les autres partis y compris Ennahdha connue pourtant pour la discipline de ses membres. Actuel président de la commission des finances, de la planification et du développement à l’ANC et membre du conseil de la choura, Ferjani Doghman n’a pas apprécié qu’il soit relégué en troisième position sur la liste de la circonscription de l’Ariana dont il avait été tête de liste en 2011, s’en prenant à Sahbi Atig, son successeur : « ce n’est pas avec lui que le parti va évoluer ». Le front populaire ainsi qu’Ettakattol ne sont pas mieux lotis, n'arrivant pas à boucler leurs listes à deux jours de la date-butoir. Mais les partis ne sont pas au bout de leurs peines. Car il faudra s'attendre à d'autres contestations pour les troisième et quatrième places.
Dans ce tohu-bohu, on est bien en peine d'entendre la moindre allusion aux programmes électoraux des partis. On touche ici du doigt l'une des fragilités de la jeune démocratie tunisienne. Les élections sont perçues par les acteurs politiques comme une simple compétition où il faut remporter le maximum de sièges possibles alors qu'il s'agit d'une opportunité pour engager un débat d'idées sur les principaux défis auxquels le pays est confronté. On comprend mieux la violence des réactions des candidats non retenus comme si le ciel leur tombait dessus et les menaces de démission ou de dissidence brandies au moindre désaccord. C'est bien de remporter une élection, mais pour quoi faire.
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